Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Comment trouver le courage pour franchir le mur de nos peurs et prendre les initiatives nécessaires ?

par Abdelkader Khelil *

Si malgré des moyens colossaux mobilisés depuis l'année 2.000 les résultats de notre dynamique de développement restent en deçà de nos espérances, c'est que nous sommes pris de panique et effrayés à l'idée de franchir le mur de la peur et de la prise du risque pour rejoindre le camp des sociétés réellement productives et émergentes.

Si nous en sommes là, force est d'admettre que nos gouvernants semblent continuer à ne pas croire en l'immense gisement de ressource humaine dont nous disposons et qui a été mis en « jachère », alors qu'il représente un atout formidable capable de relever de nombreux défis, pour peu qu'on le valorise et qu'on lui fasse confiance. Oui ! Tout ce passe comme si nous étions paralysés par cette peur de voir changer notre statut pour devenir des citoyennes et des citoyens d'un pays réellement émergent et de pouvoir garder cette position honorable exclusivement par le travail dur, alors que nous sommes devenus « accros » et prisonniers de la facilité du gain, l'assistanat et de son corollaire : le manque d'initiatives, le farniente et/ou la paresse. Et rien n'y semble faire ! Nous sommes comme en quelque sorte tétanisés à l'idée que nous puissions ressembler un jour aux habitants de ces pays qui vivent pour l'essentiel de leurs activités productives, en un mot, d'autres ressources que celles issues de la rente pétrolière et gazière, c'est-à-dire d'activités qui font appel aux métiers manuels, les seuls en mesure de faire perler nos fronts en sueur comme c'est le cas chez nos voisins, pour ne citer que ceux qui nous sont les plus proches.

À défaut de cette volonté à se remettre en question et de se mettre au diapason du travail, tel qu'il est pratiqué selon les usages et les standards universels en réhabilitant les métiers manuels, parce que pris par cette peur qui nous empêche de nous assumer et de nous prendre en charge, nous continuons à tout faire pour retarder cette échéance. Nous sommes, il est vrai, encouragés en cela par des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics à travers les interventions des agences budgétivores de l'ANSEJ, et de la CNAC et l'octroi d'autres avantages qui sont démobilisateurs et peu incitatifs car couvant toutes celles et tous ceux parmi nous, qui appréhendent les difficultés des tâches pénibles et refusent d'appliquer le principe du « lève-tôt », c'est à dire tous les adeptes des gains et des profits faciles. C'est ce que je disais il y a de cela 10 mois dans un article publié dans le Quotidien d'Oran, en date du 29 janvier 2015 ! Mais hélas, il n'y a point d'oreilles attentives pour écouter cette « complainte » bien que partagée pourtant par bon nombre d'experts et de gens tout simplement censés disposant du sens de la mesure, alors que las de rabâcher des vérités si évidentes ! Mais pourquoi sommes-nous si réfractaires aux propositions de sortie de crise ? Mystère et boule de gomme, comme qui dirait, suis-je tenté de répondre !

L'état second de notre inconscient !

Et puis rien ! Oui ! Rien n'a changé tout au moins de façon significative au regard de la dépense publique conséquente et nous avançons toujours tels des « somnambules » allégrement et comme si de rien n'était, tout droit vers le mur ! Aucune réaction ni à cet article, ni à bien d'autres contributions apportées par des spécialistes dans différents domaines ! Aucun signe annonciateur d'un changement notable ne pointe à l'horizon tel une lueur d'espoir de nature à rehausser notre moral, sinon que des gesticulations insignifiantes et surtout des pugilats indécents et immoraux dans les sphères dominantes. C'est dire que tout est fait pour ternir encore davantage l'image de notre pays! En guise de réponse à nos inquiétudes, à nos préoccupations et à nos sonnettes d'alarme, c'est le silence assourdissant et méprisant des omnipotents décideurs ! Tout semble démontrer que nos gouvernants, n'ont que faire de toutes ces contributions, analyses et réflexions utiles alors qu'elles n'ont pour unique et seul objectif, que de contribuer à apporter un éclairage nouveau de nature à faciliter à notre société, la sortie de l'état d'enlisement dans lequel elle s'est empêtrée. À croire que ce n'est pas là la priorité de ceux d'en haut !

