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«Il
nous faut remplacer la culture de «avoir» par celle de «être». (Pr Chems Eddine Chitour)
Lors d'un récent débat sur une chaine télévisuelle nationale portant sur l'Islam et l'environnement, le Pr Chitour qu'il n'est nul besoin de présenter, aborde la problématique de la préservation de l'environnement comme une très ancienne préoccupation de l'humanité depuis la Genèse jusqu'aux hadiths du Prophète de l'Islam (Asws). A ce titre, il évoque le plus répandu d'entre eux : «Irhamou ma fi al ardhi, yarhamoukoum men fi smaa !». (Soyez cléments avec ce qui est sur terre, Celui qui est aux cieux le sera envers vous). Il est, probablement l'un des rares intellectuels qui, en dehors de son savoir académique, peut s'adresser aussi bien au doctorant qu'au marchand de fruits et légumes. Ce dernier est autant interpellé par l'altération de la couche d'ozone que le reste de l'humanité. A ce titre, en lui posant la question sur la provenance du melon qu'il exposait à la vente, il apprenait qu'il venait du Brésil et que son prix est de 400 DA/kg. Pourquoi, importe-t-on à un tel prix ce produit alors que le nôtre est aussi bon et plusieurs fois moins cher. Avec cette importation aussi lointaine, je participe, sans me rendre compte, à plus de production de CO2 dans l'atmosphère, dira-il au marchand. Cette approche pédagogique qui laissera sceptiques, certainement, plus d'un, est probablement le maillon qui manque à notre démarche didactique tâtonnante. Ceci nous renvoie au défunt président Bourguiba qui s'adressait tous les matins à la population à travers les ondes radiophoniques, pour lui rappeler comment doit-on traverser la rue ou comment se tenir en public. Nous raillions ce leader politique pour ce nous prenions, naïvement pour des fadaises. Le temps lui a donné raison. Pour revenir au melon du Brésil, M. Chitour continuera pour dire : Notre problème majeur réside dans le mimétisme. Nous copions le mode de consommation du monde occidental sans pour autant être présents dans la production scientifique ou dans la participation à l'apport universel. Et c'est là toute la différence entre les sociétés laborieuses et celles qui vivent de rente. Avec la chute des prix des matières énergétiques, peut-on continuer à consommer du kiwi, ce fruit exotique qui ne faisait pas partie, jadis, de nos habitudes alimentaires ? Sans perdre son âme, on peut bien imiter l'Occident dans ce qu'il a de noble et de généreux, mais nous devons rester sobres. La sobriété était l'un des particularismes de notre ancrage identitaire. Quant à la préservation et la promotion de notre environnement, ces actions ne peuvent être sous-tendues que par le seul développement humain durable. Ce dernier participe aussi bien de la grande œuvre que de la généreuse intention du colibri, ce minuscule volatile exotique, qui tentait d'éteindre le feu de forêt avec le contenu de son bec rempli d'eau. Il apportait sa part, disait-il, dans la fable. L'utopie est cette grande œuvre dans la construction des sociétés humaines. Nous avons eu de grandes utopies telles que le barrage vert ou encore la route transsaharienne qui, malheureusement, trébuchèrent en si bon chemin. A ce titre, nous avons été les précurseurs en Afrique. Cette Afrique qui vient de lancer une ceinture verte allant du Sénégal à Djibouti et financée à hauteur de 9 milliards de dollars US. Soyons, diplomatiquement parlant, agressifs pour obtenir des financements africains pour de telles entreprises de grandes portées environnementale et économique à la fois. Sur le plan interne, on peut aisément imaginer un processus où chacun des 8.000.000 d'élèves scolarisés planterait son arbre annuellement. Ce sera des millions d'arbres plantés chaque année. Et c'est là ou l'apprentissage de «être» prévaudra sur celui de «avoir». Nous ne le répéterons jamais assez, dira l'invité de l'émission, le développement durable ne peut être réalisé que par la ressource humaine formée. A ce propos, nous formons bon an, mal an plus de 300.000 diplômés et c'est ainsi que leur nombre total a atteint les 4.000.000 d'individus depuis l'indépendance de notre pays. Où sont-ils ? Ce capital est à mettre à contribution pour la construction d'une économie du savoir. La superficie du territoire national, comme tout le monde le sait, avoisine les 2.400.000 km2 ; la majorité de la population, soit 36.000.000 d'âmes,, occupe une bande d'à peine 400.000 km2, alors que le reste est clairsemé. Notre avenir est dans le Sud, où les réserves en eau sont profuses et la terre encore vierge. L'axe In Salah-Tamanrasset (750 km) est à lui seul capable d'abriter 3 ou 4 nouvelles villes. L'agriculture, ce pétrole vert, gagnerait à s'approprier au plus vite les techniques culturales induites par les nouvelles technologies. Quant à nous, nous ne terminerons pas le propos sans remercier le Professeur Chitour, pour cette belle leçon de choses ! Au moment de clore cet écrit, voilà qu'une station radiophonique nous ramène à cette triste réalité qui contrevient à tout ce qui vient d'être développé. Un micro-trottoir restitue dans toute sa nudité le brouhaha fait autour de la distribution de carburants dans une station-service. La bousculade est l'œuvre de cette « Génération Naftal-Rassurage » selon le néologisme de Hakim Laâlam. Et ceci ne se passe, généralement, qu'à la capitale, capitale censée donner l'exemple au reste du pays. Il y a comme une volonté délibérée de ne pas se départir de cette phobie de la pénurie des années 70. Et ce sont les services publics eux-mêmes, à travers les médias, qui créent la prédisposition à la panique. A la veille de chaque événement, qu'il soit de nature religieuse ou commémorative, on rassure la population sur la disponibilité des produits de première nécessité comme si le pays allait, inéluctablement, vers un blocus alimentaire restrictif d'où cette fébrilité à surstocker et là, bonjour la vraie pénurie ! |