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D'autre
part, un excès de liquidités dans l'économie américaine par les rachats de
titres publics aux nationaux entraîne une forte demande, alors que l'offre va
diminuer puisque de plus en plus, eu égard à l'endettement extérieur qui va
augmenter, en particulier avec la Chine, le pouvoir américain va opposer des
restrictions aux produits étrangers dont les made in China. Que résultera-t-il
alors ? L'inflation ! Inévitablement, elle montera. Et aucun gain pour la dette
extérieure qui va encore augmenter.
Justement, et c'est ça qui est pour ainsi dire vital pour les États-Unis et explique pourquoi la Fed a mené sept années de quantitative easing échelonnés à la fois pour baisser les rendements (taux d'intérêt long) des bons de Trésor et obligations de différentes maturités et a visé essentiellement ceux détenus par des pays étrangers. Ainsi, la Banque centrale américaine, en rachetant les titres publics que les banques américaines SVT, c'est-à-dire agréées par le Trésor américain dans la commercialisation des titres publics qu'il émet, et que ces titres ont déjà été vendus aux pays étrangers, en fait ne rachète pas les actifs puisqu'ils sont aux mains de ces derniers, mais rachète les passifs. Les liquidités émises ex nihilo par la Fed qui sont de la monnaie centrale et qui sont remises aux banques américaines SVT doivent être bloquées dans les comptes que ces banques ont auprès de la Fed. Ce stockage de liquidités en monnaie centrale va servir au remboursement des pays étrangers lorsque ces titres arrivent à maturité ou lorsque les remboursements se font par anticipation. A l'été 2014, le prix du pétrole a baissé. Il est resté durablement bas. Pourquoi ? Cela signifie que la Fed américaine a non seulement mis fin aux quantitative easing, mais a resserré le robinet monétaire. Cela explique simplement que la Fed n'a plus besoin de contreparties physiques massives, un prix du pétrole à 40 ou 50 dollars est suffisant pour sa politique monétaire devenue moins expansive et donc ne nécessite pas de pondérateur (le pétrole OPEP) contre la dépréciation du dollar. L'assouplissement monétaire non conventionnel est paradoxalement restrictif. A partir de cette date, les pays exportateurs de pétrole, face au retournement du marché pétrolier, n'ont accumulé que des déficits commerciaux, et sont trouvés à puiser année après année dans leurs réserves de change. Que les banques commerciales américaines y compris européennes et japonaises, sur présentation des actifs publics (bons de Trésor US, européens et japonais), leurs versaient en milliards de dollars, ou autres monnaies internationales, qu'elles puisaient de leurs comptes qu'elles ont auprès de la Fed américaine et des Banques centrales européennes et japonaises. Ainsi se comprend pourquoi, par les trois programmes QE 1, 2, 3 américains et les QE européens et japonais, les banques commerciales occidentales étaient lestées de masses de liquidités qui n'étaient pas utilisées en grande partie en interne. Ce qui explique la déflation. Et pourquoi le prix du pétrole est tombé très bas, à partir de 2014. Tout compte fait, c'est au fond une stratégie de défense de l'Occident dans l'objectif de l'Occident était de diminuer son endettement extérieur. Ce qui passe par la diminution progressive des réserves de change détenues par les pays du reste du monde. Ainsi peut-on dire que la stratégie de défense occidentale a été imposée par l'évolution même de l'économie mondiale, comme d'ailleurs l'enrichissement de la Chine, des pays émergents et exportateurs de pétrole, des années 2000 à 2014. Et même après, les QE prolongés par l'Eurozone à partir de 2015, et toujours synchronisés avec les trois grandes Banques centrales des États-Unis, du Royaume-Uni et du Japon, formant le quatuor monétaire mondial. 