|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«Qu'il soit béni celui qui m'offre en cadeau mes erreurs et mes défauts» Omar
Ibn Abdel Aziz, 5ème Calife Orthodoxe
Pour les parents et amis qui visitent notre cité, si, à leurs pieds, la chaussée défoncée et parsemée de cratères est exécrable, par contre, en levant la tête le décor se change en verdure et nous paraissons jouir d'un environnement assez agréable dû à la présence de nombreux arbres et de végétation. comment se fait-il, nous demandent-ils, que nous ayons tant de grands arbres si verdoyants, parce que dans leurs cités tout n'est que désert, ordures et désolation et ça le restera ? Et ce qui les émerveille encore, c'est qu'à chaque lever ou coucher du soleil, des nuées d'oiseaux cachés dans la frondaison des arbres, atteignant aujourd' hui les dix mètres ou plus, emplissent l'air de leurs chants mélodieux, de leur strident gazouillis. Ce gazouillis, ce ramage dont la musique berce l'ouïe d'une mélodie sublime, juste à nos fenêtres, ce gazouillis apporte, à notre fade quotidien, une note de gaieté champêtre en pleine ville. Ces chants d'oiseaux n'enchantent, à l'aube et au crépuscule, que les âmes sensibles et perméables au beau et au sublime. Ces arbres, qui fascinent le citadin par leur beauté et leur taille, ont une curieuse histoire que voici. Une fois installés à la cité, il y a une vingtaine d'années, il nous fallait casser le décor répressif du béton à la géométrie harassante, aux angles agressifs et aux lignes tristes et souvent tordues, par une végétation cachant quelque peu la laideur de ce tableau morose, occulter la grisaille des murs, par une verdure reposante et agréable aux sens et, il fallait le faire vite. On décida alors de planter une multitude d'arbustes sachant d'avance que les trois quarts seront vandalisés et arrachés par la main prédatrice et cruelle des enfants de nos aimables voisins. On a même planté des rosiers qui seront arrachés les premiers. Ce «on» était, en fait, composé de cinq ou six locataires seulement, les autres étaient soit passifs, amorphes et peu intéressés, soit des opposants systématiques grincheux à tout bout de verdure «trop» rapproché de leur demeure. Pour eux, toute plante est porteuse de bestioles, d'humidité, car la science du négatif était sans limites chez eux. Pourquoi, vite ? L'exlication est simple : cela a été pour nous qui aimons le beau et la nature, dès le début, une course contre la montre, il fallait la gagner, car les couples nouvellement installés étaient la plupart des «just married», n'avaient pas encore engendré et déversé leurs marmots à la rue, alors nous avons profité de cette aubaine prénatale, de cette accalmie obstétricale qui ne se répètera plus, pour planter une multitude d'arbrisseaux parce qu'une fois ces marmots nés et en âge de passer les trois quarts de la journée dehors, il ne sera plus possible de planter le moindre petit bout d'arbre... D'ailleurs, par la suite, plusieurs arbres atteignant déjà les deux mètres seront recourbés et brisés par des marmots-casseurs qui, très futés dans l'art de briser, conjuguaient leurs efforts pour bien détruire, détruire et nuire, leurs papas-poules et leurs mamans-coqs juraient par tous les diables, que même surpris en flagrant délit, ce n'était jamais leur mioche qui détruisait les jeunes pousses, mais, le fils du voisin et que le leur était si «éduqué» que dans la rue, il avait toujours son chapelet de prières à la main, le gentil mignon,... les méchants c'était toujours les autres ! Alors, comment se fait-il que les arbres actuels aient échappé au massacre et à la cruauté des marmots-casseurs : le mérite revient au grillage de poulaillers et des treillis soudés qu'on utilisait autour du jeune arbre, des branches de charbon sec qu'on fixait aux rameaux de l'arbre et à la graisse des véhicules qu'on badigeonnait autour des branches à portée de la main des marmots et dont la couleur et la consistance leur rappelaient la matière qu'ils chérissaient tant... telle est l'odysée de ces arbres en territoire hostile. Chez certaines gens même lettrés, l'enfant semble naître avec un gène pervers qui refuse toute verdure et ne s'accomode qu'aux paysages parsemés de détritus épars et de sacs poubelles éventrés... Il se sent heureux (et ses parents aussi), dans ce décor, parce qu'il n'a rien à arracher ou à casser. Il y a même, dans notre cité, hélas, des adultes, «respectables», qui ont coupé à la racine le grand arbre de 10 à 15 ans qu'ils n'ont ni planté, ni arrosé qui leur faisait, parait-il, de l'ombre sur la fenêtre défiant ostensiblement une recommandation du calife Abou Bakr à ses troupes «ne coupez pas d'arbres, ne tuez pas d'animaux domestiques...», c'était il y a 14 siècles. C'est donc... un crime dans un pays à 90 % désertique et brûlé de soleil 360 jours par an... qu'auraient-ils fait en Suisse ou en Finlande ou en Allemagne ? Auraient-ils arraché toute la Schwarzwald