Cette « société savante » de la cime, qui semble vouloir encore se passer du travail d'analyse de l'expertise et du regard critique de celles et ceux formés au prix de lourds sacrifices, et disposés pourtant à se mettre au service de leur pays. Leur contribution n'a pour objectif ni la recherche de dividendes ni celle de positions de prestige, mais d'assumer leur devoir de citoyennes et citoyens pour s'acquitter d'une dette qui pèse sur leurs épaules. Parce qu'ayant eu cette chance de capitaliser des expériences utiles, et dont les compétences avérées sont prisées et reconnues beaucoup plus à l'outre-mer que chez nous. Ils sont la conscience active de cette « Algérie orpheline » qui ne saurait continuer à évoluer indéfiniment dans la médiocrité ambiante et asphyxiante, les fenêtres nécessaires à son oxygénation sont restées à dessein hermétiquement closes ! Le confort bien qu'éphémère, procuré par notre statut de simples rentiers qui fait percevoir temporairement à chacun de nous un revenu à la faveur de la « location » pour ne pas dire l'hypothèque de notre sous-sol aux multinationales occidentales, agit sur nous comme une véritable drogue.      

Elle nous donne cette sensation de « pays riche » et retarde de ce fait notre sortie de l'état second dans lequel se trouve notre inconscient, alors que cette voie reste dangereuse car porteuse de risques, parce que sans issue viable. Pas besoin de se « fouler la rate », sait-on dit, le regard vissé sur les torchères d'Arzew, de Hassi R'mel et de Hassi-Messaoud ! Dans notre sommeil profond, l'État providence veille à notre bonheur, et nos gouvernants ne sont nullement pressés de déranger dans leur léthargie, les « marmottes » que nous sommes devenus, de cette immense « crèche » d'adultes à ciel ouvert, qu'ils ont réussi à faire de notre pays juste pour avoir la paix sociale, à défaut d'être plus imaginatifs, et plus exigeants vis-à-vis d'eux mêmes et de leurs concitoyennes et concitoyens à travers l'élaboration d'un authentique projet de développement inscrit dans la durabilité cette fois-ci, dans des objectifs clairs sous-tendus par la recherche de performances formulées par des contrats-programme que les commis de l'État et tous les autres acteurs se doivent d'honorer sur le terrain! Ce qui veut dire, qu'il va falloir revenir aux fondamentaux de la planification, de l'aménagement du territoire, de la prospective et de la veille stratégique.

Transformer nos erreurs en leçons et nos peurs en courage !

Le maintien de ce « statu quo » sera de plus en plus intenable et difficile à vivre avec la chute vertigineuse des cours du pétrole, la dévaluation du dinar et l'inflation, et il va falloir dégraisser le « mammouth » (selon l'expression de Claude Allègre, ministre de l'éducation dans le gouvernement de Lionel Jospin, et membre de l'Académie des sciences française) ! Alors, nous sommes comme dit un dicton plein de sagesse: «dans cette nécessité de transformer nos erreurs en leçons et nos peurs en courage » !

Oui ! Si nous nous inscrivons dans cette voie, impossible ne serait plus algérien ! De toutes les manières, il faut finir par expliquer à nos concitoyennes et à nos concitoyens, que c'est l'unique issue pour notre salut en tant que nation unitaire et solidaire ! Car en tant qu'individus œuvrant chacun selon ses propres forces, ses astuces de rapine et ses capacités de débrouille, c'est là une tout autre affaire ! C'est le sauve qui peut annonciateur de l'effritement sinon de l'effondrement de la cohésion sociale et de la solidarité nationale !

Que Dieu nous préserve de ce scénario catastrophe à risque majeur ! L'Algérie de ses milliers de braves et de nombreux militants responsables qui la défendent, à l'image du vénérable « Da El Hocine » qui vient de nous quitter (Allah yarhmou), de ses valeureux martyrs toutes générations confondues qui ont misé exclusivement sur la prospérité et le bien-être de leur peuple, mérite mieux ! Alors ! Il va falloir se ressaisir, retrousser nos manches, prendre des initiatives collectives et individuelles et apprivoiser nos peurs pour faire grandir le courage de bâtir ensemble, une autre Algérie plus humaine et plus solidaire !

