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L'accompagnement des demandeurs d'emploi

par M. T. Hamiani*

Actuellement, l'insertion professionnelle est au cœur des discours sociaux et politiques afin de lutter contre le chômage et l'exclusion des publics précarisés. Depuis quelques années, l'insertion professionnelle est devenue de plus en plus compliquée (importance accordée au diplôme, augmentation du niveau de qualification, demande de compétences élevées, etc.) pour les jeunes adultes et, plus spécifiquement, pour les personnes peu qualifiées ou fragilisées par une situation personnelle difficile.

Face à ces difficultés d'insertion, plusieurs services d'aide sont mis en place pour remédier à cette situation et pour aider les personnes à s'insérer sur le marché du travail.

Récemment, le marché du travail a été sujet à de nombreuses mutations : mondialisation, récession économique, élévation du niveau de qualification, nouveaux modes d'organisation du travail, nouvelles technologies, évolution politique, etc. Complexe par sa constante évolution, il engendre un sentiment d'insécurité professionnelle chez les chômeurs. En raison du taux de chômage élevé, le marché du travail représente une forte préoccupation. Des services de placement et d'insertion sont donc mis en place pour parvenir à mettre un maximum de personnes à l'emploi en tentant d'améliorer l'adéquation entre l'offre et la demande.

L'aspect démographique et le rajeunissement de la population influencent aussi le marché du travail. En effet, le nombre de jeunes sur le marché est en constante augmentation notamment les diplômés universitaires.

Cette difficulté d'insertion est liée d'une part à leur manque d'expérience et, d'autre part, à une moins grande maîtrise des techniques de recherche d'emploi. De plus, les difficultés économiques actuelles entraînent une diminution des offres d'emploi pour des profils peu qualifiés. Quant au taux de chômage élevé des jeunes, il est causé à la fois par la croissance démographique et les problèmes économiques. Face à ces obstacles d'insertion, l'accompagnement des demandeurs d'emploi dans leurs recherches prend tout son sens car il permet aux personnes d'apprendre des techniques de recherche d'emploi et surtout de construire un projet professionnel réaliste qui prend en compte les particularités du marché.

Un autre facteur déterminant du chômage est le faible niveau de qualification des demandeurs d'emploi. L'importance du diplôme et une expérience dans la recherche d'un travail sont de plus en plus présentes. Dans la plupart des secteurs, les besoins en compétences technologiques et informatiques sont grandissants aussi bien dans les métiers dits intellectuels que manuels. Actuellement, même les postes de travail à faible qualification requièrent chez les demandeurs d'emploi de nombreuses aptitudes dans des domaines variés : connaissances informatiques ou brevet spécifique, capacités intellectuelles plus élevées (lecture, rédaction de bons de commandes, esprit logique, etc.). Les personnes moins qualifiées ou sans expérience risquent donc davantage de connaître le chômage de longue durée. Pour ces personnes, un accompagnement semble d'une grande utilité afin de les aider à identifier les qualifications et les compétences qui leur manquent pour décrocher un emploi et pour les inciter à persévérer dans leurs recherches.

Les politiques actuelles de l'emploi mettent l'accent sur les mesures d'activation et d'incitation au travail. On constate que l'accompagnement est à la base de ces stratégies d'activation des personnes sans emploi. Tous les experts mettent en évidence que l'accompagnement doit être de plus en plus présent dans notre société pour faciliter notamment l'insertion. Cette notion d'accompagnement est ambigüe car elle englobe une grande diversité de situations et s'applique à des contextes variés et très différents les uns des autres (accompagnement psychologique, d'un changement, etc.). Dans le cadre des politiques de l'emploi, l'accompagnement apparaît comme un moyen de lutter contre le chômage. L'objectif est de responsabiliser les demandeurs d'emploi afin d'en faire les acteurs de leur propre devenir en les amenant à construire eux-mêmes leur parcours vers l'emploi.

L'accompagnement vise à améliorer les capacités des demandeurs d'emploi à retrouver du travail. Cette aide permet de mieux démarcher les entreprises susceptibles d'embaucher, de mieux entrer en communication avec un employeur potentiel (aide dans la rédaction du curriculum vitae, de la lettre de motivation, préparation à un entretien d'embauche

etc.) et de définir un projet professionnel réaliste. Autrement dit, les offres de services d'aide mis en place apprennent aux demandeurs d'emploi à surmonter les difficultés rencontrées dans leurs démarches de recherche comme il est important de souligner que l'accompagnement vise l'autonomisation et la socialisation sur base d'une individualisation.

