|
![]() ![]() ![]() ![]() Le crédit à la
consommation est un mode d'une extrême banalité. En Algérie, il apparaît comme
une grande innovation.
L'Economie algérienne continue de délivrer des signaux contradictoires. Le gouvernement tient, d'un côté, un discours supposé renforcer le marché, en plaidant pour une démarche devant favoriser un rapprochement vers les normes commerciales ; mais, d'un autre côté, il multiplie les initiatives permettant à la bureaucratie de restaurer sa mainmise sur l'Economie du pays. Avec le virage menant à l'année 2016, de nombreuses mesures confortant cette impression d'absence de cap ont été annoncées. Ainsi, trois ministres se sont retrouvés, le 31 décembre, pour signer un arrêté interministériel réhabilitant le crédit à la consommation. Le ministre de l'Industrie Abdessalam Bouchouarb, le ministre du Commerce Bakhti Belaïb et le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, ont uni leurs efforts, sous l'œil vigilant de Abdelmadjid Sidi-Saïd, pour revenir à une situation qui n'aurait jamais dû être abandonnée. Avec un résultat étonnant: l'Algérie donne cette fâcheuse impression d'avoir effectué un immense progrès, alors qu'elle revient, à peine à la normalité, en réhabilitant un mode de transaction, le crédit à la consommation, d'une extrême banalité. Les dirigeants du pays savent-ild qu'ailleurs, plus personne n'achète un véhicule neuf en payant au comptant ? Savent-ils que durant la période où le crédit à la consommation était interdit, la plupart des firmes automobiles, en crise, offraient des véhicules à crédit, à taux zéro ? A CONTRETEMPS Autre curiosité du calendrier : le crédit à la consommation a été abrogé, en 2009, à la veille d'un boom des recettes extérieures du pays ; il est réhabilité en 2016, au moment où le pays ne sait pas si ses recettes extérieures vont couvrir la moitié de ses importations. Ce qui montre que la décision a été prise à contretemps, et qu'elle est dictée par des considérations autres qu'économiques. Pourtant, le crédit à la consommation a toutes ses justifications. Dans le monde entier, il est devenu une norme de gestion essentielle. En Algérie, il va, au moins, permettre aux ménages d'acquérir à tempérament, certains biens qu'ils ne pourront payer cash, en raison de la baisse des revenus qui se profile. C'est, aussi, un indicateur incontournable de l'état de l'Economie et de l'état de marché. Il a pourtant fallu plus d'une année pour y revenir, avec une bureaucratie qui voulait, coûte que coûte l'encadrer. Finalement, l'administration a été obligée de revenir à des notions simples : elle n'a pas retenu un taux d'intégration minimum, se contentant de dire que le produit devra être, partiellement, fabriqué ou assemblé en Algérie. CONTROLE DU MARCHE Mais l'administration n'a pas tout lâché. Des banquiers, interrogés par la presse, ont répondu qu'ils attendaient «les instructions de la tutelle». Autrement dit, ce ne sont pas les banques qui vont définir les modalités de crédit, selon les règles de la concurrence ; c'est encore l'administration qui va leur fixer le mode opératoire, réservant à chaque établissement sa part de rente. Plus spectaculaire encore, l'introduction de licences d'importation marque une offensive prononcée de l'administration contre le marché. Plutôt que d'agir sur le taux de change, le crédit, les droits et taxes, et les encouragements de toutes sortes, leviers traditionnels utilisés par tous les gouvernements du monde, l'Algérie préfère distribuer des bons d'importer. La méthode risque de déstabiliser le marché, en créant un écart important entre offre et demande. Cela risque même de déboucher sur des pénuries. Ponctuellement, de telles mesures peuvent servir. Après tout, l'administration Obama a bien nationalisé des banques géantes béantes pour éviter qu'elles ne s'écroulent. Mais en Algérie, ces mesures sont prises de manière velléitaire, sous la contrainte, jamais par choix politique et économique. Elles donnent, alors, une étrange impression d'aller à contresens de ce que dit le gouvernement. Ainsi, l'exécutif a déployé des trésors d'imagination pour ouvrir la voie à la privatisation d'entreprises publiques. Mais dans le même temps, il a repris El-Hadjar, et annoncé le renflouement de la SNVI pour un milliard de dollars. Quel est son vrai choix ? A-t-il un choix, ou se laisse-t-il entraîner par les éléments ? |
|