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«Un Lannister paie
toujours ses dettes» Trône de fer.
Depuis de nombreuses années, la Grèce émarge à la rubrique «clients insolvables» des banques. L'actualité critique ne procède d'aucune nouveauté. Elle montre seulement que cet état confine aux limites. Les images attachées à ce pays (si on laisse de côté l'Antiquité et le Tourisme insulaire) sont simplistes comme le sont les caricatures. Voilà un peuple de paresseux et de fraudeurs qui est entré en Europe clandestinement, par effraction, en quelque sorte, en trafiquant sa comptabilité. Un peuple égoïste qui, au lieu de s'attacher à honorer ses engagements et de se mettre au travail, préfère compter sur les autres Européens pour payer ses dettes et pour lui assurer un niveau de vie qu'il ne mérite pas. Le bazar a le dos vaste et large. Il héberge, sous les dehors de la liberté offerte aux acteurs, l'informel qui ronge les économies et les sociétés. Il accueille, aussi, les psychologues et les anthropologues à la petite semaine qui mettent de l'ordre dans les taxons, hérités du XIXème siècle des zoologues et des botanistes, en règnes, en classes, en espèces et en sous-espèces. Ces images de la Grèce courent depuis longtemps, des plateaux de télévision aux « unes » des tabloïdes, en passant par le complexe rhizome de la Toile. Elles ne concernent pas, seulement, la Grèce. Ce sont tous les pays des rives sud de l'Europe qui sont enfermés dans ce vieux « modèle » qui traverse les siècles, depuis la « Renaissance». Au «Nord» les hommes vertueux, besogneux, générateurs de richesses et, au «Sud», un bric-à-brac de civilisations obsolètes, de rhéteurs ergoteurs périmés, de baudruches inaptes à l'intelligence contemporaine, incapables de la moindre prise sur leur destin, des écornifleurs enclins à la rapine. Pour comprendre le sort qui sera fait à la dette grecque, il y aurait erreur à négliger ces stéréotypes qui habitent les négociateurs et modalisent leurs décisions. En réalité la Grèce ne relève ni des experts en litige financier ni des ethnologues du dimanche. Savoir si la crise grecque est d'abord une question financière ou, au contraire une question de nature politique, au sens péjoratif du mot, pour deux raisons opposées, n'a pas grand sens. D'abord parce que cette question trouve une première réponse aux origines mêmes de la construction de l'Euroland : l'euro est l'objet d'une banque indépendante des politiques, fonctionnant et arbitrant selon des règles explicites, par des techniciens expérimentés, juridiquement, en principe hors de portée des gouvernements. Ensuite, parce que l'ordre politique n'est jamais subordonné à l'ordre technique. Un gouvernement de technocrates demeure comme tous les ordres, un ordre politique. Toute tentative de neutraliser et de subsumer le politique dans le technique est vaine. La crise grecque est et demeure une crise politique. La finance est une autre manière de faire, de se mêler des rapports de pouvoir et, c'est encore plus pertinent pour la Grèce, du pouvoir organisé dans l'espace. La préciosité et la sophistication (souvent économétrique) des arguments et des langages masque des partis pris, ordinairement, idéologiques. Il arrive quelques fois que se concentre en une crise, en un lieu, en un temps, la maturation d'une multitude de conflits non résolus et de tentions multidimensionnelles. C'est le cas de la Grèce, au cœur d'un conflit de première grandeur qui dépasse le cadre de l'Euroland, de l'Union européenne et même celui de la Méditerranée orientale. La plupart des faits rapportés ici et leur analyse sont connus. Ce qui a suit vise à récapituler les événements et les lier pour en proposer une vision plus globale. Pour comprendre ce qui se passe et - peut-être - ce qui va se passer. Lundi 22 juin le Sommet des 19 pays de la zone «Euro» arrive en une ultime séance d'urgence avant rupture. Toutes les réunions précédentes depuis le début de l'année, jusqu'à celle de l'Eurogroupe de la semaine précédente ne sont pas parvenues à démêler l'écheveau inextricable des conditions posées par la Grèce et ses créanciers au remboursement de la dette de ce pays. Mais ce ne fut qu'un répit de courte durée. Les marchés, en s'enflammant, au matin, avant même le début de la réunion de la fin de l'après-midi, prenaient leurs désirs pour des réalités. Vendredi 26 le gouvernement grec, a fini par être, définitivement, convaincu que le but réel des négociations était de réduire le parti au pouvoir à Athènes en une contradiction insupportable: - Ou il acceptait les conditions de ses créanciers, mais alors il reniait le programme sur lequel il avait été élu, reconduisant ainsi la politique menée, sans aucun état d'âme par les gouvernements antérieurs (socialiste et conservateur, acceptée par d'autres pays européens et non européens)[1]; - Ou il refusait de mettre en œuvre ces « réformes structurelles » dans ce cas, il assumait toutes les conséquences de ce qui pouvait advenir, en l'occurrence une sortie prévisible de l'Euroland, de faco ou de jure. Le contentieux porte sur la part d'économie budgétaire que le gouvernement grec devait consentir. Cette question est sur la table, depuis bien avant l'arrivée de l'exécutif actuel. C'est sur ce point que les négociateurs (les représentants de la Troïka ? UE, Commission, FMI - et le Premier ministre grec) s'étaient séparés, le 14 juin, sans aboutir à un accord. Même résultat que pour le 31 mars dernier : les discussions engagées ont, aussi, échoué à Bruxelles entre les représentants de la Grèce et ceux de ses créanciers. La Grèce doit rembourser le 30 juin 1,6 Md euro de prêts du FMI, échéance qui ne peut être honorée sans le versement de 7,2 Mds euro par la BCE, suspendu depuis l'été dernier, lié à un accord sur une série de réformes entre les créanciers et le gouvernement grec dirigé, alors, par l'ancien Premier ministre Antónis Samaras[2]. La dette grecque se monte à 313 Mds euro, en 2014, représentant 175% de son PIB. 240 Mds euro euro ont été accordés, depuis 2010, à la Grèce pour alléger son fardeau. En échange de mesures d'austérité. Les créanciers, UE et FMI, réitèrent, à peu près, tous les jours des propositions qui tournaient, invariablement autour d'une constante : une prolongation de cinq mois du programme d'aide: 15,5 Mds euro de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), toujours en contrepartie de réformes et de mesures d'économies budgétaires. Ce plan prévoyait une aide immédiate d'1,8 milliard d'euros pour faire face à ce que la Grèce doit verser au FMI. Le reste serait déboursé au cours de l'été. Les Grecs ont répliqué, tout aussi invariablement: la prolongation était trop courte, le montant insuffisant et les conditions inacceptables car trop sévères et incompatibles avec ce qu'ils estiment être les conditions nécessaires au développement économique de la Grèce. Le problème est que ce traitement de la dette contre réformes est en cours depuis de nombreuses années. Le gouvernement grec actuel a été élu, précisément, parce que cette politique a échoué et ne permet, affirme-t-il, ni la croissance économique ni la réduction de la dette, bien au contraire. LE GAMBIT DU FOU «Les lieux de pouvoirs réels ne sont plus démocratiques et les lieux où s'exerce la démocratie n'ont plus réellement de pouvoir » Régis Debray. Devant ce dilemme, le Premier ministre grec prend alors une décision étonnante qui a pris tout le monde de court : puisque les négociations sont bloquées, que le peuple grec décide souverainement des conditions que ses créanciers lui imposaient, en contrepartie de leur soutien financier. Habile, mais risqué (Alexis Tsipras ne se contente pas de poser la question, il propose aux Grecs de voter « non »), le référendum programmé pour le 05 juillet place, officiellement, le débat sur une terrain inhabituel et à une hauteur qu'il n'avait, au fond, jamais véritablement quittée. Pour A. Tsipras, il devenait, de plus en plus, clair et explicite que c'était bien un procès politique qui était fait au gouvernement grec. Et c'était bien Syriza que les créanciers voulaient éjecter du paysage politique européen. La gestion de la dette et ses problèmes n'était que la partie apparente de l'iceberg. Ce coup de poker repose sur le pari que si la prochaine consultation était effectivement organisée, les créanciers seront mis en face de leurs responsabilités. En l'occurrence, toutes les cartes seront renversées sur la table et ils n'auront plus affaires à un gouvernement « incompétent » ou « doctrinaire », mais directement au peuple grec. Les stratèges qui se tapissent derrière les banquiers et les experts, voire derrière les politiques (ministres et chefs d'Etat, toute théorie complotiste mise à part), sont toujours très mal à l'aise face aux conséquences de leurs décisions, quand celles-ci sont mises sur la place publique. Incidemment : c'est sur ce point que repose, pour une part, l'opposition de certains politiques et partis français aux institutions de Vème République qui imposent les négociations entre les deux tours de scrutin devant les électeurs et non entre soi, dans un suffrage proportionnel qui fait et défait les cabinets dans les coulisses.[3] La démocratie directe. Tous les gouvernements libéraux d'Europe (de «gauche » ou de droite) se sont jurés, après le fiasco du Projet de Traité constitutionnel européen, en mai 2005) qu'on ne les y reprendra plus.[4] A 18, donc sans les Grecs (déjà ?), l'Eurogroupe décide de rompre les négociations tout en accusant la partie grecque de l'avoir, unilatéralement, provoqué en annonçant par surprise la tenue du référendum. L'opposition grecque qui se frottait les mains dans les coulisses, attendant le moment favorable pour revenir sur scène, se trouve fort marri et n'a pas tardé à protester, avec véhémence, contre ce qu'elle tient pour un coup tordu. Makis Voridis, du Parti Nouvelle démocratie, M. Samaras, ancien Premier ministre du même parti, Andreas Loverdos du PASOK, voire Spyros Lykoudis, député du parti de centre-gauche Potami se sont associés pour contester l'opportunité et la pertinence de la consultation. En effet, quelle que soit le résultat de la consultation, le gouvernement grec ne pourra que constater et saluer la libre expression du peuple. Qui songerait, alors, à lui imputer l'issue d'une démarche respectueuse de la souveraineté populaire, précisément, concernant des tractations qui engagent l'avenir du pays et de sa population très affectée par ces contraintes depuis 2010 ? Anticipé ou pas par les créanciers, le référendum dont on peut, facilement, deviner la portée, éprouve les capacités de négociations des