5.2. L'impact de l'appréciation du dollar sur la baisse des réserves de change de la Chine Entre 2014 et 2015, la hausse du taux de change du dollar face à l'euro, due à la fin du programme américain QE3 a eu des incidences sur le yuan chinois. La hausse du taux de change du dollar sur les marchés due à la diminution des émissions monétaires de la Fed a impacté le taux de change du renminbi chinois ou yuan qui, s'appréciant sur les marchés, a nui aux exportations chinoises. Les interventions de la Banque centrale de Chine pour défendre la parité, et donc regagner la compétitivité de la monnaie chinoise dans le commerce extérieur, a procédé à une dévaluation « forcée » du renminbi. Se traduisant par des sorties nettes de capitaux enregistrées dans le compte financier de la balance des paiements, la dévaluation a eu pour résultat une forte baisse des réserves de change de la Chine, qui sont passés d'environ 3,900 billion de dollars, en 2014, à 3,098 billion en 2016. (Données Banque mondiale) Comme l'écrit le Figaro.fr, du 16 septembre 2016 : « Les réserves de change de la Chine sont tombées à leur plus bas niveau depuis 2011 en août avec les interventions de la banque centrale pour soutenir le yuan qui s'échange à des niveaux proches de plus bas de six ans contre le dollar [...] Les réserves de changes s'établissaient à 3.185 milliards de dollars à la fin août, au plus bas depuis décembre 2011, selon les données publiées mercredi par la Banque populaire de Chine (BPC). Les réserves de changes de la Chine, les plus importantes au monde ont diminué de 513 milliards de dollars l'année dernière après qu'une dévaluation du yuan par Pékin eut déclenché des sorties de capitaux et déstabilisé les marchés financiers internationaux ». La forte hausse du dollar US a donc été un inconvénient majeur pour les autorités chinoises. La fuite des capitaux qui s'est déclenchée suite à cette dévaluation « forcée » a obligé la Banque de Chine à racheter ensuite massivement des yuans sur les marchés, en puisant dans ses réserves de change. L'objectif de ces rachats massifs de yuans était de contenir la confiance des investisseurs dans leurs actifs libellés en yuans. Aussi, face aux défis industriels, le recul de ses exportations et donc une surproduction persistante, la Chine devait s'efforcer à maintenir un juste équilibre entre une dépréciation qui favorise son commerce extérieur et une stabilité recherchée par les investisseurs étrangers. En septembre 2016, le yuan chinois intègre le panier de monnaies qu'utilise le FMI pour son étalon de réserve, le DTS. 5.3. La guerre économique Etats-Unis - Chine fait remonter les taux d'intérêt de la Fed Il est important de revenir sur la stratégie de défense américaine de la fin du QE3. La question est pourquoi le comité de la Fed a voté à l'unanimité le relèvement du taux d'intérêt directeur, le 16 décembre 2015, le faisant passer, pour la première fois après presque dix ans, entre 0,25% et 0,50%. Alors que les États-Unis sont en situation de déflation, le taux d'inflation est de 0,12%. Est-ce seulement une volonté d'entamer une politique restrictive, ce qui fera apprécier la monnaie américaine engendrant des conséquences sur le marché boursier qui a vu les actions fortement augmenter, et donc corriger les excès spéculatifs en Bourse ? Ou encore impacter les pays émergents dont les monnaies sont pratiquement dollarisées - leurs monnaies pratiquement ancrées sur le dollar ? Comme c'est le cas pour le yuan chinois. Le 16 décembre 2016, la Fed relève de nouveau d'un quart de point (0,25%) le taux d'intérêt directeur. Le taux de chômage est tombé à 4,6%, le taux d'inflation à 1,26%, le taux interbancaire au jour le jour se situe désormais entre 0,5% et 0,75%. Donald Trump vient d'être élu président des États-Unis. En 2017, la Fed procède à trois hausses de son taux d'intérêt respectivement en mars, juin et décembre entre 0,75% et 1%, 1% à 1,25% et 1,25% et 1,5%. Et malgré les exhortations du président américain à baisser le taux d'intérêt directeur, la Fed procède à quatre hausses du taux d'intérêt directeur en 2018, en mars, juin, septembre et décembre, respectivement entre 1,50% et 1,75%,1,75% et 2%, 2% et 2,25% et 2,25% et 2,50%. La seule réponse qui nous paraît logique et justifier la hausse du taux d'intérêt directeur par la Fed concerne certes la Bourse et anticipe les corrections à venir mais a trait aussi à la guerre économique et monétaire qui oppose les États-Unis à la Chine. Devant les fortes pertes de réserve de change de la Chine, il était judicieux, à l'instar des années 1980, d'augmenter le taux d'intérêt américain pour attirer les capitaux vers les États-Unis. Le taux de change du dollar, en tant que valeur-refuge, va forcément s'apprécier avec l'arrivée des capitaux. Ce qui impactera à la hausse