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Au pays de la «chkara» et de l'informel: Les billets de 1000 et 2000 dinars dominent

par Salem Ferdi

Le «billet vert» algérien, le «2000 dinars», mis en circulation en 2011 par la Banque d'Algérie a vite gagné du terrain : il représente plus d'un quart du montant global des billets en circulation, a annoncé, jeudi, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Les billets de 1000 dinars représentent plus des deux tiers (68,11%). Selon le gouverneur, la production des billets «verts» de 2000 dinars s'est accélérée en 2012 pour répondre à l'accroissement de la demande. Elle répond surtout à une pénurie de liquidités qui s'est manifestée à plusieurs reprises au niveau des agences postales. Selon le gouverneur de la Banque Centrale, les billets de 500 DA ne représentent que 3% et devraient croître de 10% en 2013. La part des «petites sommes», 100 dinars et 200 dinars, est devenue minime. Le gouverneur a également indiqué que les vieux billets de 200 dinars de la série 1983, dont l'état est en général catastrophique et pose de grands problèmes, ne représentent plus que 1,34% et qu'ils sont retirés «au fur et à mesure des dépôts et versements». Il ne s'agit pas de retrait formel de ce billet, a-t-il indiqué, c'est juste que le «billet qui atterrit chez la Banque ne sortira plus». En clair, les billets qui sont chez les gens restent valables même si la Banque Centrale retire ceux qui atterrissent chez elle. Les précieuses informations du gouverneur de la Banque Centrale confirment implicitement que les 200 dinars et les 100 dinars sont devenus pratiquement de la simple monnaie d'appoint et que pour vivre? comme pour thésauriser il faut de la monnaie un peu plus consistante. Mais ce que les informations du gouverneur ne disent pas c'est la part de ces 2000 dinars et 1000 dinars -qui représentent désormais l'essentiel de la monnaie en circulation- qui est siphonnée par l'informel.

UNE CHKARA ALLEGEE

Car, c'est un fait établi, l'émission des billets de 1000 dinars puis de 2000 dinars aura permis d'alléger la «chkara», synonyme de thésaurisation et de transactions informelles hors des circuits bancaires. Savoir combien de cet argent est désormais hors-circuit dans un marché «très liquide» en raison justement de la domination de l'informel est un des éléments les plus importants. Car, la Banque d'Algérie risque de devoir émettre encore plus de billets? si cet argent reste dans l'informel. Sans surprise, Mohamed Laksaci, a appelé à une plus large utilisation du chèque et de la carte bancaire, notamment dans les transactions commerciales et immobilières. «L'amélioration de la circulation fiduciaire en 2012 et au premier trimestre de 2013 ne doit pas occulter l'opportunité et la nécessité de développer davantage les instruments de paiement scripturaux comme le chèque et la carte bancaire». «L'accent devrait être mis sur les transactions commerciales de gros et de demi-gros et sur les transactions immobilières», a-t-il précisé. Cela relève du vœu pieux. Le gouverneur de la Banque d'Algérie exprime avec pudeur l'impasse des autorités qui ont renoncé, à deux reprises, à imposer le chèque pour les transactions commerciales de plus 500.000 dinars. Il ne faut pas s'étonner que le «système de paiement approprié ou de télé-compensation, mis en place en 2006, reste utilisé à seulement 10% de ses capacités». Au pays de la Chkara? et de l'absence d'obligation du chèque par crainte des pénuries que provoqueraient les gros commerçants, seul le sonnant et trébuchant marche. Et avec les 2000 dinars, le «rangement» est un peu plus facile.