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Le syndicat veut une commission d'enquête : Des cheminots en grève

par M. Mehdi

La journée de débrayage observée hier à Alger et dans le centre du pays par les travailleurs de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) risque de déboucher sur une grève ouverte «si la direction de la compagnie n'ouvre pas le dialogue et ne prend pas la peine d'écouter les représentants des travailleurs», nous a affirmé Abdelkader Sid, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise.

La grève d'hier a été lancée en riposte à la traduction devant le conseil de discipline d'un conducteur de train. «Le conducteur a fait un «rattrapage» (terme désignant un train qui arrive derrière un autre et le heurte). Cet incident, prévisible, est dû au manque de conditions de sécurité à savoir une défaillance de la signalisation et du non-remplacement des répétiteurs des signaux lumineux, qui persiste malgré nos insistantes mises en garde suite à d'autres incidents. L'erreur humaine est possible, mais dans ce cas, il s'agit d'un problème de signalisation», affirme notre interlocuteur.

Selon M. Sid, le conducteur sanctionné devait passer, lundi, devant le conseil de discipline. «Les membres du Conseil de participation (CP) de l'entreprise, qui devaient assister avec lui, ont boycotté la séance. Les travailleurs ont rejeté l'attitude des membres du CP. Les travailleurs ont assez d'arguments pour défendre leur collègue. Ce n'est pas le premier rattrapage et ce ne sera pas le dernier si la signalisation n'est pas réparée et les mesures de sécurité ne sont pas prises. L'entreprise fait la sourde oreille à nos doléances pour régler ces problèmes. Les travailleurs ont donc établi une plateforme de revendications et exigent d'être écoutés par les responsables de la compagnie», ajoute Sid Abdelkader.

La même source indique que la plateforme contient des «revendications socioprofessionnelles, des points concernant la gestion de l'entreprise, mais également concernant les gens qui n'assument pas leurs responsabilités au sein du CP et de la Fédération des cheminots», affirme M. Sid.

Selon lui, lors de la dernière AG de l'entreprise, le DRH de la SNTF avait fait état d'un «nouvel organigramme de fonctionnement». «Il n'est pas normal que personne ne veuille négocier ce nouvel organigramme. Je me demande pourquoi des gens qui prennent des postes de responsabilités syndicales et administratives ne s'acquittent pas de leurs tâches et sont incapables de susciter le changement. Par exemple, au niveau matériel, l'entreprise s'est dotée de nouveaux équipements qui ont permis une hausse du trafic, malgré les difficultés de gestion.

Il est nécessaire d'aller vers un nouveau système de gestion. Mais le nouvel organigramme annoncé devrait être discuté et négocié par les représentants des travailleurs», précise-t-il encore. Pour le SG du syndicat des cheminots, la direction de l'entreprise «est en train de faire des changements sans les travailleurs».

Abdelkader Sid ajoute aussi que la SNTF a recruté quelque 3.000 nouveaux travailleurs, mais n'a pas établi de programme de formation. «Ils sont livrés à eux-mêmes», dit-il encore, précisant que la SNTF «a fermé tous ses centres de formation». «Autrefois, la SNTF avait des centres de formation à Alger, Constantine, Sidi Bel-Abbès qui formaient un personnel de qualité», affirme-t-il.

Pour finir, Abdelkader Sid affirme que la journée de protestation observée, hier, pourrait devenir une grève ouverte si la direction de la compagnie n'ouvre pas le dialogue sur ces revendications. Il a même fait état de «lourds dossiers» qui pourraient être mis sur la place publique lors d'une conférence de presse. «Il s'agit, selon lui, de dossiers relatifs à la mauvaise gestion de l'entreprise, des pièces de rechange, du matériel, des blocages avec la Douane et Naftal, ainsi que le problème lié à la rénovation des voies ferrées. Nous demandons une commission d'enquête sur tout cela», dit-il devant notre insistance.