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Les
biens habous ont joué un rôle important dans le
fonctionnement des institutions religieuses et d'enseignement. Tlemcen était
réputée pour ses médersas, à l'époque médiévale. Leur rayonnement était dû,
surtout à la qualité des grands savants qu'elles n'ont cessé de produire et
d'attirer et cela du fait de leur prise en charge, étant donné les ressources
que possédaient, chacune d'elles, provenant des habous
qui leur étaient rattachés, constituées en magasins, terres agricoles... La
colonisation mit fin, dès l'occupation de la ville en 1842, à l'existence de ce
patrimoine. Coupés de leurs ressources les médersas, les katatib,
les mosquées et tout l'enseignement gratuit qui y était dispensé finissent par
être abandonné.
La destruction de la célèbre medersa Tachfiniya en 1871 allait provoquer, également, un coup d'arrêt définitif à la prestigieuse épopée culturelle et intellectuelle de cette ville où les habous ont participé, à l'origine de son prestige de centre religieux et scientifique, pendant des siècles étaient partout par la volonté de mécènes et de bienfaiteurs. Un moment qui a construit la solidarité, ses valeurs, et enrichi l'héritage religieux de notre pays, offrant ainsi de beaux exemples de ferveur religieuse et patriotique. Parlant des habous, on ne peut évoquer la situation des fondations créées post-indépendance et dont le sort n'est pas réglé, depuis des années. Vu la place qu'accorde la loi religieuse à de tels biens destinés à la bienfaisance et à la solidarité, il est malheureux de constater, après plusieurs années, la situation d'abandon, loin de la destination testamentaire qu'elle aurait dû être la leur, dans laquelle ils se trouvent, malheureusement, juge-t-on, parmi les habitants . Le cas des biens légués par l'avocat nationaliste Boukli Hacène Omar, un homme pétri de culture traditionnelle, membre fondateur du Croissant-Rouge algérien, à Tanger, en exil, est particulièrement édifiant pour évoquer la question. Un geste de générosité et de partage qu'il a tant médité consultant les autorités religieuses pour leurs avis déclinant enfin, sa volonté dans un acte notarié enregistré et publié dans les formes légales, destinant son bien soit à l'enfance abandonnée ou son rattachement à Sidi Boumédiène, servant de lieu incubateur au profit de la Culture. Ni l'une, ni l'autre destination ne fut réalisée voilà près de quarante années, après la disparition du légataire. Entre temps, tous les biens meubles faisant partie de ce legs (bibliothèque, manuscrits, pièces d'art?) ont été dilapidés, sans souci, pour ce bien ?ad mortem', de piété. Des membres de la bonne société civile en marge ont, en vain, manifesté leur volonté pour le gérer en tant que fondation mais du fait de la bureaucratie pesante, par là même paralysante, des initiatives à défaut d'une politique réelle participative cible de nombreux commentaires et en l'absence d'une administration réactive proche des citoyens et d'élus compétents, ayant conscience, véritablement, des pulsions de la société en vue du développement et du progrès dans cette région d'un riche patrimoine de signes et de symboles ayant beaucoup œuvré pour le sentiment national. Cette situation n'a pas été sans décourager plus d'une âmes charitables, dans leur enthousiasme patriotique qui y ont vu là un fait «blâmable» au sens religieux du terme. Il y a le cas de cette fondation «Lachachi Mohamed Belhadj » unique en son genre, initiée par ce donateur descendant d'une famille de grands mécènes et qui, voulant participer à une œuvre charitable a décidé, bien avant sa mort, il y a deux années, de mettre son projet à exécution, pourtant totalement prêt, à l'ouverture, en veilleuse aujourd'hui, en attendant? Cette fondation est un exemple unique. Il est l'expression d'un acte d'une grande humanité voué à la Culture et, cela dans un esprit de charité exprimant, par là, ses sentiments profonds de solidarité et de dévouement en faveur du progrès de la société. En trois étages, elle est équipée de moyens les plus sophistiqués dont une bibliothèque dotée de près de 40.000 ouvrages et de manuscrits rares acquis avec l'aide des universitaires dans l'anonymat. Cet acte et d'autres traduisent les sentiments profonds de spiritualité et d'élévation d'âme de ce philanthrope malgré les difficultés rencontrées, les idées nourries à l'égard de son projet sous les thuriféraires du parti unique et le glaive de la bureaucratie, dans le verrouillage et cela, en attendant l'émergence d'une véritable société civile de représentation et de représentativité dont le champ est encore rétréci et un réengagement citoyen, dans la vie politique. |