
La centrale syndicale est sur le point de lancer un vaste processus
pour que le cancer soit considéré comme une maladie professionnelle. C'est ce
qu'a déclaré hier samedi à la radio nationale Achour Telli, secrétaire national
chargé des conflits sociaux auprès de l'UGTA. La position de la centrale
syndicale vis-à-vis de cette pathologie, et particulièrement sa volonté de
l'inscrire comme une maladie professionnelle, est une démarche qui devrait
recueillir une large adhésion des travailleurs. Selon Achour Telli,
?'l'objectif est d'engager une charte pour prendre en charge l'ensemble des
femmes dans les entreprises publiques et privées et introduire cette action au
niveau de la médecine du travail''. Il précise encore plus sa pensée en affirmant
que ?'l'UGTA va tout faire pour engager ce processus avec l'association El
Amel, et engager un travail avec le gouvernement''.
''On compte instaurer ce processus de prise en charge des femmes
travailleuses au niveau des entreprises par la médecine du travail'',
précise-t-il. Le dépistage du cancer en milieu de travail est une proposition
qui vient après des années de travail des professionnels et des praticiens pour
que cette maladie soit dépistée et suivie en milieu professionnel. Hier samedi,
un séminaire a été organisé à Alger justement pour inciter les femmes
travailleuses à aller faire des consultations pour dépister la maladie, ensuite
prendre en charge précocement son traitement. Sur cette question, il s'agit dès
lors d'un travail à trois, entre le ministère du Travail, le ministère de la
Santé et la centrale syndicale, avec comme objectif d'unifier et de fédérer
leurs moyens pour un dépistage et donc un traitement précoces de la maladie,
selon des experts. D'autant que la prolifération de la pathologie, en
particulier chez les femmes de moins de 40 ans, est devenue inquiétante. C'est
une des raisons qui ont amené M. Achour Telli à proposer au gouvernement à
travers le ministère du Travail pour que le cancer soit dorénavant considéré
comme maladie professionnelle, et traité en tant que tel, avec toute la prise
en charge nécessaire par les institutions sanitaires et les entreprises
employeuses. Car en Algérie, il est urgent de fédérer les efforts et les moyens
pour lutter contre cette maladie : on estime à plus de 40.000 nouveaux cas de
cancer enregistrés chaque année. Et, le plus fréquent et le plus mortel est le
cancer du sein, qui représente la première cause de mortalité chez les femmes.
Le cancer du sein touche en fait près de 10.000 femmes chaque année, et 3.500
décèdent annuellement, soit 10 femmes par jour. Pis, plus de 12% des femmes
atteintes du cancer du sein ont moins de 35 ans, alors qu'au niveau mondial, ce
taux est de 2%. Citant l'Organisation mondiale de la santé, le cabinet conseil
Oxford Business groupe (OBG) indique que le taux de prévalence du cancer en
Algérie est passé de 80 cas pour 100.000 personnes dans les années 1990 à 120
cas en 2008 et devrait atteindre 300 cas pour 100.000 personnes au cours des
dix prochaines années et enregistrer un taux comparable à ceux que l'on
retrouve aux Etats-Unis, au Canada et en France. Un autre chiffre révélateur de
l'expansion de cette pathologie est mis en avant par OBG. Avec la mise en place
des nouvelles structures hospitalières de prise en charge des cancéreux
promises par le ministre de la Santé, le dépistage obligatoire au niveau des
entreprises publiques et privées du cancer devrait permettre une meilleure
prévention de la maladie. Sa classification comme maladie professionnelle sera
également un pas en avant pour une amélioration notable de la prise en charge
des malades atteints par cette maladie. Et faire évoluer en même temps la
médecine du travail en Algérie.