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Chaque
vendredi que Dieu fait, avant la prière de l'Asr, et
ce depuis 1995 (à la faveur d'un colloque international dédié à l'auteur de la Aqida al Kûbra, initié à l'époque
par la société civile), la pittoresque khalwa de Cheïkh Senouci de derb Beni Djemla (Medress), voisine de la maison de Cheïkh
Sid Ahmed Tidjani abrite une séance, à la fois
cultuelle et culturelle, animée par El hadj Mohamed Baghli,
ingénieur consultant, chercheur en legs universel (par ailleurs guide d'un
groupe dédié à la randonnée pédestre, n.d.l.r).
A titre indicatif, le vendredi de l'An 1441, soit le 31 janvier 2020, l'éphéméride mis à jour par Si Fouzi Kahouadji, une «chrono» murale en guise de repères culturels pour le visiteur, affichait à l'entrée les indications suivantes (en arabe) : Signe du Verseau Accarius (bordj edalaou) : 23 janvier-22 février (23 yanayer-22 fibrayer) ; manzilet sad'essaoud (mention de la félicité) ; 1293è séance de la khalwa (nombre de réunions hebdomadaires du collectif senouci)... Illustrée par un support vidéo (data show), la «djalssa» est marquée par un rituel méthodologique, une sorte de feuille de route pédagogique pour éviter toute improvisation ou digression qui risquerait de faire accroc à la solennité du moment. Qu'on en juge. En ouverture, la récitation de la Sourate El Kahf (Caverne) suivie de prières en choeur «douâ'» et de lithanies «ibtihalate» (puisées notamment du diwan de Sidi Boumediene El Ghaout ou du crû du choriste) exécutées par le chef de chœur Cheïkh Hamza Cherif assisté de Kamel Korso : «La illaha illa llah», «Ya men kanet kalimatouhou el bahr mided», «Ya men wassalat rahmatouhou djibril», «Ala ya latif mika ya chmlouka loutfou», «A layssa el hawa li kouli chay'ine sani'», «Tah'ya bikoum koulou ardine tanzilouna biha», «Qouli ya men el eubbad», «Ya el ghouti balek tansani», «Ilayka madadtou el kafi fi kouli chiddatine», «Mata ya ouraïba el hayi aïni tarakoumou», «Ya men khalaqa el arch el a'dîm», «Mawlana anta Allah dhou el djalal», «Tadalal'tou fi el bouldane... Puis on vient la déclamation de la «istighata moubaraka» (ya men yara ma fi damiri wa yasma'ou) et de l'invocation «Adj'al lana min kouli dha'qine makhradja»... Une pause sera marquée pour accomplir la prière de l'Asr officiée par Hadj Abderrahim Benmansour ou Cheïkh Brachmi, le «douâ'» étant initié par Lachachi ou Baghadad... Hors Ramadhan, un thé à la menthe exquis est offert par Hadj El Habib Seqqat... De sa voix suave, Cheïkh Choaïb Benmansour gratifiera l'honorable assistance de deux qacidate «Salatouka ya rabbi wa salam ala nabi» et «Salatoun la rihoun mina el maski atyabou». Un enregistrement sonore de dikr est proposé par l'animateur à l'auditoire, en l'absence de la voix douce de Hadj Eddine Sari dit Sidi Khay, adepte de la zaouiya de Cheïkh Benyelles... Au programme lyrique mystique vient s'ajouter le volet académique. A ce titre, cinq sujets seront proposés à cette occasion par Si Baghli, à savoir : «Les secrets du jeûne» (d'après Cheïkh El Akbar Ibn Arabi), «Les expériences mystiques de Cheïkh Senouci» (rapportées par son disciple Omar Mellali dans «El Mawahib El Qodossia»), «La Qacida d'Ibn Djaber El Kafif El Almeïri», «La Khotba de l'imam Ahmed El Maqarri» et «Da' Yaghomaracen, un grand génie spirituel»...A propos de personnages, les murs de la khalwa sont pavés de manuscrits représentant des notices biographiques d'illustres figures de la science et la pensée islamiques, tels Ibn Nedjar, El Habbaq, Mohamed Medjaoui, El Abili, Ibn Nahwi, l'Emir Abdelkader, El Mazouni,entre