le taux de change du yuan chinois, de ce fait nuira aux exportations chinoises. Une telle situation obligerait la Banque de Chine à dévaluer le yuan qui ne flotte pas sur les marchés monétaires, le yuan étant piloté par la Banque de Chine, contrairement aux autres monnaies internationales occidentales. La sortie des capitaux, suite à la dévaluation, a des conséquences graves sur l'économie chinoise. Pour les stopper, la Banque de Chine se retrouve à racheter massivement des yuans par des dollars, ce qui a fait baisser les réserves de change de la Chine entre 2015 et 2016. Et impactant les excédents commerciaux chinois à la baisse, entre 2017 à 2019. Le problème dans cette guerre commerciale et monétaire contre la Chine a aussi des retentissements très négatifs sur les économies occidentales. Depuis la fin des quantitative easing, en 2014, la situation économique mondiale s'est progressivement dégradée au point que le monde s'est trouvé sans moteur puissant qui tire l'économie mondiale. Ni l'Occident, en particulier les États-Unis, ni les pays émergents, ni les pays exportateurs de pétrole, pire encore, tous les pays hors Occident se retrouvent à brûler progressivement leurs réserves de change, année après année, pour équilibrer leurs balances des paiements. Quant à l'Occident, ce sont les Banques centrales qui rachètent les titres publics émis par leurs Trésors, et indifféremment sur le marché primaire ou secondaire. A la fois faisant baisser les taux d'intérêt longs et en même temps permettant aux Trésors publics d'assurer leurs dépenses publiques pour maintenir la croissance. L'essentiel est d'éviter les récessions et la montée du chômage. Les bilans des grandes Banques centrales occidentales ne cessent d'augmenter. Les Banques centrales n'ont pas le choix, les pays émergents et exportateurs de pétrole pour la plupart n'enregistrent plus d'excédents commerciaux, elles restent les pourvoyeuses en interne de liquidités pour leurs économies. Les contreparties productives par la forte hausse du prix du pétrole pour les émissions monétaires émises massivement puisque les grands conflits qu'ont menés les États-Unis ont cessé et n'ont plus raison d'être. Les prix du pétrole sont restés baissiers depuis 2014. Cependant, la situation change en 2017. Un événement majeur, portant un risque de guerre, est venu influer, perturber la politique monétaire américaine. 5.4. La menace nucléaire nord-coréenne fait relever le prix du baril de pétrole à 86 dollars, en 2018 Le 14 mai 2017, la Corée du Nord teste un nouveau tir de missile et dit être en mesure de tirer un missile portant une tête nucléaire. Le 8 août 2017, la Corée du Nord menace de tirer quatre missiles vers l'île américaine de Guam. Washington met en garde Kim Jong-Un, le dirigeant nord-coréen. Le 3 septembre 2017, la Corée du Nord procède à un nouvel essai nucléaire, impliquant pour la première fois une bombe H. Le 9 septembre 2016, une activité sismique de magnitude 5,3 a été enregistrée, confirmant l'essai thermonucléaire de la Corée du Nord. En réponse à la continuité du programme nord-coréen, le président américain Donald Trump se déclare prêt, devant l'Assemblée générale des Nations unies, à « détruire complètement la Corée du Nord », tout en annonçant de nouvelles sanctions. Les États-Unis déploient en Corée du Sud le système de missiles antibalistiques Thaad. S'ensuit entre le président américain et le dirigeant nord-coréen une escalade verbale très violente qui finalement s'atténuera au début de l'année 2018. Plusieurs rencontres ont eu lieu entre Donald Trump et Kim Jong-Un pour pousser à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et trouver une solution politique à la région. Si la crise coréenne s'est apaisée, il demeure que les États-Unis se sont préparés à une guerre contre la Corée du Nord. En effet, tant qu'elle n'avait pas changé d'attitude et donc continué à menacer le territoire américain, la guerre pour les États-Unis devenait une éventualité et mettre tout en œuvre pour s'y préparer. Sauf qu'une guerre qui se prépare a besoin d'un soutien financier suffisant que seule la Banque centrale américaine pouvait satisfaire. C'est ainsi que l'on constate de nouveau la hausse des cours du pétrole. Le 23 juin 2017, le prix du pétrole était à 45,28 dollars le baril. Le 2 novembre 2017, il