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« Étudier une autre langue
consiste non seulement à apprendre d'autres mots pour désigner les mêmes
choses, mais aussi à apprendre une autre façon de penser à ces choses ».1
Fidèle à ses coutumes de perfectibilité et consciencieuse de l'impérative assurance qualité, l'université Kasdi-Merbah de Ouargla a vécu, les 20 et 21 de ce mois, un évènement prometteur sur la langue française et sa praticité, qui contribuera immanquablement tant à l'élargissement de ses horizons de partage scientifique qu'à sa propre visibilité. En effet, et dans la continuité de la visite de l'ambassadeur de France à l'université de Ouargla, précisément à l'Institut de sciences et technologies appliquées, qui est le fruit d'une coopération algéro-française, où il avait indiqué que l'un des principaux objectifs de sa visite étant de voir dans quelle mesure ils pourraient, à Ouargla, établir une annexe de l'Institut français pour développer les cours de français. Constatant l'importance pour les universitaires de maîtriser la langue française, il avait ajouté que c'est vers cette jeunesse qu'ils devront faire porter leurs efforts de coopération. C'est dans cette perspective que durant les deux jours sus-cités, une délégation de l'ambassade de France, conduite par le conseiller de coopération et d'action culturelle et directeur de l'Institut français en Algérie, M. Gregor Trumel, accompagné par le directeur de l'Institut français d'Alger, M. Jean-Jacques Beucler, et de trois collaborateurs dont l'Attachée de coopération pour le français en Algérie, Mme Odile Fort, avait effectué une mission technique ayant pour principal objectif : la création d'un « Espace France » à Ouargla. Parmi les séquences souhaitées et exécutées, la délégation, et après avoir rencontré MM. le recteur de l'université, le Pr. Mohamed Tahar Halilat, et le vice-recteur chargé des relations extérieures, le Pr. Mourad Korichi, avait assisté à une réunion avec les responsables de l'université et où des exposés suivis de débat, sur le département de français et le CEIL (Centre d'enseignement intensif des langues), furent présentés respectivement par les responsables concernés. Dans sa présentation, le responsable du CEIL, en faisant allusion au soutien technique et concours attendus de l'Institut français d'Algérie, mentionna les points suivants : - permettre au CEIL de s'inspirer des expériences de l'Institut français et de profiter de son expertise technique qui lui permettra de tirer bénéfice des plateformes de l'enseignement/apprentissage de la langue française telles qu'elles doivent être conduites avec succès; - formation/accompagnement des formateurs de langue française, notamment dans le but de renforcer leurs compétences linguistiques et l'homogénéisation de leurs pratiques (organisationnelles, structurelles et surtout pédagogiques); ü actualisation des contenus de cours de français dispensés aux apprenants en mettant à la disposition du CEIL un package pédagogique multimédia à même d'assurer une formation linguistique de qualité en phase avec les nouvelles technologies mises au service de l'enseignement de la langue française; - organisation périodique de manifestation culturelle permettant aux apprenants, dans une approche interculturelle, de découvrir la culture (civilisation, littérature...) de la langue française; - impliquer le CEIL, suite à un programme/procédure défini par les deux parties, pour valider les tests de niveau de ses apprenants de langue française (TCF, DELF...). Pour sa part, le responsable de la délégation française, en énumérant dans son intervention les principales activités et missions de l'Espace France (dont le statut est d'être une annexe de l'Institut français d'Algérie à Ouargla, et dont le public et usagers cibles sont les étudiants, les enseignants et les chercheurs), il cita : - une médiathèque comme centre de ressources sur la France contemporaine (accueil du public, gestion des prêts, animation des espaces et des débats autour du savoir, médiation entre les ressources et les usagers; - conférence, téléconférences, lecture/débat; - projection de films documentaires; - point d'information sur les études en France; - ateliers de formation thématiques. Pareillement, cette délégation avait visité le siège du CEIL et ses labos de langue où elle avait eu l'opportunité de discuter tant avec les responsables pédagogiques et administratifs qu'avec les étudiants de langues. Ces derniers, passionnés et s'inspirant de la sagesse : « Si vous parlez à un homme dans une langue qu'il comprend, vous parlez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, vous parlez à son cœur »², émerveillèrent la délégation par un voyage à travers les prairies de la littérature française. A l'issue, un autre entretien avait eu lieu, dans un des amphis de la faculté de médecine, avec les étudiants dont la langue d'enseignement est le français. Une troisième rencontre avait tout aussi eu lieu, au niveau du département de français, principalement avec les responsables du labo de recherche le « FEU » (Français des écrits universitaires), où les questions tant du partenariat avec les labos de recherches des universités françaises que le visa pour les enseignants-chercheurs détenteurs de bourse de stage en France furent soulevées. Enfin, une ultime visite fut consacrée au lieu choisi par l'Université de Ouargla pour héberger ce futur Espace France. A noter que cette délégation s'était tout aussi déplacée pour voir l'Espace Américain « American Corner », inauguré officiellement par l'ambassadeur des USA depuis le 16 juin 2010, situé au niveau de la faculté des lettres et des langues. Ainsi, une fois opérationnel au niveau de l'Université de Ouargla, cet « Espace France », en contribuant à concrétiser les engagements des hautes autorités algériennes et françaises pour le développement des activités culturelles algériennes sur le territoire français et les activités culturelles et académiques françaises sur le territoire algérien, en liaison avec les universités, permettra immanquablement tant aux étudiants qu'aux enseignants et chercheurs de profiter -SANS VISA- des opportunités qu'il offrira, pour l'acquisition de savoirs scientifiques et la recherche académique... Tant il est vrai qu'« une langue vous place dans un couloir pour la vie. Deux langues vous ouvrent toutes les portes le long du chemin »3 ! C'est d'ailleurs l'un des rapports de force qui furent explicitement formulés dans l'un des rares textes fondateurs, officiels, qui se soient penchés sur le problème de la langue, la Charte nationale de 1976. En effet, ses rédacteurs confirment le pouvoir des langues étrangères « ?tout en nous ouvrant sur les autres et en maîtrisant? la connaissance de langues de culture qui nous faciliteraient la constante communication avec l'extérieur, c'est-à-dire avec les sciences et les techniques modernes et l'esprit créateur dans sa dimension universelle la plus féconde »4. En scrutant -telle une nouvelle lune de connaissances- la très prochaine éclosion de cet « Espace France », qui est déjà en germination, au milieu de l'une des trois pépinières du savoir (le pôle III de l'Université Kasdi-Merbah de Ouargla), une nouvelle dimension s'offre tant aux étudiants qu'aux enseignants-chercheurs. Car si «une langue différente est une vision différente de la vie»5, il est tout fait clair que les premiers et principalement les seconds ont l'obligation sine qua none de maîtriser les langues étrangères, particulièrement le français et l'anglais, sans lesquelles, parler de recherches scientifiques, c'est comme donner illusoirement des coups d'épée dans l'eau. Par voie de conséquence, vivement cet « Espace France » qui va rejoindre son jumeau « American Corner » qui guettait son émergence voilà déjà presque huit années. Puisse la communauté universitaire de Ouargla en bénéficier à juste mesure et à juste titre. Amen ! * Dr. - Enseignant chercheur - Université Kasdi-Merbah - Ouargla Notes : 1- Flora Lewis (25 avril 1918 - 2 juin 2002), journaliste/écrivaine américaine 2- Citation de l'emblématique Nelson Mandela 3- Frank Smith 4- Charte nationale, 1976, Titre troisième p.66 5- Federico Fellini |