autres ; en somme, le «Boustane» d'Ibn Maryam sous forme de planches didactiques... Soulignons que parmi ces planches, figure un ancien manuscrit de «Aqida essoghra» de Cheïkh Senouci (1426-1490), traduit en amazigh (en 1707), un document repéré en 2014, au Maroc par Jamil Aïssani de l'université de Béjaïa, dans le traité «Al Haoudh» de Mohamed Ben Brahim et en Kabylie, en l'occurrence dans la khizana de Cheïkh Lmuhub ; ce rare manuscrit en berbère est commenté par Jenia Gutova, du Centre universitaire de linguistique de Leiden (Hollande) sous le titre «The Sanouci Creed in kabyle berber»... La séance est toujours clôturée par la lecture de la Sourate El Moulk (Royaume) assortie d'une série de prières et d'invocations solennelles dédiées par l'imam Brachmi... Ceci côté cour. Côté jardin, le collectif senouci sous la houlette de l'infatigable Baghli qui tient un véritable agenda à cet effet est toujours au rendez-vous des différentes commémorations historiques et fêtes religieuses avec un programme idoine : le 5è centenaire de la mort de Cheïkh Ben Abdelkrim El Maghili, la commémoration de la qotbya de Sidi Boumédiene à Aïn Taqbalet (912 è anniversaire), le 1.230 è anniversaire de la fondation de la mosquée d'Agadir (19 juin) et recueillement devant la rawda de Sidi Slimane El Kamil, petit-fils de la vénérée Fatima Zohra, fille de notre Prophète (QSSL), le 6è centenaire de la mort de Abderrahmane Ibn Khaldoun (17 mars 1406), le 176è anniversaire de la hidjra (exil) de l'Emir Abdelkader (25 décembre 1847), le 5è centenaire de la mort de Cheïkh Mohammed Ben Abdelkrim El Meghili (en 2003), le 59e anniversaire de la perte de Cheikh Sidi Mohammed Ben Al-Hachem Abou Abderrahame Tilimsâni, coïncidant avec le 19 décembre 2020 et l'exil (hidjra) de Cheikh Benyelles Etilimsani, le 46è anniversaire de la disparition de Messali Hadj, hommage au Dr Abdelmadjid Meziane et à Cheïkh El Bachir (Yacher) de Sidi Brahim..., outre El Mawlid Ennabaoui, Achoura, Ennayer... Sur le plan didactique, la khalwa Cheïkh Senouci peut s'enorgueillir d'avoir initié la lecture des Mawaqifs de l'Emir Abdelkader, des «Rissalat el foutouhat el mekkia fi ma'iraf al asrar el malikia wa el moulkia» d'Ibn Arabi (soit 58 chapitres dédiés à son maître Abi Medien Choïb), des «El Mawahib El Qodossia» de Omar Mellali, de la «Aqida Soghra» de Cheïkh Senouci, entre autres, ainsi que des réunions académiques dite de restitution d'un cours (les 17 juillet à partir de 2001 jusqu'à 2003) extra muros au sein de la merdersa El Khaldounia d'El Eubbad , à la double mémoire d'Ibn Khaldoun et du regretté Dr Abdelmadjid Meziane (titulaire d'un doctorat sur le célèbre auteur des Prolégomènes)... A son actif également l'exhumation avec le concours du Parc national dirigé par M. Saïd Kazi ou la contribution de mécènes de plusieurs sites mystiques, tels la pose d'une plaque commémorative devant la douweïra de Sidi Bellahcène El Ghomari, à la venelle éponyme ou ruelle des ?sept arcades', la réhabilitation de la rawda de Sidi Slimane à Aïn El Hout, l'érection sur les lieux d'une stèle généalogique de Abdallah el Kamil et sa descendance, l'aménagement du site de Sidi Abdallah d'El Baâl, la redécouverte de la mosquée d'El F'houl (Remchi), la localisation de la houweïta de Khalifa Benallal (lieutenant de l'Emir Abdelkader), la visite de la Zaouiya de Sidi Bensfia de Sidi Djilali et la Zaouiya Aïssaouiya de Oulhaça, la participation au Colloque national sur Cheïkh Senouci à Beni Snous (avril 2010) ainsi que l'Association les Amis d'Aflou... En termes de contribution ou de production