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En dédiant ses biens en
tant que ?'Waqf'' l'avocat nationaliste Omar Boukli Hacène était dans
l'intention d'en faire, après sa mort, en 1968, un lieu consacré à la science
et à la culture. Son legs de piété traduisait d'une manière sublime l'amour et
son attachement à son pays. Malheureusement, quarante années après, son rêve
continue d'être déçu. Aux termes de son testament, il stipulait constituer en
tant que habous ses biens composés d'une villa de
maître et un bain traditionnel lui garantissant de ressources et sa viabilité
ad mortem. Ce waqf d'un geste vertueux et noble qui
doit susciter encore des exemples aujourd'hui n'a pu se départir de l'embarras
des contraintes administratives dues à l'insouciance envers la chose publique
qui l'ont empêché d'exister réellement au profit des citoyens. Ce waqf, certes, constitué d'une maison de maître sur un
terrain de près d'un hectare est par ailleurs doté d'une très riche
bibliothèque dont des manuscrits rares et des œuvres d'art. Un bain
traditionnel lui est rattaché, prévu par le généreux donateur, dans le but de
subvenir à ses besoins de fonctionnement du waqf.
La société civile à qui échoit, selon la loi canonique, de gérer cette fondation par un conseil d'administration a échoué à plusieurs reprises dans ses tentatives de prise en charge de ce waqf perpétuel et complet. Il est à rappeler que ce waqf est situé aux abords de deux sites historiques d'une grande importance religieuse, à savoir l'ermitage de ?'Ribât el-Eubbad'' et du village de Sidi Abou Madyan. Le Ribât datant de l'époque almoravide, fut connu en tant que foyer de rayonnement de l'Achaarisme, doctrine combattue par les Almohades ce qui entraîna en conséquence sa destruction, sous le règne de Abdelmoumen Ben Ali, au XIIe siècle. De ce village qui comptait cinq mosquées devenu ensuite cimetière, il n'en reste plus que quelques traces rescapées du temps des Almohades avec, plus tard aussi, des rasements dus à la construction du lycée Yaghmoracen qui ont entraîné la disparition du mausolée de Bensalam Tidjani fils du fondateur de la Târiqa ?'Tidjani'', mort lors d'une résistance face aux troupes ottomanes. Des derniers vestiges de ?'Ribat el-Eubbad'' subsistent toujours le minaret d'une mosquée, ainsi que les ruines de l'autre mosquée celle au nom du savant Abou Ishak Ettayar? Le site archéologique de ce village suscite encore l'intérêt des chercheurs pour des fouilles mais suite à ce jour pour l'organisation de fouilles archéologiques pour, notamment, le dégagement des structures de la mosquée almoravide dont l'emprise fut empiétée lors de la construction d'un centre de formation. En 2011, ce bien ?'waqf'' fut rattaché à la direction des affaires religieuses inaccessible toujours au public désigné comme étant une de ses structures effaçant, à son entrée, le nom du donateur et grand mécène maître Omar Boukli Hacène. L'avocat donateur figure comme parmi les grands hommes qui ont illustré l'épopée du nationalisme de la première heure en Algérie et ce, aux côtés de l'émir Khaled, Messali Hadj et Ferhat Abbès. Cette demeure fut un lieu de rencontre et foyer d'accueil de grands intellectuels français et algériens en visite à Tlemcen dont Malek Bennabi, Jacques Berque, Benoît Mechin, Jean Louis Massignon? Maître Boukli Hacène Omar nationaliste, passionné de culture est fondateur du Croissant Rouge Algérien en 1957 à Tanger. Son geste de piété est fidèle à l'ancrage des gens du bien ?'Ahl al-khir''. Malheureusement, son rêve continue d'être déçu voyant le sort aujourd'hui réservé à son habous, en dehors de son souhait ad mortem. |