Rares seront les chefs de famille qui pourront s'offrir le luxe d'acheter la truffe cette saison. Et pour cause, l'évocation du prix du kilogramme fait dresser les cheveux des plus nantis d'entre eux. Les tarifs sont sans appels et au plus offrant, à trois mille dinars le kilogramme, voire plus et au prix de gros. Qui dit mieux ? ! Une aubaine pour ces centaines de pasteurs qui arpentent dans tous les sens et à longueur de journée l'immensité de la steppe. Allant de la région de Mosbah ( Kheiter) à Kasdir (Naâma), des terres au sol calcaire, véritable terreau de la truffe blanche, produisent en une seule saison plusieurs milliers de quintaux de ce produit qui trône tel un seigneur sur les grandes tables des restaurants les plus huppés des capitales occidentales et du Moyen-Orient. D'ailleurs, dans les pays du Golfe son prix dépasse l'entendement. Espiègles et bien informés sur ce juteux marché, certains commerçants de la capitale se l'arrachent à des prix qui donneraient le vertige au citoyen au revenu très bas. C'est par régiments entiers que des familles de pasteurs colonisent à longueur de journée depuis janvier les terres de parcours. L'œil vif et alerte à la moindre protubérance du sol qui indique la présence de ce précieux champignon, ils ramassent çà et là la truffe quelle que soit sa taille pour la revendre sur des étals improvisés de part et d'autre de la RN 6 à l'entrée des localités de Kheiter et de Kef Lahmar. Véritable délice de palais pour les grands gourmets, la truffe, préparée par de vrais cordons bleus à des sauces raffinées, est réservée à une rare clientèle au porte-monnaie gras et épais.