était à 60,5 dollars le baril. Le 26 janvier 2018, il était à 70,07 dollars le baril. Le 24 mai 2018, après une baisse et une reprise, il était à 79,65 dollars. Le 3 octobre 2018, il a atteint un haut de 86,74 dollars. Le 31 décembre 2018, il chute à 53 dollars. Le prix du pétrole se reprend en 2019, mais légèrement. Durant l'année 2019, le prix du pétrole fluctue autour de 60 dollars le baril, il ne redescend pratiquement pas au-dessus de 60 dollars. Fin décembre 2019, il atteint pratiquement 70 dollars le baril. Que peut-on dire de l'évolution des cours du pétrole, depuis 2017 ? On constate deux périodes de hausse. La première qui va du 23 juin 2017 au 3 octobre 2018, puis de nouveau une chute du pétrole, puis une reprise des cours en 2019 mais moins accentués. Pour la première hausse, elle est liée directement à la menace coréenne en 2017, par conséquent, comme en 2003 avec l'entrée en guerre des États-Unis en Irak, la Fed était tenue de fournir les liquidités et donc les capitaux nécessaires à la fois pour l'économie américaine qui commençait à s'essouffler après des restrictions monétaires drastiques, depuis 2014, et accorder les fonds nécessaires aux forces américaines pour se préparer à une éventuelle « guerre nucléaire » contre la Corée du Nord. Les rencontres entre Donald Trump et Kim Jong-Un signifiait que la menace de guerre était écartée pour les deux pays. S'ensuit une deuxième période de hausse des cours pétroliers moins élevée. Elle est liée surtout à la menace de décroissance de l'économie américaine. En effet, une économie mondiale en plein marasme économique, le protectionnisme prenant le pas contre la liberté d'échanges entre les grandes puissances, les multiples sanctions américaines (élévation des droits douaniers) contre la Chine qui aussi répond par des représailles douaniers, la révision des accord de l'ALENA avec le Mexique et le Canada, de même avec l'Europe, font que, les États-Unis, repliés sur eux-mêmes, sont aussi menacés par une récession économique. Ce qui explique la baisse du taux d'intérêt directeur de la Fed, à deux reprises, en 2019. En clair, cela signifie que la décroissance économique mondiale, un reste du monde qui voit ses réserves de change fondre année après année et s'endette de plus, une guerre commerciale opposant les États-Unis à la Chine, étaient de mauvais augure pour l'économie mondiale. Le monde se trouvait tirée par des moteurs qui cahotent, ce qui ne pouvait qu'apporter marasme et stagnation à l'économie mondiale. C'est ainsi que surgit le coronavirus en Chine qui a encore enfoncé plus l'humanité dans la récession. 6. De la crise sanitaire à la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Taïwan, la prochaine cible ? L'irruption de la pandémie Covid-19 a faussé totalement les plans stratégiques de défense américains. La Chine semble s'en sortir bien de la crise sanitaire, contrairement aux autres régions du monde. La crise sera probablement dépassée comme toutes les pandémies passées, elle restera une maladie redoutable pour l'ensemble de l'humanité, mais on peut parier que la science et le système immunitaire de l'homme arrivera à la vaincre, ou du moins à l'atténuer. D'autre part étouffer la demande mondiale par la fermeture du robinet monétaire occidental a un impact sur le commerce mondial, sur la consommation mondiale, et donc un coût pour l'Occident qui se trouve pénalisé sur le plan de l'emploi, de son commerce extérieur qui se contracte. De même, le reste du monde qui a des difficultés financières et surtout qui n'est pas compétitif voit ses revenus financiers issus des exportations de matières premières et de pétrole se réduire et ses réserves de change fondre. Des continents entiers réduisent la voilure de leurs économies, restreignant leurs importations, et s'ouvrant à l'endettement. Deux grands créanciers l'Occident et Chine sont en train de prendre en tenaille plus de la moitié de l'humanité. La pauvreté, la misère et l'endettement. Alors où va le monde ? Et la pandémie coronavirus qui vient et fausse les plans aux grandes puissances. Aussi, de nouveau, un regard sur la politique monétaire américaine. En 2019, c'est le retournement de la politique monétaire de la Fed. Malgré le faible taux de chômage à 3,7%, elle procède à une baisse d'un quart de point (0,25%), en juillet 