protagonistes, introduisant, encore plus d'inconnue dans une équation déjà très complexe. - Ou bien le peuple grec refuse les conditions de la Troïka. Celle-ci aura beaucoup de difficultés à défendre l'image d'un peuple grec otage de ses gouvernants « gauchistes infantiles et incompétents ». Si les créanciers passent outre, ils confirmeraient les images, de la BCE et de la Commission, des «technocrates froids, calculateurs, cyniques et oppresseurs des peuples». Il restera à savoir si la Grèce pourra ou voudra demeurer dans l'Union européenne? - Ou bien, il réaffirme son appartenance à l'Eurogroupe et veut bien en payer le prix. Le gouvernement grec devra en tirer les conséquences. Des élections anticipées deviendraient, alors, logiquement inévitables. On ne peut consulter le peuple et lui demander son soutien sans tirer les conclusions qui s'imposent lorsque celui-ci les refuse. A. Tsipras brouille encore les cartes dimanche 28 juin. Tout en recommandant le vote négatif, il ajoute dans un entretien accordé à «Bild» dans son édition de lundi, que si les institutions présentaient de nouvelles propositions et qu'elles étaient «bien meilleures» que celles de jeudi, «nous pourrions, à tout moment, changer notre recommandation et proposer aux électeurs de les accepter». En attendant, la décision des Européens, alléguant que le référendum projeté s'était décidé sans leur aval, de rompre les négociations et de retirer le soutien de la BCE, aux banques grecques qui se retrouveront, rapidement, insolvables, prennent, là, un grand risque. Risque qui a hanté les négociateurs et les commentateurs, tout au long de la crise. Aussi bien devant les Grecs que devant les autres Européens inquiets de ses effets sur les autres pays, parmi les plus fragiles, et sur les marchés financiers européens et mondiaux.[5] Sans doute, les Européens ont cogité, depuis longtemps, de nombreuses variantes de «plans B». Mais il est peu probable, tant la question est complexe, qu'ils aient pu imaginer et maîtriser les nombreuses facettes de cette affaire qui dépasse un simple problème de surendettement ou les limites géographiques de l'Euroland. Naturellement, le référendum ? instrument de négociation à géométrie variable, attention aux effets boomerang ! - pourrait aussi ne pas être tenu. Un jeu de poker menteur[6] Pour souligner le désarrois général, un exemple simple: dès l'annonce du référendum, les Européens le contestent, un peu comme on conteste une manœuvre imprévue d'un adversaire que l'on accuserait de tricher. On a sorti les Tables de la Loi en prétextant que la consultation ne peut avoir lieu pour des raisons légales : le temps donné aux électeurs et aux observateurs internationaux n'est pas suffisant. Ce recours sonnait comme des réserves (des atouts) ménagées en vue d'une éventuelle contestation ultérieure du résultat de la consultation. C'est de bonne guerre. Mais le 1er juillet, lorsque Tsipras avançait l'idée d'une reprise des négociations qui rendrait la tenu du scrutin sans objet, c'est Mme Merkel, suivie cahin-caha par les autres membres de l'eurozone, qui repousse la proposition grecque: «vous avez voulu ce référendum, ce n'est pas très légal mais nous l'acceptons et vous l'aurez !». ETONNANT NON ? IRONISERAIT LE PETILLANT FEU PIERRE DESPROGES Cet épisode arrive comme un ultime assaut (sûrement pas le dernier) d'un jeu de chat et de souris qui dure depuis 2010 et de manière plus aiguë, depuis janvier 2015. Ce qui surprend c'est l'entêtement des acteurs en présence à ne pas discerner l'impasse structurelle dans laquelle ils s'enfermaient. Dès le départ, avec des principes et des arguments échangés de manière de plus en plus rigide, la situation, peu à peu, se bloquait. Pourtant, Athènes n'a pas été, totalement, insensible à la pression de ses interlocuteurs. Loin de fuir ses obligations, le nouveau gouvernement à Athènes s'est appliqué à discuter avec ses créanciers non le refus de les honorer, mais les conditions de leur remboursement. Du point de vue purement technique, le problème financier grec ne constitue pas un problème insurmontable. Les créances grecques sont négociables. Mais la Troïka ne pouvait céder au gouvernement grec. Cela, pour un certain nombre de raisons qui n'ont pas, directement, à voir avec la situation financière de ce pays. Si la Grèce était une banque privée (General Motors, par exemple) elle aurait été sauvée comme l'a été, dans des conditions similaires, le système bancaire privé intoxiqué par le subprime, en 2007. - En février, Yanis Varoufakis, le tout nouveau ministre grec des Finances partait en tournée pour convaincre ses créanciers à travers le monde et leur faire proposition originale : transformer la dette du pays en deux types d'obligations : une dette dont les remboursements évolueraient en fonction de la croissance du pays et des obligations perpétuelles. Cette technique qui a été utilisée par de nombreux pays, la Grande-Bretagne, par exemple, présente au moins, un avantage, ici décisif. Pour une obligation perpétuelle, donc sans échéances, le débiteur ne rembourse pas le capital mais seulement ses intérêts. Pour les créanciers, ces obligations sont, aussi, intéressantes car, au bout d'un certain temps (souvent plusieurs dizaines d'années), le montant total des intérêts versés dépasse le montant prêté. D'un