À propos de cette peur d'oser être semblables à tous ceux qui se font un point d'honneur de faire avancer leurs pays à partir de la libération des initiatives individuelles et collectives, Montaigne disait que « tantôt elle nous donne des ailes ?, tantôt elle nous cloue aux pieds » ? Il faudrait donc accepter de prendre rendez-vous avec elle, d'en faire un vrai allié pour transformer sa vie en dialogue avec elle ? ». Le petit Larousse nous offre aussi, une définition possible, mais qui n'est pas la seule ! Il rappelle qu'il s'agit là, du « sentiment de forte inquiétude, d'alarme, en présence ou à la pensée d'un danger, d'une menace » ! Autrement dit, la crainte que nous portons en nous, serait parfois un appel, un signe fort qui vient à notre rescousse, en nous invitant à nous protéger en agissant à l'amont, c'est-à-dire au plus haut niveau des centres de décisions. Ce regard bienveillant invite à penser que bien au contraire, craindre l'inconnu doit-être un moteur puissant qui nous propulse vers de nouveaux horizons à explorer, pour tendre vers la prospérité partagée qui autorise un bien-être global et une sérénité à l'échelle de notre société appelée à ne plus compter sur l'opulence gazière et pétrolière, en prospectant de nouvelles voies pour son salut. Mais surpasser ses peurs et les apprivoiser pour faire de l'Algérie un pays où l'initiative collective et individuelle au service des citoyennes et des citoyens et le travail productif seront les seuls moteurs de la croissance véritable et durable, ne consiste pas seulement à le faire par décrets et à le décider !

C'est tout d'abord mettre entre parenthèse l'instant d'une mobilisation sans faille pour un sursaut salvateur et surtout durable: l'esprit de clans, les luttes de chapelles, les chicaneries, les palabres stériles et sans fin, les animosités, l'invective, les faux problèmes et toutes ces tentatives grossières de groupes d'individus, animés par des desseins opaques, pas très clairs et certainement sans retombées positives pour un pays qui est dans l'obligation impérieuse de corriger au plus vite sa trajectoire, en mobilisant toutes ses forces et tous ses moyens sans exclusive aucune ou sectaire! Les cours dérisoires du pétrole viennent sonner le glas de la fin du tout-État, et par conséquent celle de la « récré » si nous voulons être conséquents avec nous-mêmes ! En cette période annonciatrice sans aucun doute d'une récession économique et sociale, il vaut mieux apprivoiser et surmonter nos peurs du travail, de l'effort, du risque calculé, plutôt que de passer notre temps à vouloir les fuir, et faire de la sorte que grandissent le courage, la ténacité et l'ardeur au travail productif. Cette façon de faire, n'est-elle pas la seule voie responsable qui mène à la confiance en soi et à l'épanouissement de la personnalité algérienne, fortement dépréciée au fil du temps à l'ombre des largesses de l'État providence et de ses inconséquences ? Nos peurs sont de mauvais guides et de mauvaises conseillères lorsqu'elles prennent la barre de nos destinées, s'érigent en style de gouvernance du compromis et nous empêchent de réfléchir et d'avancer !

Il n'est jamais trop tard pour se ressaisir et bien faire !

C'est pourquoi, nous ne devons plus avoir peur pour engager par exemple, de véritables réformes pour une école sinistrée, et nul n'a le droit de prendre nos enfants en otages! Nous devons appliquer la loi dans toute sa rigueur pour combattre sans complaisance la violence dans cette institution républicaine.

Il faut le dire et le redire autant de fois que nécessaire ! Tout commence et finit par l'éducation, et l'école se doit d'être, la première priorité parce qu'elle est l'indicateur majeur qui donne le sens de la mesure des actions entreprises par les pouvoirs publics, pour faire en sorte que le rêve d'une nation déterminée à s'en sortir (si elle le souhaite bien évidemment) puisse devenir réalité un jour.

Il faut avoir le courage de l'affirmer tout de go ! Le problème de l'école est celui de l'absence d'un projet de société et tout doit commencer par cette question qu'on doit se poser à haute et intelligible voix et sans aucune arrière-pensée.

Quelle école voulons-nous construire et développer pour la société de demain ? Oui ! C'est la configuration du monde de demain qui déterminera les contours du projet de l'école à laquelle aspirent tous les parents soucieux de donner à leurs enfants la meilleure éducation possible.

Cette école de la compétitivité, de l'excellence et du challenge, celle à laquelle aspire toute société déterminée à se frayer un chemin dans la voie du progrès, est celle qui sied le mieux aux intérêts des générations futures. C'est à partir de là que tout le reste se décline : la nature et les volumes des programmes pédagogiques appropriés, les profils de formation du corps enseignant et son évaluation périodique, la gestion administrative des carrières, le système d'orientation des élèves en fonction de leurs capacités intrinsèques, réduisant ainsi le fort taux d'échec scolaire, etc.

Mais après tout, y a- t-il une vie qui vaille la peine d'être vécue sans peur et sans risque ?