2019, le faisant passer entre 2,25% et 2%, et, en septembre 2019, une autre baisse, entre 2% et 1,75%. Ces baisses signifient que l'économie américaine rencontre des obstacles dans la croissance. C'est normal, quand le processus déflationniste en cours sert à étouffer financièrement les pays du reste du monde, et par ricochet la Chine, ce qui nous amène à dire qu'à force d'user de cette stratégie, il y a l'effet boomerang. De nouveau, précipitamment, le 3 mars 2020, la Fed baisse d'un demi-point (0,5%), le taux passe de 1,75% à 1,25%. Douze jours plus tard, le 15 mars 2020, le taux d'intérêt directeur de la Fed baisse encore d'un point (1%), le ramenant à sa valeur de 2007, de 0 à 0,25%. Ce taux a duré sept années jour pour jour, du 16 décembre 2007 au 16 décembre 2015. Il est clair que la situation est grave pour que la Fed ait opéré avec tant de précipitations. Et la pandémie Covid-19 a été le détonateur de cette promptitude à baisser les taux. Aussi se pose-t-on la question : « le monde reviendra-t-il à l'époque des années 1980 et en plus grave ? » La Chine qui était pauvre et s'est convertie au socialisme de marché n'existe plus. Elle est devenue une grande puissance économique et financière, rivalisant avec les pays occidentaux. Il demeure que les contestations sociales, les mouvements politiques et sociaux prennent de plus en plus d'ampleur dans le monde, et remettent en cause leurs régimes politiques qui sont dépassés. La cause vient de la paupérisation rampante de la planète. Et surgit le Covid-19 qui bouleverse tout et oblige les États-Unis, l'Europe, le Japon et la Chine à lancer des programmes d'aides aux entreprises sous forme de subventions et aux chômeurs qui se comptent en dizaines de millions. Des injections monétaires considérables ont été opérées par les grandes puissances, pour ne citer que quelque 2.900 milliards de dollars que le Congrès américain a fourni en soutien budgétaire à l'économie américaine (ménages, entreprises, prestataires de soins de santé, Etats et collectivités locales). Du côté européen, la Banque centrale européenne a aussi débloqué, en mars 2020, un plan d'urgence baptisé « programme d'achat urgence pandémique » (ou PEPP) de 750 milliards d'euros, pour tenter de contenir les répercussions de la pandémie de coronavirus sur l'économie. Le plan consiste à racheter de la dette des pays européens. De nouveau, le 21 juillet 2020, les chefs de gouvernement de l'Union européenne ont conclu leur plan de relance ainsi que du budget européen pour les années 2021 à 2027, qui s'élèvent respectivement à 750 milliards et 1.074 milliards d'euros. Le 10 septembre 2020, une journaliste du journal financier français LesEcho.fr, Elsa Conesa, écrit : « Devoir s'orienter avec une boussole qui refuse d'indiquer le nord a quelque chose d'absurde. C'est la situation dans laquelle se trouvent depuis plusieurs années les banquiers centraux, contraints de piloter la politique monétaire avec une inflation inexistante. Malgré tous les efforts déployés par les grands argentiers de la planète, malgré les milliers de milliards injectés dans l'économie, les prix et les salaires ne décollent pas, même lorsque, comme c'était encore le cas aux Etats-Unis en début d'année, le plein emploi est atteint. C'est pourquoi le président de la banque centrale américaine, Jérôme Powell, a fait un aveu d'impuissance le mois dernier : il s'est dit prêt à renoncer à sa sacro-sainte cible des 2% d'inflation, pour privilégier, en creux, son autre objectif : le plein emploi. Attendue sur l'euro fort, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a dévié le tir jeudi et annoncé se lancer à son tour dans une revue stratégique portant sur la « mesure de l'inflation », autrement dit sur les raisons qui font que l'aiguille de la boussole est bloquée. Difficile pour elle de suivre la Fed et de faire passer l'objectif de la stabilité des prix au second plan : contrairement à son homologue, la BCE n'a pas d'autre mandat que le contrôle de l'inflation. Ce qui s'explique pour des raisons historiques. Quand sa mission a été définie par le traité de Maastricht en 1992, les pays occidentaux étaient confrontés à une flambée de l'inflation. La Banque de France, comme la Bundesbank, avaient pour seul objectif le contrôle des prix, le plein-emploi étant alors vu comme relevant