pour avoir du soleil, dénudé tous les manoirs enfouis sous la végétation ? Sachez qu'en Australie, pour couper un arbre, il faut avoir l'autorisation accordée par un arrêt du tribunal. Ah ! Pour mettre leur voiture à l'ombre ils se ruent, aujourd'hui, les premiers à la placer sous l'arbre qu'ils n'ont ni planté ni arrosé, ni pensé à en planter devant leur demeure. Le toupet, ils n'en manquent jamais... «kfouzia» typique du parfait sous-développé au civisme effacé ou inexistant. Chez nous, hélas, certains ne retrouvent leur aise que dans un déco au look «zoubia» et si les ordures ne jonchent pas le sol qu'ils foulent, ils se sentiraient mal à l'aise... la verdure, la nature les incommodent, les dérangent, voilà pourquoi leurs enfants semblent naître avec le gène destructeur de tout verdure... Si les adultes n'aiment pas le beau et ne transmettent pas cet amour du beau et de la nature à leurs enfants... L'enfant n'est aucunement blâmable. Du berceau à l'adolescence, il est conditionné par son milieu familial, au quotidien, au «tmanchir» systématique d'autrui, à la casse, à la crasse, à la destruction de ce qui est au «beylik», c'est-à-dire tout ce qui peut être utile à d'autres, donc conditionné au plaisir pervers de nuire aux «autres», l'enfant enregistre bien et se confectionne une conduite conforme à ce qu'on lui ont transmis papa et maman : «nous les parfaits, les autres les méchants» sera son crédo. Ces «autres» commencent dès qu'il franchit le seuil de son «chez lui» et l'utile aux autres c'est déjà la cage d'escalier, on la salit, on laisse tomber en ruine les marches des escaliers, puisqu'elles sont utiles aux autres «puis ce sera la rue, l'école, le stade du quartier qui sera phagocyté, etc. etc... pas un mot sur la saleté et la crasse du milieu où ils vivent. A se demander si certaines gens s'apparente beaucoup plus au bousier qui, dans le choix, préfère sans hésitation, une boule de crotte à une boule de fromage ?... Quand ils critiquent, écoutez-les, leur sentence est sans recours : les grands méchants, les gens sales, les pas gentils, les mal élevés, les menteurs, les malhonnêtes, c'est les autres, toujours les autres ! Eux, c'est la perfection incarnée, leurs mioches les mieux éduqués de la «haouma»... il n'y a pas mieux qu'eux!... Et le subconsient de l'enfant enregistre ses repères... et vous connaissez le reste. Beaucoup de nos cités portent un nom de fleurs alors qu'elles puent la laideur, la crasse et la crotte, leurs alentours sont jonchés de détritus de tout genre et personne n'est dérangé ni par les odeurs nauséabondes, permanentes et tenaces qui parfument les entrées des immeubles, ni par les milliers de moustiques que génèrent, chaque soir, les vides sanitaires inondés, pourvu que le logis personnel soit décoré... ridiculement décoré... et à Dieu vat si l'enfer commence dès qu'on enjambe le seuil de la porte de sa demeure... Il y a des immeubles où les eaux usées se déversent directement dans les caves et ça ne semble déranger personne... «gloub meita», disait ma grand-mère. Chacun attend que la «houkouma» viennent lui tendre le mouchoir pour le moucher... ah, s'il fallait louer, pour une soirée, une salle des fêtes à 8 millions de centimes, pour une insipide bamboula fugace, il ne rechigne pas, mais s'il s'agit de donner 100 Da à une femme de ménage pour lui nétoyer son immeuble, sa cage d'escalier, il se fait grippe-sous et trouve que c'est trop cher payé... et ça se dit, comble de l'outrecuidance, appartenir à une religion qui a fait de la propreté la moitié de la Foi... laissez-moi rire de ce «nifaq» de cette hypocrisie que l'on affiche et que l'on croit offrir au Créateur qui, Lui, «est beau et aime le beau» et que la saleté et la crasse sont un attribut du Diable... y croient-ils vraiment, nos faux dévots, nos tartuffes qu'on voit au premier rang le vendredi à la mosquée ?... et dont la progéniture envenime la quiétude de nos cités. Chacun croit qu'en fermant les yeux, il parviendrait à atteindre le soleil et ce n'est que pour leurrer sa propre carcasse parce que... faqou ! Un peuple qui n'est même pas capable de gérer ses ordures, où la femme jette chaque soir son sac poubelle du 4ème étage, sous le regard ahuri et complice de son mari «merguen», où la femme donne à son bambin de 4 ans un sac poubelle plus grand que lui et qu'il abandonnera éventré dans la cage d'escaliers, ce peuple est loin d'être candidat à la civilisation et au progrès. Un peuple qui oublie que la propreté est un acte de foi et que la saleté et le mal qu'on cause à son entourage est un pacte signé avec le Diable. Rien ne sert de se taper une «Omra» ou une «Hadja» si on lèse le voisin par des actes blâmés par le Créateur. L'Histoire est impitoyable et pas clémente du tout... le laisser-aller et le «ma'lihéch» a fait disparaître, à travers les siècles et après une décadence souvent douloureuse, des peuples entiers... ça n'a jamais dérangé l'Histoire. |
|