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Littérature algérienne : affirmation identitaire et résistance (Suite et fin)

par Mohamed Daoud*

Les récits récusaient particulièrement les adeptes des Tarigas «confréries religieuses», qui ont prêté allégeance à l'administration coloniale, ils pourfendaient pareillement l'hypocrisie religieuse de certains notables. Etaient à l'ordre du jour dans ces fictions des questions d'ordre psychologique, comme le conflit des générations et leur impact mental sur les jeunes, le conservatisme social et religieux, le respect des traditions vis-à-vis du mariage, des tourments liés à la vie sentimentale telles que les privations et les frustrations des jeunes prétendants, occasionnées par la pauvreté, le rang social ou l'archaïsme.

Au début, il y avait une émergence difficile de ce genre littéraire, mais avec le temps, il est arrivé à s'imposer dans l'espace culturel par le biais de plumes, comme celle Mohamed Said Ez-Zahiri (1900-1956), et de Mohamed Ben El Abed Ed-Djillali (1890-1967). Mohamed Said Ez-Zahiri a écrit une nouvelle en 1925 portant le titre « François et Rachid », attestant de la naissance de ce genre littéraire en Algérie. Et même si cette nouvelle a été caractérisée par une faiblesse sur le plan technique et esthétique, elle contestait les disparités sociales entre les autochtones et les colons français, ce qui augurait d'une sourde révolution de « Rachid » contre la discrimination coloniale. Durant cette période, Mohamed Said Ez-Zahiri a continué à écrire des textes en améliorant son écriture, dont il a édité un recueil en 1931, et en 1936 une autre nouvelle intitulée « Je vois dans mon rêve » publiée au Caire (Egypte) dans la revue « Er-Rissala ». La lecture des nouvelles d'Ez-Zahiri renseigne le lecteur sur sa tendance réformiste adoptée par son affiliation à l'Association des Oulémas, à savoir un engagement pour l'apologie du culte musulman et la lutte contre le maraboutisme, considéré alors comme une déviation de la religion, ainsi que la francisation de la culture.