La personne qui accompagne le demandeur d'emploi est présente pour l'écouter, pour instaurer une relation fondée sur la confiance, la confidentialité, l'échange et la clarté des objectifs, pour progresser avec lui dans l'élaboration de son projet professionnel prenant en compte ses caractéristiques personnelles et la réalité du marché du travail. Cette pratique se fonde sur une conception de la personne «en construction» avec une capacité d'autorégulation. L'accompagnant doit être en position de retrait pour permettre au demandeur d'emploi de s'exprimer et d'advenir. On constate donc que ce type d'accompagnement se caractérise par la guidance.

Les dispositifs d'accompagnement à la recherche d'emploi se fondent sur deux principes. Tout d'abord, l'accompagnement doit être contractualisé c'est-à-dire que les conseillers à l'emploi s'engagent à suivre les demandeurs d'emploi dans leurs démarches et de leur côté ceux-ci doivent rechercher activement un emploi. Ensuite, l'accompagnement doit être individualisé en fonction des besoins personnels de la personne.

LES ASPECTS DE RECHERCHE D'EMPLOI

Certains experts définissent les comportements de recherche d'emploi comme le produit d'un processus dynamique qui commence par l'identification et l'engagement à un objectif d'emploi. Cet objectif va générer des comportements de recherche (activités spécifiques pendant lesquelles la personne s'engage pleinement dans sa recherche) afin d'atteindre le but souhaité. Selon les mêmes experts, les comportements de recherche d'emploi varient en fonction de trois dimensions : l'effort et l'intensité de la recherche, le choix des activités menées et la persistance dans la recherche.

La qualité et l'efficacité de la recherche d'emploi dépendent, d'une part, du choix des activités dans lesquelles les personnes sans travail s'engagent, de leur fréquence et, d'autre part, de la manière dont les demandeurs d'emploi entreprennent leurs activités de recherche. Par exemple, la recherche d'emploi sur le net sera d'autant plus efficace si on consulte plusieurs sites de recrutement et si on utilise les mots clés adaptés.

D'autres distinguent deux phases à la recherche d'emploi : la phase préparatoire et la phase active. Dans la phase de recherche préparatoire, les individus récoltent des informations sur des offres potentielles notamment en consultant les annonces et les sites d'emploi ou en discutant avec leur entourage. Lors de la phase active, les individus se servent des informations rassemblées dans la première phase pour postuler aux offres d'emploi qui semblent leur convenir.

Des études ont mis en évidence la nécessité des comportements préparatoires et actifs de recherche d'emploi pour décrocher un travail. Des experts ont notamment testé l'hypothèse suivante : les comportements préparatoires et actifs de recherche d'emploi sont positivement liés à l'obtention d'un travail. Dans le cadre de cette étude, des étudiants universitaires ont été évalués à deux reprises : au moment où ils ont reçu leur diplôme et quatre mois plus tard. Les résultats obtenus démontrent qu'une fois le diplôme décroché, les comportements actifs de recherche d'emploi influent fortement sur l'obtention d'un travail.

Il existe de nombreuses manières de rechercher activement un emploi. Par exemple, en consultant et en répondant aux offres diffusées dans les journaux, sur le net et en s'inscrivant dans les agences locales de l'emploi, en discutant avec son entourage, en téléphonant à un employeur potentiel etc.

Pour améliorer la qualité de sa recherche d'emploi, il faut y consacrer un certain temps chaque jour en se fixant des objectifs clairs afin de cibler les stratégies à adopter pour y parvenir. Le demandeur d'emploi ne doit pas hésiter à solliciter son entourage ou le service public de l'emploi pour obtenir des conseils. Plus particulièrement, il est important que la personne ait conscience que le processus de recherche d'emploi est long et difficile et qu'il est nécessaire de faire preuve de courage pour parvenir à ses fins.

L'entretien motivationnel est une méthode d'entretien individuel qui vise à augmenter la motivation des personnes vers le changement. Autrement dit, c'est un accompagnement qui aide la personne à s'engager vers un changement spécifique. Cette approche est axée sur le demandeur et a pour objectif de renforcer sa motivation intrinsèque en explorant et en résolvant l'ambivalence.

Cette approche propose une nouvelle conceptualisation de la motivation qui s'appuie sur le constat que cette dernière est aussi influencée par le contexte interpersonnel et peut naître de cette interaction.