Avoir peur de ne pas être à la hauteur est la base de toutes nos peurs. Certes, avoir peur de l'échec est un sentiment tout à fait naturel ! Mais laisser cette peur inhiber toute initiative et empêcher la réalisation des rêves d'une nation qui aspire au progrès et à la prospérité partagée est une tragédie.

Le stress qu'elle peut induire n'est- il pas dans certains cas, fort utile pour alerter d'un danger comme celui que pourrait faire naître le réchauffement climatique qui dans notre cas sera induit plus par le processus actuel de la sécheresse et de la désertification que véritablement par de grandes émissions de gaz à effet de serre ?

C'est cette peur justement perçue dans les années 70, d'une steppe dégradée en voie de désertification et d'une société pastorale déstructurée devenue migrante vers les régions du Nord, qui a fait prendre la décision idoine de l'ambitieux projet du « barrage vert ». Il est vrai qu'à cette époque des milliers de jeunes et des hommes responsables savaient transcender leurs peurs pour les transformer en courage et initiatives créatrices, trainant dans leur sillage bien des pays africains autour de ce projet école qui a épaté plus d'un ! Quel dommage que cette peur n'ait pu survivre à ses initiateurs civils et militaires!

L'Algérie aurait eu, en la réussite d'un tel projet, une raison de valider avec éclat et fierté son expérience qui aurait pu être citée en exemple à suivre et aurait même pu prétendre à la palme d'or, à l'occasion de la 21ème Conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la (COP21), tenue à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Hélas ! Nous nous sommes contentés comme d'habitude, d'un rôle de figurant ne disposant même pas d'un stand. Et oui ! C'est vrai qu'avec le charme de Paris, les nôtres ont le plus souvent la tête ailleurs !

À l'inverse, le Maroc plus présent à travers sa délégation dans les coulisses, plus offensif et sachant faire du lobbying à hauteur de ses ambitions de modernité, fort de son expérience dans la maîtrise des énergies nouvelles où il est en passe de devenir le leader en Afrique, ( 50% de ses besoins en électricité seront produits en 2025, à partir de ces énergies) et de son engagement à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (réduction envisagée de 32% disent ses experts) a eu droit à tous les égards et les sollicitudes, gagnant ainsi ses « galons » de futur pays organisateur de la Conférence climat (COP 22) de 2016, manifestation de nature à attirer des crédits avantageux, des investissements, un témoignage d'un pays en mouvement et de la notoriété à l'échelle internationale. S'il en est ainsi, c'est qu'il a réussi à vaincre sa peur de manquer un jour d'électricité ! Et de l'obscurité de cette peur, a donc jailli la lumière ! Avec une capacité totale de production d'électricité de 580 mégawatts (MW), le parc d'Ouarzazate deviendra le «plus grand complexe d'énergie solaire au monde», selon ses concepteurs. Il devrait être à même de fournir de l'électricité à un million de foyers.

Le parc solaire « Noor1» sera une vitrine pour le Maroc qui doit accueillir fin 2016 la 22e conférence mondiale sur le climat. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, l'Algérie était ce pays des sensations fortes qui ont laissé pantois bien des connaisseurs et des initiés ! Et c'est cela qui doit nous interpeler ! Anticiper sur ce phénomène climatique majeur équivaut à reprendre cette expérience de façon plus soutenue pour inscrire nos régions « Hauts-Plateaux » dans un écrin dense de verdure, d'aménagements et de protection d'espaces steppiques, de ceintures vertes autour et à l'intérieur des villes afin de lutter efficacement contre la désertification et préparer les conditions de redéploiement futur des populations à partir des grandes villes qui ont déjà atteint leurs limites tolérables de croissance.

Tout cela est possible dès lors que de grands projets structurants sont en cours de réalisation. Il s'agit juste d'oser, de prendre les initiatives nécessaires, de surmonter nos peurs, et de réorienter nos efforts sur des projets essentiels à notre survie, et d'utilité publique avérée !

Exemples de peurs apprivoisées !