des politiques nationales ». C'est donc un dilemme que l'inflation ne décolle pas. Alors d'où va venir l'Euréka pour la décoller ? Il va venir de l'Asie. Le premier événement majeur qui va changer le cours de l'histoire, c'est l'adoption de la loi sur la sécurité nationale par la Chine pour Hong Kong, le 30 juin 2020. Elle vise à mettre un terme à l'instabilité politique sur le territoire hongkongais, mais, ce faisant, elle fait vaciller les relatives libertés dont l'ancienne colonie britannique jouissait jusqu'alors : liberté d'expression, liberté de la presse mais aussi justice indépendante, en vertu du principe « un pays, deux systèmes ». Pour les militants prodémocratie, cette loi a porté un coup de grâce à leur mouvement de contestation. En 2019, durant des mois, des centaines de milliers de Hongkongais ont marché pour protester contre le projet de loi qui permettait les extraditions vers la Chine continentale. Il est évident qu'avec cette loi, c'est la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait. Évidemment, l'Occident ont condamné la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Que les Etats-Unis menacent la Chine de représailles, de sanctions des responsables, ne changera rien à la situation de Hong Kong. Après Hong kong, Taïwan craint d'être la prochaine cible de Pékin. D'autant plus que la Chine communiste s'est juré de reprendre un jour le contrôle, par la force si besoin, de l'île où s'étaient réfugiés les nationalistes chinois après leur défaite face aux communistes à la fin de la guerre civile de 1949. Comment expliquer ce resserrement de la poigne de la Chine alors qu'elle avait promis, en 1997, lors de la rétrocession de Hong Kong, ancienne colonie britannique, 50 années sans changement, jusqu'en 2047 ? 7. Vers une fracture du monde ? La guerre froide entre les États-Unis et la Chine pour le leadership mondial Que peut-on dire des événements à venir en Asie et les réactions occidentales depuis l'application de la loi de la sécurité nationale à Hong Kong ? Cette situation s'arrêtera-t-elle là, et tout ensuite rentrera dans l'Ordre. Et Taïwan qui craint d'être la prochaine cible ? Déjà, dans le journal leparisien.fr du 27 juillet 2020, un article intitulé « Chine - États-Unis : la nouvelle guerre froide », on lit : « Les tensions entre Pékin et Washington ont atteint des sommets. Dernière illustration en date : les autorités chinoises ont pris possession ce lundi matin du consulat américain à Chengdu. Jusqu'où ira l'escalade entre la Chine et les Etats-Unis ? Le terme de guerre froide entre les deux géants mondiaux n'est pas exagéré, au vu des dernières images. Celles, lundi matin, d'agents du ministère chinois des Affaires étrangères, masques sur le visage et combinaison blanche de protection contre le Covid-19, investissant le consulat américain de Chengdu, métropole de 16,5 millions d'habitants au sud-ouest du pays. A l'aube, la bannière étoilée ornant le bâtiment avait été descendue, tandis qu'une noria de camions avait déménagé toute la nuit les bureaux des diplomates américains, qui avaient quitté les lieux sur sommation de Pékin. La mise en scène était calme, solennelle, contrastant avec les images de dimanche, où une foule de manifestants « patriotes » agitait des drapeaux rouges et criait des slogans contre « l'agression » américaine. Cette fermeture est la riposte à celle, samedi 25 juillet, du consulat chinois à Houston (Texas) : mais là, les agents fédéraux américains avaient forcé à coups de marteaux et de perceuses les portes de l'enceinte diplomatique, évacuée par ses agents qui avaient reçu un ultimatum de trois jours de Washington. Une guerre économique et idéologique Pourquoi ce nouvel épisode de tension ? Officiellement, côté américain, pour raison de sécurité nationale. Le consulat de Houston n'était autre, accuse le secrétaire d'Etat américain (chef de la diplomatie) Mike Pompeo, qu'une base avancée de « l'espionnage chinois » et de « vol de propriété intellectuelle ». Plusieurs affaires d'espionnage économique ont éclaté ces dernières années, aux Etats-Unis mais aussi en France. Officieusement, cela servirait plutôt de prétexte à Washington pour exprimer un antagonisme plus vif et profond. « La Chine d'aujourd'hui est de plus en plus autoritaire à l'intérieur du pays, et plus agressive dans son