Mohamed Ben El Abed Ed-Djillali qui est considéré comme un autre précurseur dans ce genre d'écriture, avec sa nouvelle «Le bonheur estropié» 1935, dont l'atmosphère prend les relents du romantisme et du sentimentalisme, est caractérisée par une faiblesse sur le plan esthétique et narratif, en plus d'un manque de maturité certain dans la composition du temps et dans la description des personnages. D'autres nouvelles seront publiées par l'auteur, et dont les thématiques étaient d'ordre humaniste, social et réformiste; l'ironie et l'humour caractérisaient aussi ses textes. Il a, également, publié plusieurs nouvelles sous le pseudonyme de «Rachid» dans la revue «Ech-Chihab» de Ibn-Badis, et encore «Le chasseur pris dans le piège» en 1935 dans la même revue, relatant la vie sentimentale d'un jeune chasseur qui s'est leurré. Ces textes étaient une opportunité pour ces auteurs algériens de mettre en œuvre leur génie créateur et de développer le genre en lui donnant des aspects de plus en plus consistants sur le plan technique et thématique. Ces écrits constituaient, dès la fin des années 1950 et les débuts des années 1960, les prémisses d'une naissance prometteuse de la nouvelle en Algérie, et à partir de ce moment là «la nouvelle algérienne acquiert son identité patriotique et nationaliste, et d'une manière générale ses auteurs vont faire valoir leur visibilité en tant que créateurs, et ainsi mettre en évidence leurs tendances narratives d'une manière particulière » (Benguina: p. 173). La nouvelle : innovation et engagement. Evidemment, les conséquences de la Deuxième Guerre mondiale ont eu un immense impact sur l'état d'esprit des Algériens, et même ceux qui étaient plus ou moins conciliants avec l'administration française, ont compris qu'après les événements de Mai 1945 et les massacres qui ont suivi, que l'autorité coloniale ne tiendra pas sa parole: celle de garantir la liberté et l'indépendance au peuple algérien qui a combattu aux côtés des Français contre l'occupation allemande. Ces massacres qui ont endeuillé des milliers d'Algériens à Sétif, Kherrata, et Guelma, étaient une grande opportunité pour les hommes politiques et les activistes pour corriger leurs stratégies dans la lutte contre l'occupant. Les écrivains ne pouvaient rester à la marge des ces événements, ils étaient conviés à approfondir leurs recherches en termes de thématiques, de formes et d'engagement politique en faveur des idées indépendantistes. Toutefois le renouvellement de la nouvelle a été engendré par une prise de conscience des étudiants algériens qui se sont retrouvés dans d'autres pays, du Moyen-Orient et la Tunisie en particulier, ce qui leur a permis d'être en contact avec les nouveautés sur le plan littéraire, de faire des lectures de littérature européenne traduite et des écrits des auteurs arabes les plus en vue à l'époque. A partir des années 1950, plusieurs d'entre eux ont envisagé, d'écrire leurs textes dans un style plus élaboré semblable aux formes conçues en Europe, et c'est Ahmed Reda Houhou, faisait figure d'annonciateur de ce renouveau grâce à sa profonde culture et ses vastes connaissances. Il était conscient des limites formelles et thématiques de cet art en Algérie, donc il a tenté une démarche théorique qu'il a proposée à ses acolytes, et dans laquelle il insistait sur le message que devait véhiculer la nouvelle. Pour lui le dialogue devrait être dynamique, la fonction des personnages mériterait d'être à la hauteur des événements en employant un discours adéquat, le tout enveloppé dans une expression linguistique conforme aux conditions sociales de chaque protagoniste. Il a essayé de mettre en pratique sa vision artistique dans ses recueils de nouvelles «La maîtresse de l'inspiration» (1954) et «Modèles humains» (1955), tout en théorisant sa vision artistique dans les introductions de ses deux recueils de nouvelles. Il désapprouvait le comportement des imams nommés par l'administration française, une pratique considérée alors comme une intervention de la part de l'administration dans les affaires de la Communauté, il condamnait les personnes qui participaient aux élections du Parlement dans sa nouvelle « L'âne du sage». Ahmed Reda Houhou, dont la nouvelle «Khaoula», (inclue dans le recueil de nouvelles publié en 1954) a été imprégnée d'une atmosphère romantique et sentimentale, celle de deux jeunes cousins (Saad et Khaoula) qui s'aimaient depuis l'enfance et s'étaient promis le mariage. La mort subite du père de Saad a compliqué la donne, le père de Khaoula a opté autrement pour le mariage de sa fille, ce qui a poussé les deux jeunes amoureux à s'organiser pour s'enfuir vers d'autres lieux plus cléments. Dans cette partie de l'Histoire de la littérature algérienne vont émerger les écrits de Réda Houhou, ce qui va donner un véritable bond à l'écriture prosaïque en Algérie, celle de son long récit «La belle de La Mecque» (Ghadat Oum El Goura) en 1947, qui reprend la condition féminine en Arabie Saoudite, un récit sentimental dédié à la femme algérienne privée de tout: privée d'amour, de liberté, et du savoir. Un texte fondateur, très harmonieux sur le plan artistique. Ce qui fait de Houhou l'auteur le plus important parmi ses contemporains, il a, au même titre, publié en 1955 un certain nombre de nouvelles «Modèles humains», il s'est attelé dans ses nouvelles à dénoncer les maux sociaux et l'hypocrisie religieuse de certains individus.

Le personnage «Cheikh Rezzoug» en était le parfait exemple, avec son comportement versatile, pieux en apparence mais diabolique dans ses actes et ses critiques s'étendaient de la même manière, à toute la société qui respectait le vilain et méprisait la personne intègre.

Un autre auteur, Ahmed Ben Achour, en l'occurrence, a écrit plusieurs textes narratifs entre 1950 et 1953 qu'il a publiés dans le journal «El Bassair». Il y décrivait les soubresauts de la société autochtone et la pérennité des traditions qui bloquaient son évolution, surtout celles se rapportant aux questions matrimoniales et familiales, et par conséquent, les différences sociales qui s'y rattachaient. Il avait, à juste titre, tenté un dépassement les formes d'écriture archaïques et traditionnelles en publiant des nouvelles telles que «Voleurs et lâches», «Tu mérites», «Le jour du cessez-le-feu», «Je ne quitte pas l'Algérie». Encore que les pélerins à La Mecque et dont le voyage leur a été payé par l'administration coloniale, n'ont pas échappé à sa critique. Le discours moralisateur contre l'occidentalisation, à la française, est évident, il croyait fermement dans sa nouvelle «Dans le train» que l'enseignement et l'apprentissage seraient les garants de l'émancipation du peuple et concrétisaient les premiers pas vers l'indépendance. La condamnation des personnes qui ont participé aux élections du Parlement est aussi présente dans sa nouvelle «Dans un mariage».