point de vue purement comptable, il n'y a pas de défaut sur la dette. En revanche, il faut beaucoup de patience aux investisseurs avant de récupérer leur mise initiale, d'autant plus si le taux d'intérêt accordé est bas. Naturellement, du refus d'une indexation d'une dette sur un taux de croissance (logiquement pourtant car la création de richesses facilite le règlement de la dette), on peut déduire que les créanciers n'y croyaient guère. Mais alors pourquoi enfermer un pays dans un endettement perpétuel, alors qu'on doute de sa solvabilité ? Les truands, au cours des années noires de la prohibition, aux Etats-Unis, usaient, sans vergogne, de pratiques similaires. Les malfrats de l'extorsion de fonds d'alors ne visaient pas seulement la richesse, ils voulaient surtout exercer un pouvoir et subordonner les débiteurs. - La Grèce a par ailleurs exprimé son accord sur les objectifs d'excédent budgétaire (hors dette) souhaités par les créanciers pour cette année (1%) et l'an prochain (2%), ce qui était un gros point d'achoppement. Initialement les Grecs n'avaient pas voulu dépasser 0,6% et 1,5% respectivement. (AFP le 15/06/2015 à 18h25) D'autant plus facilement, d'ailleurs, que Athènes, contrairement à Paris, par exemple, est en excédent primaire (solde budgétaire défalqué du service de la dette). La Grèce a dégagé un excédent primaire (hors solde budgétaire des organismes de sécurité sociale et des collectivités locales) de 1,51 Md euro au cours des cinq premiers mois de l'année, bien mieux que le déficit prévu. Précisément depuis l'arrivée du parti Syriza au pouvoir. De manifeste mauvaise foi et de parti pris, certains doctrinaires polémistes mettent ces résultats au crédit du gouvernement précédent, taisant le blocage des négociations pour l'octroi de nouveaux crédits, depuis l'été. En effet, la question est en débat depuis plusieurs mois, avec les anciens dirigeants. La Grèce attend toujours les 7,2 milliards d'euros promis par ses créanciers, en contrepartie des réformes d'austérité que même les autorités antérieures tardaient à mettre en œuvre. DE CES CONTRAINTES, LE GOUVERNEMENT TSIPRAS N'A FAIT QU'EN HERITER Cela ne réduit pas la responsabilité formelle du gouvernement grec. Quelles qu'aient pu être les causes originelles des déficits et des dettes, un Etat de droit assume ses actes et la signature des gouvernements précédents. Mais celui-ci ne peut-il en espérer une plus grande aménité de la part de ses partenaires ? Sa démarche peut être, d'autant plus, recevable qu'il n'est en rien responsable de l'endettement du pays, avant janvier 2015 (sous l'administration des conservateurs et des socialistes et sous le contrôle de la Troïka). Il ne cherche pas à se dérober. Il demande juste un réaménagement de sa dette pour soulager une économie et une population qui subit une très sévère cure d'austérité[7]. Interrogé sur l'antenne de la BBC, Yanis Varoufakis persistait à ne pas croire que les partenaires européens de la Grèce laisseraient son pays sortir de la zone euro. " Je ne pense pas qu'il y ait un seul responsable européen sensé qui souhaite prendre ce risque ", a-t-il affirmé. Interrogé pour savoir s'il estimait que l'Union européenne et le Fonds monétaire international " bluffaient " dans les négociations, il a ajouté : " J'espère que c'est le cas. "[8] Pourquoi un pays qui pèse moins de 2% du PIB européen inquiète tant et dont les déficits et la dette (un pourcentage infime de la dette mondiale) menaceraient la stabilité financière de l'Euroland et du monde ? Pourquoi alors ne parvient-on pas à un compromis honorable entre les partis ? LA MONTEE DES ENCHERES Les pressions ont commencé très tôt. Par exemple via les agences de notations au service des créanciers, mais aussi d'une politique. 27 mars 2015. L'agence Fitch abaisse la note de la dette grecque de deux crans, à " CCC ", associée à des " risques élevés ". 30 juin. L'agence de notation Standard and Poor's suit le mouvement et annonce avoir placé en "défaut partiel" les quatre grandes banques grecques en raison de l'instauration d'un contrôle des capitaux dans le pays pour enrayer une fuite massive des capitaux.[9] Les négociations se dégradent vite en une petite cuisine. Les créanciers s'immiscent dans les moindres recoins. QUI ACCEPTERAIT DE SI HUMILIANTES CONDITIONS ? Un exemple : compte-rendu des " négociations " du 10-11 juin derniers : ses créanciers, demandent à Athènes de trouver 3 milliards d'euros en 2015, afin d'atteindre un excédent fiscal primaire (hors intérêt de la dette) de 1% du PIB en 2015, à porter à 3,5% en 2018. Parmi les outils pour y parvenir, une réforme des taux de TVA, à 11% pour médicaments, alimentation et hôtellerie, et 23% pour le reste. Pour éviter la rupture, la Grèce s'est déclarée désormais prête à " discuter " de cet objectif. Le gouvernement grec avait d'abord proposé un excédent de 0,60%, qu'il a déjà accepté de porter à 0,75%. Athènes qui insiste sur une taxation plus socialement ajustée propose 6% pour les médicaments, 11% pour la nourriture, l'électricité et l'eau, et 23% pour le reste. Un possible relèvement du taux de 11% à 12% est désormais sur la table, tandis que la question de coupes supplémentaires dans les dépenses de défense est avancée côté européen. Athènes prévoit aussi d'augmenter les impôts pour les revenus supérieurs à 30.000 euros par an et de taxer les licences télévisuelles. ET LES RETRAITES A REDUIRE ? Pour les créanciers, le régime de retraite grec doit être mis à l'heure du " zéro déficit ", via des coupes dans les dépenses de 450 à 900 millions d'euros en 2015 et de 1,8 milliard en 2016. Ils prescrivent de limiter les retraites anticipées, de faire payer plus cher les soins de santé aux retraités et de supprimer une prime de soutien à ceux touchant moins de 700 euros, par mois de pension.