Dans ce cadre, l'entretien motivationnel semble intéressant à développer car il offre un cadre théorique permettant, d'une part, d'analyser les méthodes d'accompagnement des agences locales de l'emploi et, d'autre part, de mettre en évidence les leviers qui interviennent dans le processus motivationnel. L'accompagnateur peut s'appuyer sur ces leviers pour aider une personne à être motivée ou pour renforcer sa motivation. Autrement dit, cette méthode peut être mise en pratique dans le secteur social, plus spécifiquement par les conseillers d'insertion sociale et professionnelle.

L'entretien motivationnel est un style de communication collaboratif et centré sur un objectif, avec une attention particulière au langage de changement. Il est conçu pour renforcer la motivation d'une personne et son engagement en faveur d'un objectif spécifique en faisant émerger et en explorant ses propres raisons de changer dans une atmosphère de non-jugement et d'empathie. Autrement dit, cet entretien conduit la conversation afin que la personne soit capable d'évoquer un changement pour elle- même en se basant sur ses propres valeurs et intérêts. Dès lors, l'intervenant est unguide : il aide le demandeur d'emploi à explorer ses ressources internes. En effet, les auteurs soulignent qu'une personne a plus de chance d'être convaincue par ce qu'elle s'entend dire elle-même que par la confrontation ou le raisonnement moralisateur d'une personne externe.

Il y a l'engagement dans la relation qui établit un lien aidant et une relation de travail collaborative. Ce lien est fondamental car la qualité de la relation avec le client influe sur les résultats obtenus. En outre, c'est cet engagement qui permet de comprendre le dilemme du demandeur. Les auteurs définissent l'engagement dans la relation comme - le processus d'établissement d'une relation fondée sur la confiance mutuelle et sur une aide respectueuse - Cependant, établir cette relation est compliqué car il faut que l'intervenant trouve un équilibre subtil adapté à la situation. Il doit éviter d'enfermer la personne dans une attitude passive et de provoquer chez elle de la discordance tout en tentant de la convaincre de s'engager vers le changement. Dans le cadre de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, il s'agit d'établir une relation de confiance dès le premier entretien en étant accueillant et en essayant de comprendre ses désirs et ses objectifs. L'accompagnateur peut, si la personne est intéressée de connaître son rôle, expliquer ce qu'il peut lui apporter et l'efficacité de ses services afin de poser le cadre de l'accompagnement.

Ensuite, il y a le processus de focalisation qui permet de s'accorder sur une direction précise pour l'accompagnement en définissant des objectifs accessibles qui correspondent aux attentes de la personne mais aussi aux perceptions de l'intervenant. Celui-ci veille à respecter l'autonomie de la personne et lui laisse le libre choix. Dans le contexte de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, il s'agit de dresser le bilan personnel et professionnel de l'individu afin d'établir un projet professionnel réaliste et réalisable en adéquation avec ses valeurs, ses intérêts et ses ressources. Cette étape doit se faire avec son accord en lui expliquant, au préalable, que c'est une étape importante pour construire son projet professionnel. Bien entendu, il est libre de le mettre en place ou pas.

Le troisième processus de l'entretien motivationnel est l'évocation qui sert à faire émerger les propres motivations du client pour le changement et résoudre l'ambivalence. Il s'agit de susciter le discourschangement. Ce processus est au cœur de la méthode et nécessite la participation active de la personne. Néanmoins, il ne faut pas négliger les arguments contre cette volonté de changer, le discours- maintien qui constitue l'ambivalence, car c'est en l'explorant qu'on parvient à résoudre le dilemme du client. Dans le cadre de la recherche d'emploi, l'accompagnateur doit faire émerger chez la personne tant les bénéfices et les inconvénients qu'elle attribue au fait de trouver un travail (et plus particulièrement au travail qu'elle souhaite décrocher) que ceux de rester au chômage. Cette réflexion permet à celle-ci de prendre conscience de sa situation et de l'importance qu'elle accorde au fait de décrocher un emploi.

Le dernier processus de l'entretien motivationnel est la planification. Elle débute lorsque la personne est prête à s'engager vers le changement. Il consiste à élaborer avec elle un projet concret d'actions. Dans cette phase, il faut faire émerger chez l'individu ses capacités et ses moyens d'atteindre le changement désiré, pour ensuite, le soutenir dans sa mise en œuvre. Dans le cadre de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, il s'agit d'aider les personnes dans leurs activités de recherche : rechercher des offres, postuler aux offres, préparer un entretien d'embauche, etc. L'entretien motivationnel est une méthode qui peut être utilisée pour accompagner les demandeurs d'emploi vers ce changement en identifiant les leviers et les freins concernant la motivation des individus à s'engager vers le changement.