au titre des activités de la khalwa, citons la publication de fascicules des Mawakifs de l'Emir Abdelkader, du diwan de Sidi Boumediene El Ghaout, d'un poème panégyrique sur Cheïkh Senouci, d'un calendrier des correspondances (grégorien/hégirien), la dotation de la vieille mosquée de Aïn Taqbalet (Bensekrane) et Zaouiyat Kounata (Adrar) d'un lot de planches didactiques (exposition murale). A noter que la khalwa Cheïkh Senouci a eu à l'insigne privilège d'enregistrer la visite de courtoisie d'illustres personnalités, telles Idriss El Djazaïri (diplomate, petit-fils de l'Emir Abdelkader), Mohammed Boutaleb (président de la fondation Emir Abdelkader), Hadj Yala (ancien ministre de l'Intérieur), Dr. Mustapha Daïdj (consultant international), Mohamed Bensenane (ex-wali), Hadj Megheli (aumônier en retraite auprès de La Mosquée de Paris), Mgr Henri Teissier (ex-archevêque émérite d'Alger), Cheïkh Bouamrane (actuel président du HCI), le Dr Saïd Chibane (islamologue), M. Fritz (journaliste allemand de Heildelberg ) accompagné de son épouse Mme Touboul (médecin spécialiste), des universitaires américains de l'UCLA (San Francisco) et même un directeur... d'Interpol (un fils du bled), Boudjemaä Haïchour (ancien ministre des PNTIC) ainsi que des cinéastes comme Abdelmadjd Djebbour, Amrouche Mehmel, Benamar Bakhti, Lies Salem... Il faut souligner que la khalwa était également fréquentée par des chercheurs et érudits de la cité des Zianides, tels Cheïkh Bensenane, Mohamed Negadi, Hikmet Sari Ali, Abderrahim Baba Ahmed, Abderrahim Benmansour, Abdel'illah Guellil,entre autres... Il faut savoir que ce célèbre ermitage qui a fait, il n'a pas longtemps, l'objet de travaux de rénovation grâce aux dons de mécènes a vu, à l'initiative de Si Baghli, l'introduction des nouvelles technologies (installation d'un data show, construction d'un site web «mirath.org», visioconférence en skype, diffusion en direct en streaming). A noter que contrairement à la mosquée voisine de Sidi el Yeddoune, la khalwa a été ignorée lors de l'opération de restauration des sites et monuments initiée par l'OGBC dans le cadre de l'évènement «Tlemcen 2011»... Quant au collectif de la khalwa, il compte en son sein des chercheurs, des universitaires, des imams, des experts, des ingénieurs, des artistes, des journalistes, des écrivains, des poètes, des médecins, des cadres à la retraite... dont certains ne sont plus de ce monde (à qui Cheïkh Abdelaziz Hamza Cherif, il dédia à chacun un poème «caractérisant» élogieux). «Il s'agit d'un conseil scientifique des œuvres des célébrités de Tlemcen», a tenu à nous préciser M. Mohammed Baghli qui déplore «les vaines tentatives de récupération de certains qui veulent transformer cet espace en zaouiya». Pour rappel, ce passionné du patrimoine organisa en 1983 à la Maison de la culture de Tlemcen et avec le précieux concours technique (distribution instrumentale) du défunt Rachid Baba Ahmed et l'interprétation musicale de l'Association Riad El Andalous, une mise en scène lyrique évoquant la mangana du Méchouar, un automate d'Ibn El Feham (14è siècle). Enfin, il convient de souligner qu'à l'occasion de «Tlemcen, Capitale mondiale de la Culture islamique» la «Khalwa» dédia à cette manifestation de 2011, le premier texte porté dans la langue allemande pour la connaissance de la théologie musulmane, à savoir : «Il n'y a de Dieu qu'Allah et Mohammed (QSSL) est Son Prophète» (Oum el Barahine, la mère des preuves de Cheïkh Senouci traduit par le Dr M. Wolff et publié en 1818 à Leipzig)... |
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