Dans le même sens, Abou El Kacem Saadallah a semblablement traité des aspects esthétiques dans l'introduction de sa nouvelle «La palme verte» (1954). Pour cet auteur, «la nouvelle algérienne était pauvre en terme de construction narrative, ce qui empêchait ceux qui font des recherches sur cette littérature de saisir la nature sociale dans laquelle baigne la nation» (Benguina : P. 179). Ces observations sur l'état de la nouvelle, comme forme d'écriture, confirmaient, un tant soit peu, que certains auteurs algériens de l'époque ont pris conscience de l'importance du genre et de ces aspects les plus saillants. Ce qui laisse supposer que la nouvelle «La palme verte» de Saadallah est un indice clair et original dans le parcours de la nouvelle algérienne, surtout « dans son évolution de la forme du récit de l'essai narratif vers la forme accomplie de la nouvelle sur le plan artistique, ce qui se vérifiait à travers son action, ses personnages et sa structure, puis à travers sa langue et son style, en dépit de quelques insuffisances, tout à fait logiques en ce moment de l'institution artistique du genre » (Benguina : p. 185).

Avant de se consacrer à l'écriture de l'Histore, tout au début de sa carrière de lettré, Saadallah était poète et nouvelliste, seulement il n'a écrit qu'une seule nouvelle publiée en trois parties, dans la deuxième version de la revue «El Bassair». Il s'agit, en fait, de l'histoire d'un jeune étudiant qui a obtenu ses diplômes à la mosquée Zeitouna (Tunis). Accueilli, à son retour au village «Guemmar» comme un héros, il devrait choisir entre enseigner ou diriger la prière collective à la mosquée, il devrait encore se marier. Mais ne pouvant avoir une entrée d'argent suffisante, il ne pouvait convoler en noces, alors il tomba malade, sa mère ramena chez elle une vieille femme qui pratiquait le charlatanisme, qui tout en murmurant des paroles inaudibles, lui entourait le coup d'une feuille du palmier verte, et demanda à sa maman de la laisser sécher pour que l'enfant lui obéisse dans tout ce qu'elle entreprenait pour son avenir.

Mais on constate que jusqu'à 1958, la nouvelle n'a pas soulevé la question de la guerre de Libération, «comme si les auteurs étaient indifférents à ce grand événement, c'est un grand tournant, puisque une flopée de nouvelles a été publiée» (Adib Bamia: p. 328), le pessimisme était omniprésent devant la persistance du sous-développement et du manque d'enthousiasme de la société envers le changement culturel et politique. Puis petit à petit, l'intérêt pour la guerre de Libération devenait évident et ouvrait de nouvelles perspectives politiques. Ce qui fait dire qu'à partir de cette date, à savoir 1958, la nouvelle a abordé les aspects relevant de la guerre de Libération, même si le niveau esthétique et stylistique de ces écrits n'était pas à la hauteur, car la description était élémentaire, plus proche du reportage journalistique et du témoignage que de l'écriture littéraire (Adib Bamia: p.328). Les auteurs insistaient sur la véracité des événements et des faits racontés, la fiction était occultée au profit du réalisme descriptif qui primait dans tous les moments de l'action, reprendre les événements avec une grande fidélité.