hostilité face à la liberté partout ailleurs », a assené Pompeo. Outre la guerre commerciale à outrance voulue par Donald Trump depuis son entrée à la Maison Blanche, sont venues s'ajouter les dossiers brûlants de Hong Kong et des Ouïgours et les accusations mutuelles sur l'origine de la pandémie de Covid-19. Le régime communiste ne cesse de resserrer l'étau sur Hong Kong, réduisant à néant son statut plus libéral. Et accuse les Américains d'y encourager en sous-main les dissidents. La mise au pas de Hong Kong et la persécution de la minorité musulmane ouïgour au Xinjiang ont déjà poussé Washington à prendre des sanctions économiques contre le pays. Pourtant, le président Xi Jinping semble pour l'heure calibrer sa réponse. Ainsi, Pékin regrette dans un communiqué l'état des relations avec les Etats-Unis et en rejette la responsabilité sur ces derniers. En outre, les sinologues soulignent que le si le régime avait voulu réagir plus durement, c'est le consulat américain de Hongkong, plus stratégique, qu'il aurait fermé plutôt que celui de Chengdu. Ce sera peut-être le prochain échelon de l'escalade. Et accuse les Américains d'y encourager en sous-main les dissidents. La mise au pas de Hongkong et la persécution de la minorité musulmane ouïgour au Xinjiang ont déjà poussé Washington à prendre des sanctions économiques contre le pays. » La question essentielle pour comprendre est de décrypter comment la situation s'est brusquement détériorée entre les États-Unis et la Chine. Il faut se rappeler les quantitative easing et le processus de désendettement de l'Occident, dans le cadre de la stratégie de défense, qui passait par un resserrement monétaire par la Fed américaine suivi par les autres Banques centrales occidentales. La fin des QE, en 2014, a entraîné un processus immédiat provoquant la forte baisse du prix du baril du pétrole, ce qui a eu pour corollaire la baisse des réserves de change de la Chine et des autres pays émergents et exportateurs de pétrole. En 2017, survint la menace directe de la Corée du Nord sur les États-Unis. La menace étant l'essai avec succès d'une explosion thermonucléaire (bombe H) qui peut avoir l'équivalent de 1000 bombes A (à fission nucléaire). La puissance de la bombe H ne se mesure pas en kilotonne de TNT, mais en mégatonne de TNT. La Corée du nord a aussi procédé à un tir de missile balistique intercontinental qui peut avoir une portée de 13 000 kilomètres, donc pouvant toucher tout le territoire américain. Et la Corée s'est même vantée de cette prouesse. En 2018, la situation entre les États-Unis et la Corée du Nord s'est apaisée. Cependant, au demeurant, il n'empêche que l'escalade verbale et la menace américaine qui s'est précisée contre la Corée du Nord auraient pu dégénérer en une guerre nucléaire qui serait apocalyptique pour les deux pays, mais certainement plus pour la Corée du Nord, en raison des arsenaux que détient la première puissance mondiale et de la faible superficie de la Corée du Nord par rapport au territoire américain. D'autre part, une guerre nucléaire chez son voisin, la Chine ne ripostant pas, aurait des conséquences extrêmement graves sur sa place dans l'échiquier asiatique et mondial. L'emploi d'armes nucléaires, en cas de guerre entre grandes puissances, provoquera des conséquences que l'esprit humain aura peine à se représenter. Ce sera l'enfer sur terre. Un missile balistique nucléaire intercontinental lancé, mettant 30 à 40 minutes pour atteindre sa cible, éloignée de 10 000 kilomètres, indiquerait qu'en cas de guerre nucléaire entre puissances, et donc plusieurs missiles balistiques seraient lancés, ce sont des millions d'êtres humains qui seraient morts, des villes qui seraient rasées de la surface de la terre, en moins d'une heure. Cette crainte d'apocalypse est confirmée lors du conflit frontalier entre la Chine et l'Inde, en juin 2020. Les deux armées se sont affrontées avec des bâtons en bambous avec clous, en corps à corps, à coups de poing. Aucun coup de feu n'a été tiré. 20 morts du côté indien, la Chine n'a pas donné de chiffres. La situation s'est vite calmée grâce, en fait, à la doctrine de l'« équilibre de la Terreur » ou la « destruction mutuelle assurée ». Tous ces événements sont liés. La stratégie de défense de l'Occident via la donne monétaire pour se désendetter depuis 2008, la