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Dans leur
entêtement à vouloir imprimer une identité, exclusivement, amazighe aux
Algériens, les berbéristes excluent des populations entières d'un héritage
commun, qui est cette Algérie d'aujourd'hui, façonnée par autant d'apports de
populations étrangères et des conséquences sur ses métissages depuis plus de
deux milles ans. Ils doivent se rendre à l'évidence que l'Algérie a cessé
d'être exclusivement amazighe, depuis que les premiers comptoirs phéniciens se
sont établis, sur nos côtes. Depuis ce temps, beaucoup d'autres peuples sont
venus enrichir notre composante humaine, du Nord, de l'Est, de l'Ouest et du
Sud.
Leurs cultures réciproques ont, également, joué un rôle déterminant, dans une interculturalité assumée par les autochtones, qui déboucha sur l'originalité et la spécificité de notre identité algérienne contemporaine, qui la distingue aussi nettement, de celle de nos proches voisins, Tunisiens, Marocains et Libyens, dont les populations originaires sont, pourtant, aussi amazighes que la nôtre. Les berbéristes doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls sur le sol algérien. Les habitants nés Algériens, de parents Algériens, eux-mêmes descendants d'arrière-parents algériens, habitant cette terre, depuis des générations, même si leur origine est étrangère ou métissée, ils est de leur droit de jouir de la qualité citoyenne algérienne, au même titre que ceux qui se considèrent comme de purs autochtones amazighes. Encore faudra-t-il que ces derniers puissent pousser l'absurde à son terme et attester génétiquement de cette pureté ! Par conséquent, le reste de la population est en droit de s'identifier, exclusivement, en tant qu'Algériens et refuser d'être assimilée à des Amazighes. Le danger que laisse présager la revendication berbériste, à ne reconnaître à l'identité algérienne que celle amazighe, risque, à terme, de mener vers les travers des idéologies d'extrême droite, qui prônent le droit du sang, au détriment du droit du sol, pour exclure de la qualité de citoyens, à part entière, ceux qui ne répondent pas à cette injonction. Une expérience fâcheuse, qui, lorsqu'elle a été poussée dans ses limites extrêmes, s'est soldée, à chaque fois, dans l'histoire de l'Humanité, par des catastrophes humanitaires tragiques, allant du statut de Dhimi, de l'apartheid, de l'épuration ethnique au génocide. Près de nous, encore, l'expérience des fous de Dieu, qui a précipité le pays, dans une guerre civile très meurtrière et destructrice, de laquelle nous venons à peine de nous en sortir, par le fait qu'ils voulaient imposer, au reste de la population, l'identité religieuse arabo-islamique exclusive est très édifiante. Comme l'expérience nous a montré qu'il n'y a pas d'islam politique modéré, il en va de même pour un berbérisme politique modéré. Car toute idéologie fondée sur l'identité et non sur des valeurs politiques républicaines est, par essence, intolérante, extrémiste pour finir par devenir totalitaire. Nous le voyons, aujourd'hui, avec les excroissances du mouvement berbériste, le MAKabyle, le MAChaoui et leur équivalent Mozabite, qui attirent, de plus en plus de militants, venus des partis politiques traditionnels qui font de la revendication identitaire le noyau central de leur programme politique. De même, pour un grand nombre de citoyens, qui ne s'étaient jamais intéressés, auparavant, à la politique, subissent, de plein fouet, l'attrait de ces mouvements extrémistes, comme au temps de la montée de la nébuleuse du FIS. Si les islamistes ont été, temporairement, domptés par le pouvoir, en leur confectionnant une loi de «réconciliation nationale», sur mesure et une Constitution qui met en valeur leurs revendications principales, à savoir une Algérie arabe et musulmane, les militants berbéristes, malgré une officialisation de circonstance du Tamazight, ne semblent pas donner de répit à leur revendication d'une Algérie, exclusivement, amazighe, à défaut de quoi, celle-ci se traduit par une aspiration à l'autonomie tout court. En atteste la persistance du RCD à continuer à s'associer, ouvertement, aux manifestations publiques aux côtés du MAK. Allons-nous assister, encore une fois, au réveil des démons de la guerre civile, qui semble devenir, à chaque étape de notre histoire contemporaine, depuis la crise de 1949, la seule alternance possible dans notre vie politique, à défaut d'une véritable alternance démocratique. Après avoir subi les démons des fous de Dieu, pendant les années 1990, allons-nous, encore une fois, subir d'autres démons déchaînés, les mordus des ruines, pour une cause similaire, la revendication identitaire. |