[10] Pied à pied, la Grèce négocie avec ses huissiers, des " fermiers généraux " impitoyables, une machine à calculer à la place du cœur, une autre dans le cerveau, qui tâtent la bête, reniflent les fonds de tiroir, toisent ses capacités à raquer sans irréversiblement défaillir et taillent des croupières. L'important est que le débiteur demeure vivant et crache ce qu'il a emprunté. Derrière la civilité des postures et les sourires contraints dédiés aux caméras, se cache en réalité une terrible violence qui perce, de temps à autres, lorsque les négociateurs perdent leur sang-froid. Certes, personne n'est dupe : les relations internationales sont affaires d'intérêt, pas une joute de gentlemen's. Quelques exemples glanés au cours de ces longues nuits de fers croisés et de combats de requins au cours desquels tous les coups sont permis. La technique la plus éprouvée est celle des " petites phrases " lancées de manière calculée aux journalistes, comme des os jetés à la meute. La reddition grecque tarde, les pressions se font plus pressantes. - 11 juin. " Nous avons besoin de décisions et non plus de négociations. A mon sens, le gouvernement grec doit se montrer un peu plus réaliste, ce n'est plus le moment de jouer ", a affirmé M. Tusk, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. " J'ai peur qu'à un moment, quelqu'un siffle la fin de la partie ". Que de sous-entendus et de menaces ! - le 15 juin. " La balle est dans le camp des Grecs ". " Il tient maintenant uniquement à la partie grecque de répondre aux propositions généreuses des institutions ", martèle Martin Jäger, le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, lors d'une conférence de presse régulière à Berlin. " Le temps est compté ", ajoute M. Jäger. - Le 16 juin. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne ose déclarer lors d'une conférence de presse : " Je ne me soucie pas du gouvernement grec, je me soucie du peuple grec ", accusant au passage Tsipras de désinformer ses concitoyens sur l'avancement des négociations. Les amis de la Grèce se comptent sur les doigts d'une seule main. - 17 juin. Par-delà le vacarme médiatique monocolore, tout entier voué à la condamnation du gouvernement grec, on peut distinguer des sons de cloche différents qui présument que l'unanimité affichée par les Européens découle d'une contrainte redoutable? Regrettant le climat actuel, le chancelier autrichien Werner Faymann, fait un autre constat et tire une autre conclusion : " Je me tiens au côté du peuple grec, qui, dans une situation difficile, se voit proposer autant de solutions qui sont néfastes pour la société ". 30 juin. - La Turquie opportuniste, bien après le début de la bataille, critique le sort fait à son voisin et lui propose son aide. " Nous voulons que la Grèce soit forte (...) nous sommes prêts à aider la Grèce à se sortir de la crise économique en coopérant dans le tourisme, l'énergie, le commerce ", déclare le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, lors d'un discours devant les députés de son parti. (AFP le 30/06/2015 à 13:46) - 26 juin. Un sommet a, cependant, été atteint et franchi dans l'indifférence générale lorsque le ministre Yanis Varoufakis avait été proprement mis à la porte de la réunion de l'Eurogroupe et " prié par ses pairs de partir " (Le Parisien du 27 juin).[11] Une dette, ça sert à quoi ? La dette n'a au fond jamais été une question bancaire ou budgétaire. Ce n'est pas affaire de comptables et ou d'experts ès finances. Le surendettement des Etats et des particuliers est une affaire éminemment politique de contrôle des individus et des collectivités. Avant l'arrivée du parti Syriza au pouvoir en Grèce, les principales préoccupations portaient sur la préservation des intérêts des banques privées qui s'étaient copieusement enrichies dans leurs transactions avec une succession de gouvernements corrompus qui ont endetté leur pays et se sont assurés des rentes solides dans des paradis fiscaux, laissant la factures à leurs concitoyens. C'est une pratique très ordinaire dans les pays pauvres et ainsi appauvris, un peu plus cosmétiquement policée - mais il faut le dire vite - dans les Etats qui se disent de droit. Depuis le XIXème siècle, la règle du capitalisme financier est claire : " on privatise les profits et on collectivise les dettes. " On passe ainsi d'une dette privée à court terme à une dette publique à long terme. Peu des joueurs sont invités et réduits à prendre leurs pertes. Contrairement aux sagas et aux fables que l'on enseigne aux potaches et que l'on distille aux benêts, le capital (et cela est plus vrai de la finance que de l'industrie) a une sainte horreur du risque au nom duquel, par ailleurs, il légitime la part la plus élevée possible des richesses collectives qu'il privatise. L'« étude du risque» n'est pas, seulement, une