Avec une superficie globale de 130 hectares, le cimetière d'Aïn El Beïda, qui accueille désormais près de 1,2 million de tombes, risque la saturation d'ici 2020. L'extension des lieux, il y a sept ans, n'a fait que retarder la date fatidique. La progression du nombre des inhumations, conséquence directe de l'explosion démographique que connaît la deuxième ville du pays, a faussé tous les calculs de la Régie communale autonome des pompes funèbres (RCAPF) de la commune d'Oran.

«Nous avons une moyenne de quinze à vingt-cinq inhumations par jour. A ce rythme, le cimetière d'Aïn El Beïda sera saturé d'ici sept à huit ans. Une nouvelle nécropole sera d'une impérieuse nécessité pour la ville d'ici 2020 », confie Lalaoui Abdelmalek, directeur de la RCAPF. La commune a prospecté plusieurs terrains dans la périphérie de la ville pour accueillir la future nécropole. Les services techniques auraient même jeté leur dévolu sur une assiette située dans la commune d'Es-Senia aux abords du quatrième boulevard périphérique.

«Pour l'instant, il n'y a rien d'officiel ! Le dossier est sur le bureau du maire», affirme notre source. Cette circonspection des responsables de la commune est justifiée par le fait que le terrain en question est situé extra-muros. L'affectation de cette assiette, d'une grande valeur foncière, nécessite le feu vert du chef de l'exécutif local. Le choix d'un terrain dans une autre commune pour abriter la future nécropole de la ville devra accélérer les procédures administratives pour la désignation de l'Entreprise de gestion des pompes funèbres et des cimetières d'Oran (EGPFC). L'agrément préalable pour la création de cette entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC) a été accordé il y a plus d'une année par les services de la wilaya.

L'installation de cette EPIC semble toutefois buter sur le terrain à de nombreux obstacles d'ordre administratif, confient des sources bien informées. Cette EPIC de gestion des pompes funèbres, se chargera de la gestion des cimetières des 26 communes de la wilaya d'Oran. Elle devra ainsi gérer une cinquantaine de cimetières de la wilaya d'Oran.

Une subvention sera dégagée par la wilaya pour le lancement de cette entreprise qui aura pour mission de gérer, maintenir et réhabiliter les cimetières de la wilaya. La création de cette EPIC avait été annoncée fin 2010, lors de la 4ème session de l'APW, par l'ex-chef de l'exécutif de la wilaya. Le wali avait décidé la création de cette EPIC après avoir constaté de visu l'état actuel des cimetières de la wilaya d'Oran. « Les morts ont autant de droit sur nous que les vivants (?) Cette EPIC allègera la tâche des communes et remédiera à leur défaillance dans la gestion des cimetières », avait-il déclaré devant les élus. De nombreux cimetières de la wilaya souffrent, en effet, d'une dégradation avancée en raison de l'absence de l'entretien et les actes de vandalismes perpétrés par certaines énergumènes, notamment dans les cimetières chrétiens de la ville. Il est à rappeler que la RCAPF a informatisé toute sa base de données qui comporte toutes les informations nécessaires sur les cinq cimetières de la ville (numéros des actes de décès, dates d'inhumation, numéros des carrés et des tombes?). Un site web est mis à la disposition de la population pour localiser sans peine les tombes de leurs proches. La RCAPF a également ouvert un bureau de recherche doté de l'outil informatique dans le cimetière d'Aïn El Beïda. Le visiteur de ce cimetière peut avoir toutes les informations sur les tombes de ses proches sans se déplacer aux locaux de la régie communale située à Haï Oussama (ex-Boulanger). La base de données de ce cimetière est régulièrement mise à jour par un ingénieur de la régie communale. Il faut dire que même les enfants de la ville n'arrivent plus à trouver leur chemin dans cette nécropole. Le cimetière d'Aïn El Beïda, qui a été ouvert en 1956, a été divisé récemment en trois parties. Des plaques d'identifications des carrés et des voies de ce cimetière ont été installées pour faciliter la localisation des tombes.