Souvenez-vous de la prestation de cette équipe algérienne qui a fait en l'espace de trois grands et authentiques matchs de foot, le consensus d'admiration comme unanimement validé par les professionnels de la presse sportive internationale et par de grands managers de puissances footballistiques mondiales. Dire cela avec fierté, c'est apprécier à sa juste hauteur, l'exploit généreusement accompli par cette pléiade de jeunes joueurs talentueux qui auront contribué à corriger quelque peu, cette approximation géographique de : « entre le Maroc et la Tunisie » généralement usitée par les étrangers, lorsqu'il s'agit de positionner notre pays. Grâce à nos jeunes, l'on se rappellera cette fois-ci de cette entité géographique du Maghreb qui est notre pays, désormais assimilé à : « Algérie battante » avec un grand « A » tout au moins dans ce domaine, capable de gagner des défis quand le cœur est mis à l'ouvrage, et quand il s'agit de prouver à soi-même, que nous ne sommes pas si différents des autres et encore moins, que nous ne voulons pas être ce conglomérat d'individus sans intérêt et sans ambitions créatrices auquel on veut nous assimiler, à tort ou à raison. Oui ! La peur de gagner, cette phobie bien nationale, voire arabe (guerre du Sinaï contre Israël) a été vaincue, comme démontré sur le terrain par cette pléiade de jeunes revigorés par leur coach bosniaque, pour avoir enfin compris que chez ceux qui avancent, la différence se fait par l'offensive habilement orchestrée par un esprit stratège, qui a su leur inculquer l'esprit de la gagne ! C'est là une règle vérifiable non seulement dans le domaine du sport, mais aussi, dans celui de la stratégie militaire et de l'économie. Si ces jeunes ont osé porter la barre au plus haut niveau de la performance du huitième de finale de la coupe du monde, c'est que la hargne de la gagne a été cette fois-ci au rendez-vous ! C'est là surtout, une victoire sur notre peur, habitués que nous étions à bivouaquer ou à errer au milieu du champ de l'action, tous sports et bien d'autres choses confondues, par peur d'avancer dans le camp adverse. Oui ! Le moteur « turbo-jeunes » de l'Algérie d'aujourd'hui, plus que celle d'hier, a besoin de bons « mécanos » pour extérioriser toute sa puissance et sa mise en rallye sur les circuits de la vraie mesure de la performance, de l'effort soutenu et de la compétition. Mais comment une telle évidence n'a-t'elle pas pu encore être comprise ?

L'autre exemple est celui de la modernisation de l'administration locale qui a connu en 2015, faut-il le reconnaître, une accélération sans précédent à travers une série de mesures visant l'amélioration du service public par l'allègement des procédures administratives, la décentralisation de l'établissement des documents biométriques et la généralisation de l'administration électronique. C'est parce que les initiateurs de ce projet majeur ont fait fi du risque de paralysie de la machine administrative par des esprits réfracteurs au progrès et à la modernisation des outils et modes opératoires qu'il a été possible d'assurer : la numérisation des registres de l'état civil, la création d'une base de données fiable de l'état civile, du registre électronique national (opérationnel à partir de février 2015), le retrait du certificat de naissance spécial « 12S » à l'échelle nationale et de nos consulats à l'étranger, le retrait de la carte grise et du passeport biométrique au niveau des différentes APC de notre vaste pays. De même l'exploitation du registre électronique de l'état civil a permis la correction de près de 13.000 erreurs, et les citoyens sont unanimes à saluer ces nouvelles procédures et ces documents dont le retrait relevait du véritable parcours du combattant, il y a de cela une année, avant le dépassement de la peur du changement et du progrès. Alors ! Oui ! Il y a tant de choses à faire pour inscrire la joie dans la continuité de l'action qui interpelle la collectivité nationale dans toutes ses composantes.

L'essentiel faut-il encore le souligner, est que nous puissions tirer les enseignements pour mieux avancer à l'avenir. C'est cet état d'esprit qui doit prévaloir dans la conduite des affaires publiques, tous secteurs et activités confondus.

En cette fin d'année, je formule le vœu que notre pays soit porté par la force des bras et de l'intelligence de sa ressource humaine d'ici et d'ailleurs ! Que cette élite soit enfin et durablement mise à contribution : pour restaurer notre système éducatif, pour faire de nos universités et de nos instituts de formation la locomotive du développement, pour asseoir une authentique politique publique de santé, pour amorcer la reconstruction de notre tissu industriel délabré et démantelé par les partisans de l' »import-import », pour valoriser nos immenses potentiels et atouts en faisant du développement des secteurs du tourisme, des services productifs et de l'agriculture des alternatives d'anticipation et de solutions durables à l'ère de « l'après pétrole ». Tout cela est à notre portée, si l'on songe à faire du triptyque : éducation, formation, emploi, l'ossature véritable de notre politique de développement à moyen et long termes. Bonne année à toutes et à tous, et que vive l'Algérie de l'initiative, du courage, des solidarités réelles et de la confiance en sa jeunesse et ses élites?

* Professeur