démarche rationnelle qui optimise l'affectation des ressources. C'est un réflexe pavlovien. Là aussi, la règle de l'agioteur est limpide, historiquement vérifiable : " ne jamais engager une bataille qu'on n'est pas certain de remporter. " Et même se débrouiller pour gagner avant même de jouer. L'Empire britannique et les Compagnies coloniales en ont fait une devise fondatrice. On dénonce, régulièrement, l'incompétence de l'administration publique qui dilapide les ressources communes et l'impôt confiscatoire arraché aux créateurs de richesses (les médias et les partis conservateurs font leur choux gras des comptes-rendus de la Cour des Comptes), mais on fait, largement, l'impasse sur les catastrophes de la gestion privée : dettes, déficits, faillites, licenciements? sont expliqués par la conjoncture, l'excès de prélèvements obligatoires, les réglementations? Le capitalisme charrie une théorie de mythes tenaces : une multitude des joueurs sur un marché libre, arbitré par un " gendarme " équitable et sourcilleux, une formation des prix imprévisible, une compétition loyale garante de la croissance, une prospérité, pour tous, à terme, un " désordre " créatif et une retombée inépuisable d'innovations? QUI DIT QUE LA BCE NE FAIT PAS DE POLITIQUE ? Un exemple de parti pris politique de la BCE, réputée vierge de tout engagement partisan, seulement déterminée par la gestion rigoureuse des intérêts de l'Euroland et la défense de sa monnaie? Depuis le mois de février, la Grèce vit sous régime de perfusion conditionnelle, une épée au-dessus de sa tête. Jusqu'au mois de janvier, elle bénéficiait d'un accès facile à des liquidités pour assurer aux banques grecques leur soutien à l'économie. Il permettait d'emprunter auprès de la BCE à taux très bas, comme les autres banques de la zone euro, et ce, même si elles n'étaient pas en mesure d'apporter les garanties nécessaires. Ce régime de faveur était proposé à la Grèce, alors que son programme d'aide en vigueur depuis 2012 était en négociation et n'avait pas encore été formellement convenu. Cependant, dès le mois de février et l'arrivée de Syriza au pouvoir, la BCE met un terme à ce régime de faveur des banques grecques. Les banques grecques n'avaient pas plus, alors, qu'une possibilité : les prêts ELA (Emergency Liquidity Assistance), des prêts d'urgence pour faire face à des besoins ponctuels, accordés au coup par coup, mais qui ne sont destinés qu'aux banques solvables et seulement à des pays qui ont souscrit à un programme d'aide scrupuleusement validé. Aujourd'hui, toujours, sous des prétextes techniques, après avoir interrompu en février l'accès aux emprunts aux banques grecques, il est question de supprimer, totalement, les prêts ELA[12]. Ce qui achèvera d'étrangler la Grèce, pour, sans doute, dans un premier temps l'obliger de revenir à la table de négociation afin d'accepter les conditions des créanciers. A défaut, de la contraindre à frapper sa propre monnaie, ce qui revient à l'exclure de l'Euroland. Pour peser davantage sur Athènes et sur le vote des Grecs, créditant l'idée de chantage dont elle se dit victime, l'agence Moody's, après Fitch et S&P, abaisse, mercredi 1er juillet, la note de la dette grecque (à " Caa3 ", à un cran de la catégorie " défaut de paiement imminent "), en pointant du doigt le " risque supplémentaire " que le référendum prévu, dimanche, ferait peser sur les créanciers privés du pays. Naturellement, ces éminents experts ne font pas de politique. Beaucoup s'étaient interrogés sur la présence du FMI, dans le tour de table, devant traiter la dette grecque. Certains l'avaient même contesté : L'Europe suffit ses propres besoins de financement. De plus, le poids du FMI dans les créances grecques est marginal. Toutes les demandes grecques de ne plus avoir affaire qu'à des interlocuteurs européens, ont reçu une fin de non-recevoir. LE FMI : UNE " RESPONSABILITE CRIMINELLE " " Dans un monde de gangsters, il faut bien qu'il y ait un receleur " Alexandre Sanguinetti (Ancien secrétaire général de l'UDR) En vérité, le Fonds est au cœur de cette affaire, à plus d'un titre. C'est lui qui ordonnait le mode d'emploi, aussi bien dans ses aspects techniques que dans les modalités, les objectifs et les limites aux négociations. Il est le garant d'une politique internationale, en vigueur, depuis 1944. La BCE et la Commission ont abandonné la philosophie générale - recherche patiente du consensus, empreinte de compromis et de solidarité - qui a présidé à la construction européenne et se sont alignés sur le Fonds empruntant son approche, ses méthodes, son langage et ses partis pris politiques. Le FMI et la Commission ne s'en cachent, d'ailleurs, pas. Le tandem FMI-BCE (Lagarde-Draghi [13]) a très bien fonctionné. Les nuances sont affaire de styles. Barroso, le président précédent de la Commission était plus en pointe pour la défense d'une Europe libérale. La nouvelle équipe agit de manière plus fine et plus " diplomatique ", " behind " à la mode Obama qui n'a en rien rompu avec les choix de son prédécesseur. Sur le dossier grec, la Commission a tenté, à maintes reprises, de jouer le peuple grec contre son gouvernement. Ce n'est la première fois qu'il est reproché au FMI une action de nature politique et idéologique qui dépasse le cadre technique strict dont il fait pétition. Dans