Selon plusieurs expériences, pour qu'il y ait une réelle motivation à se lancer dans le changement, trois éléments sont indispensables : être désireux de changement, c'est-à-dire percevoir son importance, s'en sentir capable et être prêt à changer, ce qui dépend des priorités de la personne. En effet, on peut le souhaiter tout en pensant qu'il y a des choses plus importantes à privilégier avant de s'y lancer.

Pour que les personnes s'engagent avec énergie dans la recherche d'emploi, il faut donc qu'elles y accordent de l'importance, qu'elles se sentent capables de trouver du travail soit par le biais de l'intermédiation du service public de l'emploi ou à travers la prospection personnelle du marché caché et que leur recherche fasse partie de leurs priorités. C'est la motivation qui fournit l'énergie nécessaire pour effectuer un comportement. Elle influe également sur l'intensité et la persistance de l'action.

L'espoir et la croyance que le changement est réalisable représentent un facteur clé de la motivation au changement. Les expériences soulignent également que les personnes s'engagent très rarement vers le changement si elles n'ont pas un minimum de confiance dans sa faisabilité. Dans l'entretien motivationnel, l'espoir de la personne concernant le changement peut se renforcer grâce à la relation créée avec le demandeur d'emploi. L'intervenant doit tenter de puiser dans les ressources que le sujet possède déjà afin de les valoriser pour soutenir sa confiance dans la réussite de sa recherche.

Dans le cadre de la recherche d'emploi, avoir une bonne estime de soi est un atout qui donne la force de surmonter les difficultés. Les demandeurs ayant une haute estime d'eux-mêmes ont une aisance pour s'exprimer et une forte résistance au stress leur donnant plus de chance, par exemple, de réussir un entretien d'embauche. Il est important de souligner également qu'une bonne estime de soi favorise la faculté à élaborer de nouveaux projets de carrière et à avoir de nouvelles ambitions dans sa recherche d'emploi.

Aussi, le soutien de l'entourage proche est un élément déterminant dans la réussite du projet professionnel car une personne qui se sent soutenue pourra s'investir pleinement dans sa recherche car elle se sentira encouragée, valorisée et défendue contre les problèmes qui surgissent.

L'entretien motivationnel aide la personne à se réapproprier son passé pour le mettre à profit dans le futur. Les mauvaises expériences ne sont plus perçues comme des échecs mais comme des expériences de vie qui permettent de grandir.

Dans ce cadre, les conseillers à l'emploi veillent à ce que les candidats ne soient pas mis dans une situation d'échec c'est pourquoi les professionnels insistent sur l'importance de construire un projet professionnel réaliste et réalisable.

La perspective la plus stratégique de ce changement réside non dans la conception intersubjective de la relation, mais dans la dichotomie soi-disant égalitaire des rôles qu'elle suppose : chacun est à la fois sujet et objet, actif et passif, souffrant et agissant. Ce véritable dédoublement du sujet (qui se conçoit également comme maître et élève, maître et disciple) a trois conséquences : chacun est capable d'acquérir la maîtrise de lui-même, chacun est capable de développer une posture réflexive sur ses actions et chacun est capable de trouver en lui-même le principe d'orientation hiérarchisant ses choix.

Lors de la recherche active d'emploi, il me paraît intéressant que le candidat puisse bénéficier, s'il le désire, de séances collectives où on lui donnerait une série de conseils sur la manière de trouver efficacement du travail et où il serait amené à réaliser des exercices en lien avec sa recherche d'emploi comme s'entrainer à téléphoner à un employeur, à passer un entretien d'embauche, élaborer son CV, sa lettre de motivation, etc. En parallèle de ses recherches personnelles et des éventuelles séances collectives, le candidat serait amené à voir son accompagnateur. D'une part, celui-ci sélectionnerait pour lui des offres susceptibles d'être en adéquation avec ses attentes. Le candidat serait évidemment libre d'accepter les propositions. D'autre part, le conseiller accompagnateur l'encouragerait dans ses recherches et serait attentif aux éventuels signes de découragement qui risque de survenir si les recherches mettent du temps à porter leurs fruits.

Le service public de l'emploi est appelé à s'adapter aux nouvelles orientations du marché de l'emploi et des attentes des demandeurs d'emploi dans un cadre évolutif lui permettant d'assurer les meilleures offres de services auxiliaires en plus de l'intermédiation et la régulation du marché de l'emploi loin de toute théorie car celle-ci est belle et tout le monde peut y vivre.

A cet effet, il est utile de faire adapter toute expérience importée en matière d'accompagnement à la réalité du marché de l'emploi et notamment les mentalités des demandeurs d'emploi dans une stratégie globale de promotion de l'emploi.

*Cadre du secteur de l'emploi