Finalement un nombre important d'auteurs dont, Abdallah Rekibi, Z'Hour Ounissi, Mohamed Salah Seddik, Abou El Aid Doudou (1934-2004) vont se lancer dans l'écriture de la nouvelle. Abdallah Rekibi avec sa nouvelle «Le tyran boiteux», qui critique les humains pour leur cupidité, leur hypocrisie et leur trahison, pareillement pour «Ames revoltées», et identiquement «Le berger et les risques de la route» (1962). Abou El Aid Doudou avec «La nouvelle aurore» (1957) dans la revue tunisienne (El Fikr) «La pensée», Tahar Ouettar « Fumée de mon cœur», Abdelhamid Benhadouga «Ombres algériennes», El Bahi Foudala «L'heure est venue», et Z'Hour Ounissi «De l'autre côté du rivage». Ces nouvelles ont bénéficié de publications dans des revues algériennes, tunisiennes et égyptiennes, ce qui leur a permis d'avoir une grande visibilité. La thématique de la guerre de Libération devenait dominante dans les nouvelles de Abou El Aid Doudou, celle intitulée «La nouvelle aurore», relatait l'histoire d'un couple qui avait rejoint les rangs des combattants, enveloppée dans une atmosphère romantique et sentimentale, est un exemple de la littérature engagée. Dans les différents recueils de nouvelles de cet auteur on y décèle le profond engagement politique, et l'hymne à la femme. Celle qui encourage son fils ou son mari à intégrer les rangs des combattants, «La mère de l'héros» est une louange à la mère qui demande à son fils de quitter la France afin de rejoindre les maquis, également «Nassima est tombée au champ d'honneur » où deux filles qui ont choisi le combat libérateur aux avantages du mariage. Les écrits de Abou El Aid Doudou, de Reda Houhou, de Abou El Kacem Saadallah, de Tahar Ouettar, et de bien d'autres vont «constituer l'institution sérieuse et fiable de l'art narratif en Algérie à partir des années 1950 cet effort va se poursuivre vers le début des années 1960» (Benguina: p. 180).

Alors thématiques vont changer par d'autres où seraient abordées le rôle de la femme dans la guerre de Libération, le sort des traîtres, la guerilla urbaine, glorification des maquisards. Mohamed Salah Seddik, dans sa nouvelle «Vive l'Algérie» célèbre l'héroïsme des résistants en les considérants comme des personnages hors du commun. Mais contrairement à Salah Seddik qui les a mythifiés, Abdallah Rekibi introduit dans son récit «Un cri dans la nuit», la dimension humaine des maquisards, dont la passion qui était une autre dimension dans le parcours des combattants. Par exemple le récit «L'homme et la montagne», où un combattant est tombé amoureux de l'infirmière qui accompagnait le groupe des résistants au maquis.

Les civils ont eu leur de part d'épreuves calamiteuses, la répression de l'armée française, les bombardements et les agressions physiques, ce qui ressort dans les nouvelles de Tahar Ouettar «Noua», et Benhadouga «Le voyageur». Les tragédies causées par l'Organisation Armée Secrète (O.A.S) sont décrits par Ounissi dans sa nouvelle «Le youyou des millions», mais en dépit de la cruauté des pratiques coloniales, on peut remarquer qu'une partie des nouvelles seulement «a pu attirer l'attention du lecteur, car elle a échoué à dégager l'élément adéquat pour mettre en exergue l'athmosphère dramatique» (Adib Bamia: p. 333.).

Les écrits de Reda Houhou, Abou El Kacem Saadallah, de Tahar Ouettar, Abou El Aid Doudou et de bien d'autres vont constituer l'institution sérieuse et fiable de l'art narratif en Algérie à partir des années 1950 et se poursuivra vers le début des années 1960 (Benguina: p. 180). A cette époque là, et en plus des plumes citées plus haut d'autres auteurs vont émerger, par exemple El Djounidi Khalifa, Hanafi Benaissa, Othmane Saadi, Fadhil El Messaoudi et El Bahi Foudala. Toutefois les plus importants nouvellistes de cette période étaient Ouettar et Benhadouga, le premier dans son recueil «Fumée de mon cœur» et le deuxième dans son premier recueil de nouvelles «Les sept rayons», ils critiquaient les traditions, surtout la question de la passion amoureuse et la nécessité de réformer les mentalités et porter un nouveau regard sur ces problèmes qui sont primordiaux, l'instruction des filles et leur inscription à l'école était également un sujet important. Ces deux auteurs, de par leur engagement sans faille, vont s'inscrire dans la trajectoire de la guerre de Libération en y apportant, de par leurs écrits, un témoignage accablant sur les affres de la guerre et des actes héroïques des combattants.

Littérature du voyage, un genre mineur

La littérature de voyage était connue en Algérie depuis le début du XIXe siècle et même bien avant, même s'il a enduré un reflux durant les premières trente années du XXe siècle, il sera relancé à partir des années trente, à travers les écrits de Abdelhamid Ibn Badis et de Ahmed Toufik El Madani.  

Le premier voyage d'Ibn Badis de 1937 en Tunisie, publié dans le journal ?Echiheb', était un récit d'ordre culturel et politique, dont l'objectif était de matérialiser l'Union des pays du Maghreb. Par contre le voyage de Toufik El Madani était plus accompli (1955-1961), en tant que membre de l'A.O.M.A, puis en tant que ministre de la Culture au sein du GPRA, il a joué grand rôle pour expliquer aux dirigeants arabes, la portée de la lutte du peuple algérien.