la crise en cours, nombre d'observateurs ont remarqué que le FMI a, fréquemment, bloqué des avancements vers une solution à l'affaire grecque. Ce fut le cas, le 11 juin, alors que les discutions semblaient converger. Le gouvernement grec ne se trompe pas d'adversaire. Alexis Tsipras, mardi 16 juin déclare devant les parlementaires du parti Syriza. " Le FMI ne vient pas d'arriver en Grèce, tonne-t-il, il a (depuis cinq ans) une responsabilité criminelle par rapport à ce qui se passe ici. " A ce titre, " L'insistance des institutions à poursuivre un programme qui a clairement échoué ne peut pas relever de l'erreur ou du zèle excessif, (...) elles semblent vouloir envoyer le message à la Grèce et aux peuples européens qu'un mandat populaire ne peut pas changer les choses." Or, poursuit-il : " Le mandat que nous avons obtenu du peuple grec est d'en finir avec la politique d'austérité (...). Pour y parvenir, nous devons rechercher un accord qui répartisse le fardeau, équitablement, et qui ne porte pas préjudice aux salariés et aux retraités. "[14] C'est justement pour cela que ce différend ne sera pas réglé à l'amiable et que la rébellion, l'impertinence grecque sera écrasée comme un insecte, ainsi que dans toutes les histoires qui content le sort fait au pot de terre contre le pot de fer. A moins que la crise ne soit que la mèche allumée - qu'il faut rapidement étouffer - d'un gigantesque baril de poudre. Ce qui expliquerait la monumentale place qui lui a été réservée, par les politiques et les institutions européennes et internationales et surtout par les médias[15]. Tous les citoyens européens suivent, minute par minute, le feuilleton de la crise qui secoue l'Euroland. Tous se sentent, peu ou prou, un peu Grecs, à quelque bord politique qu'ils appartiennent. L'Amérique, le membre fantôme, veille? Tout au long de cette crise, les Etats-Unis se sont gardés d'apparaître sur le devant de la scène. C'est un tort que de le penser. La crise en cours est une crise très grave qui a un potentiel de nuisance systémique considérable. Il serait bien naïf de croire que la première puissance mondiale, ses Fonds privés et ses transnationales négligeraient son administration. L'Europe est sous une surveillance discrète mais étroite des Etats-Unis via de nombreux organismes (financiers, politiques, militaires?) peu connus, dont la composition et les prérogatives ne sont pas très claires. Les récentes informations divulguées par les lanceurs d'alerte J. Assange et E. Snowden montrent à quel point, aucun homme d'Etat, aucun chef d'entreprise, aucun syndicaliste, bientôt aucun être humain, n'échappe à leur surveillance. Il ne faut pas oublier que c'est pour une part à une banque nord-américaine, Goldman Sachs qui a falsifié les comptes d'Athènes pour faciliter son adhésion à l'Euroland, que la Grèce et l'Europe doivent une part de leurs ennuis. Serait-ce opportun d'ajouter que les " hommes " de cette banque influente se sont infiltrés dans tous les rouages des institutions financières et bancaires européens (Mari Draghi, ancien employé de Goldman Sachs, actuel président de la BCE, en est le plus emblématique représentant[16]) ? Par ailleurs, les Etats-Unis interviennent dans ce dossier, entre autres via le FMI (même si le Fonds est présidé par une Française[17] après l'avoir été par le très facétieux DSK dont les mœurs font le bonheur des tabloïds). Et cela alors que les créances du FMI ne se montent qu'à 25 Mds?, soit seulement 7,9% de la dette grecque. D'où le poids disproportionné qui est le sien, dans les négociations en cours qui s'explique par le terme (court) de ses créances. Selon le 'Frankfurter Allgemeine Zeitung' du 13 juin, des tensions seraient apparues entre le FMI et la Commission. Le FMI aurait " torpillé " un compromis d'accord soumis par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et prévoyant un report des coupes dans les retraites en échange d'efforts équivalents sur le budget militaire. Le gouvernement grec a déjà, à plusieurs reprises, dénoncé des divergences entre ses créanciers qui ralentissent les négociations. Le FMI ne participe d'aucune solidarité européenne. Il ignore en même le sens. Pourquoi donc un membre d'une Troïka, réputée impitoyable, s'aviserait-il de compromettre une solution à un problème si épineux qui perturbe les marchés et l'équilibre des finances européennes ? C'est que la question, cela tombe sous le sens, n'est pas, seulement, de nature financière. Certains lui prêtent le projet de démanteler l'Euroland et de privatiser, à nouveau, comme en 1971, les transactions sur les changes au sein même de l'Union. Un bouquet de monnaies jetées en pâture aux spéculateurs. Le Fonds, traditionnellement appelé à la rescousse par les pays à court de liquidités, n'en est pas à sa première mésaventure avec la Grèce. Il a dû , d'abord, faire son mea culpa pour avoir prescrit une cure d'austérité qui a fini par étouffer sa croissance et donc ses capacités de remboursement. Quoi qu'il en soit si les Grecs ne remboursent pas la dette qu'ils doivent au FMI, le 30 juin, la Grèce deviendrait, ainsi, le premier pays développé à faillir à ses obligations, à l'égard du Fonds et ce dernier essuiera le plus grand défaut de son histoire. Toutes proportions gardées. A Suivre Note [1] Le scénario est bien connu : les pays