Le soutien à la révolution se différenciait d'un pays arabe à un autre, d'un dirigeant à un autre, pourtant les populations arabes étaient acquises incontestablement à la lutte du peuple algérien. Dans son ouvrage «Une vie de lutte», il décrivait dans un style littéraire châtié sa tournée au Maroc au sein d'une délégation de l'AOMA, pour féliciter le Roi Mohamed V qui a retrouvé son pays après un long exil. Son deuxième voyage était au Caire (1956) au profit du FLN, un voyage politique compliqué au début à cause des contraintes administratives françaises, puis des conflits latents au sein de la délégation algérienne au Caire. D'autres voyages vont suivre en Libye, en Syrie, en Irak, au Liban, au Koweit, en Arabie Saoudite, en Jordanie. L'auteur était très critique envers les pouvoirs du Monde arabe qui étaient, à l'époque soumis au diktat des Occidentaux mais très élogieux envers la position de la Syrie, du Koweit de l'Arabie Saoudite et de la Jordanie qui soutenaient la guerre de Libération. D'autres voyages vont suivre à partir de 1959, ce qui a poussé l'auteur à y introduire, un grand titre «Le grand voyage dans le Monde arabe» qui est en fait un déplacement officiel pour remercier les pays arabes pour leur soutien à la guerre de Libération et leur reconnaissance rapide du GPRA (Libye, Arabie Saoudite, Irak, Koweit, Liban, Egypte, Soudan, Jordanie, qu'il a conclu en affirmant que son succès «était extraordinaire, un succès que je considère comme un pas important pour faire connaître davantage la lutte de l'Algérie et lui obtenir un très grand soutien politique et financier (Bebguina: p. 152).

Conclusion:

La littérature de langue arabe, a pu surmonter toutes les entraves, en s'imposant dès les années 1920 dans le paysage culturel de l'époque, la création des partis nationalistes (E.N.A et A.O.M.A), les clubs culturels, l'enseignement de la langue arabe, les contacts avec les lettrés du Moyen-Orient et du Maghreb et la presse avaient autorisé l'éclosion de cette littérature qui va se greffer, graduellement, sur toutes les luttes du peuple algérien, de son imaginaire culturel et de son combat pour retrouver sa liberté et son indépendance, durant toute la guerre de Libération 1954-1962. L'indépendance, une fois acquise, les pouvoirs publics vont procéder à la mise en oeuvre des réformes, dans le but de «récupérer» l'identité nationale mutilée, en encourageant l'arabisation des secteurs de l'enseignement, de la culture et de la presse.        Cela a propulsé plusieurs écrivains de langue arabe, tels que Tahar Ouettar, Abdelhamid Benhadouga, Abdelmalek Mortad et bien d'autres générations, tels Merzach Bagtache, Djillali Khellas, Habib Sayah, Zaoui Amine, Laredj Wassini, Rabéa Djalti, Zineb Laouedj, Azraj Omar, Ahmed Hamdi, Mohamed Mefflah, Abdelali Rezagui, et bien d'autres, plus nombreux, qui ont contribué dans les années 1970 et 1980 à l'écriture d'une littérature moderne et engagée, en s'inscrivant dans les efforts de reconstruction politique et culturelle de la Nation.

*Professeur à l'Université Ahmed Benbella, Oran 1/CRASC

Ouvrages de référence

-1- ADIB BAMIA (Aida) :L'évolution de la littérature narrative en Algérie, 1925-1967, traduit de l'anglais vers la langue arabe par Mohamed Saker, Office des Publications Universitaires, Alger, 1982.

-2- BENGUINA (Omar): Sur la littérature algérienne moderne: Histoire, genres, problèmes et auteurs, Office des Publications Universitaires, Alger, 1995. (En langue arabe).

-3- CHEURFI (Achour): Ecrivains algériens, Editions Casbah, Alger, 2004.

-4- MORTAD (Abdelmalek): Trajectoire de l'écriture narrative en Algérie durant la colonisation française: https://ouvrages.crasc.dz ? index.php

-5- SAADALLAH (Abou El Kacem): Etudes sur la littérature algérienne moderne, Editions Er-Rayd Lil-El-Kitab, Alger, cinquième édition, 2007. (En langue arabe).