surendettés qui souscrivent à ces " réformes " (appelées " Plan d'Ajustement Structurel ", structural adjustment) n'ont plus prise sur leur budget, confié à des fonctionnaires du FMI ou de la Banque Mondiale (peu importe). De ces pays, les ministres de l'Economie et des Finances ne sont, alors, plus en charge ni de l'économie ni des finances. La restructuration des dettes donne lieu à des " conditionnalités " coûteuses : l'Algérie, l'Argentine, des pays de l'Asie du sud? y ont laissé, pour certains, bien plus que leur prospérité. Il serait, cependant, inéquitable de ne pas évoquer le rôle décisif joué par les gouvernements de ces pays qui se sont mis à la portée de telles mesures. Ainsi en est-il de la Grèce. [2] Economiste qui a fait ses études et soutenu un master en 1976 à Harvard. [3] Nous recommandons chaudement la lecture attentive d'un article de R. Debray paru il y a très longtemps sur le sujet (novembre 1989) : République ou Démocratie, compilé dans l'opus : " Contretemps. Eloge des idéaux perdus ", 1992, Gallimard, folio actuel, pp.15-54. [4] Les deux référendums organisés en France et aux Pays-Bas se sont, tous les deux, soldés par un échec. Les peuples avaient refusé le projet d'Europe qui leur a été par la suite imposé via le Traité de Lisbonne, voté " très démocratiquement " par les " élites représentant le peuple ". Et après cela on s'étonne de voir décliner le crédit de la démocratie représentative, la hausse rapide des taux d'abstention et le succès électoral relatif des partis nationalistes et xénophobes. Les gouvernants n'aiment guère les référendums, prétextant que les peuples ne répondent souvent aux questions qu'on ne leur pose pas... [5] Sans doute inquiet des réactions (im)prévisibles lundi 29 juin des marchés financiers consécutives aux événements du week-end, la BCE revient sur cette position qui avait été rendue publique la veille, à l'issue de la réunion de l'Eurogroupe et déclare, dimanche, maintenir son soutien aux banques grecques. Le fonds de secours plafonné à plus de 90 Mds d'euros poursuit donc son aide à Athènes. Mais serait-ce suffisant? [6] Signalons au passage que le ministre grec des Finances est un spécialiste de la théorie des jeux. Sans entrer dans le détail de ce que représente réellement cette théorie, mathématiquement formalisée jadis par John von Neumann et Oscar Morgenstern (1944), il est douteux que sa maîtrise confère le moindre avantage à quiconque dans le contexte actuel. [7] Les salaires ont fortement baissé, le taux de chômage est proche de 30%. On signale, par exemple, que les hôpitaux grecs connaissent une grave pénurie de morphine? [8] Reuters le S. 13/06/2015 à 18:42. [9] Passons sur les conflits d'intérêts dont ces agences se sont rendu coupables et quelquefois condamnées pour cela. Nombreux arbitragistes tiennent le rating pour un attrape-nigaud. [10] AFP le 11/06/2015 à 17:20 [11] Avant son retour vers Athènes, il prendra soin, cependant, de consulter le service légal européen pour vérifier si ses 18 collègues pouvaient prendre une décision, sans son accord. Après tout, la Grèce est encore membre de cette curieuse association. [12] Le président de la Bundesbank Jens Weidmann n'était pas le dernier à demander cette interruption. Arguments : Aucune des deux conditions techniques d'attribution d'ELA n'est plus remplie : les agences de notation Fitch et Standard and Poor's ont placé les quatre principales banques grecques en " défaut partiel ", leur solvabilité est donc, fortement, remise en question; et depuis mardi soir la Grèce n'est plus sous programme. (AFP le mercredi 01/07/2015 à 11:15) [13] " La BCE est une institution fondée sur la règle. Ce n'est pas une institution politique " affirmait Mario Draghi, en banquier professionnel, un ancien employé de Goldman Sachs (Reuters le 05/03/2015 à 15h36). A-t-il vraiment rompu avec ses anciens patrons ? Pour le reste on a longtemps ergoté sur la neutralité idéologique et politique des banquiers quand leurs clients sont des Etats ou des transnationales. [14] Marianne, Mercredi 17 Juin 2015 à 13:00. Christine Lagarde répond quelques jours plus tard : dans " J'entends cette légende d'un FMI à la grand-papa, intransigeant et inhumain. Mais si cette institution a résolu des crises dans le monde entier depuis soixante-dix ans, c'est parce qu'elle s'appuie sur des règles. Sans règles, c'est la loi du plus fort qui l'emporte. " (Challenges, mercredi 24 juin 2015). N'ayant pas digéré l'escarmouche Christine Lagarde repart à l'assaut le 1er juillet dans un entretien accordé à CNN International. " Etant donné le niveau d'incertitude, de confusions et de constants mouvements, je pense qu'un peu plus de comportements adultes est encore nécessaire ". La crise grecque dégénère en querelles de bac à sable. [15] Lire : La crise grecque dans les médias français " Syriza delenda est " Pierre Rimbert, Le Monde Diplomatique, juillet 2015 [16] Un documentaire fait le point sur le sujet de manière édifiante. FRITEL J. et M. Roche (2012) : Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde. 75 mn. Marc Roche a publié un livre sur la question en 2010 : Comment Goldman Sachs dirige le monde. Albin Michel, coll. Essais doc. Paris, 320 p. [17] Christine Lagarde ancienne ministre de l'économie et des finances sous la présidence Sarkozy (2007-2011). |