menace nord-coréenne et l'escalade verbale avec les États-Unis en 2017 et la guerre commerciale qui a commencé avec la Chine, en 2018, s'intensifiant à coups de taxes douanières et de représailles. Dès lors, la seule logique qui explique ces événements qui s'enchaînent est la guerre froide qui a commencé entre les deux grandes puissances pour le leadership mondial. Cette guerre n'est pas seulement économique, elle est géopolitique, médiatique, cybernétique, spatiale, et donc sans limite sauf le nucléaire pour les raisons invoquées supra. Et la loi de la sécurité nationale à Hong Kong votée par le Parlement chinois le 30 juin 2020 relève de cette logique. On peut penser que, dans un proche avenir, la situation entre les États-Unis et la Chine va empirer. Une citation de Deng Xiao Ping en dit long sur cet affrontement. « Il ne peut y avoir deux tigres sur la même colline ». Effectivement, le monde aujourd'hui en est là, et ce n'est que le début d'un conflit qui va certainement durer des décennies. Il existe donc un risque potentiel d'une fracture du monde. Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, devant le parterre de dirigeants des 193 pays de la planète, lors de l'Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2019, a prévenu de ce qui en ressortira de cette guerre entre les deux géants mondiaux. « Une planète divisée en deux, qui verrait les deux plus grandes puissances économiques asseoir leur pouvoir sur deux mondes séparés en compétition, chacun avec sa devise dominante, ses propres règles commerciales et financières, son propre internet et sa propre intelligence artificielle, et ses propres stratégies géopolitiques et militaires dans un jeu à somme nulle ». (Revue Le Point International, du 29 septembre 2019). 8. Les grands bouleversements à venir 2020-2030. Pétrole à 150 dollars le baril et l'or à 3000 dollars l'once Écoutons ce que disent les deux candidats américains aux présidentielles américaines du 3 novembre 2020, on constate pratiquement la même rhétorique contre la Chine. « Trump a annoncé cette semaine qu'il voulait un découplage des économies américaines et chinoises. Par le biais de taxes et de droits de douanes, d'interdiction d'entreprises chinoises sur les marchés américains comme avec Huawei ou TikTok et évidemment d'interdiction d'acquisitions d'entreprises américaines par des entreprises chinoises ». Joe Biden, le candidat démocrate, le même discours. « Le candidat démocrate a donné hier sa version du découplage. Pour lui le découplage c'est le rapatriement massif d'emplois aux États-Unis. Il veut taxer à 30,8 % les profits générés par la production à l'extérieur des États-Unis, de produits vendus aux États-Unis. Cet impôt s'appliquera aussi aux entreprises qui, par exemple, utilisent des call centers à l'étranger pour les consommateurs américains » (Journal MonFinancier du 10 septembre 2020). Il est clair qu'il y a une situation de non-retour dans les relations entre les États-Unis et la Chine. Par conséquent, face à la guerre commerciale provoquée par les États-Unis, la Chine n'a pas de choix que de continuer sa démarche dans l'unification de son territoire. Des rapports militaires qu'on lit sur la toile affirme : « La Chine serait en mesure d'envahir Taïwan et de dissuader toute intervention étrangère d'ici 2020. Une analyse rendue publique alors que l'île se prépare à réduire ses effectifs militaires. Pékin aura les capacités militaires d'envahir Taïwan et de dissuader toute contre-attaque américaine dès 2020. Ce sont les conclusions alarmistes d'un rapport du ministère de la Défense taïwanais, révélées mercredi 9 octobre lors d'une conférence de presse à Taipei. L'accumulation de matériel militaire récent par la Chine - avions de chasse furtif, bombardiers stratégiques, sous-marins à propulsion nucléaire - conjuguée au déploiement de milliers de missiles balistiques ont poussé les analystes taïwanais à tirer la sonnette d'alarme. Ce rapport a été rendu public alors que Taïwan se prépare à réduire, en 2014, ses effectifs déployés de 240 000 à 215 000 soldats. » (France 24 du 09/10/2013) Pékin considère l'île de Taïwan comme partie intégrante de son territoire et n'exclut pas un recours à la force pour réunifier le pays. De facto indépendante depuis la fin de la guerre civile en 1949, Taïwan considère son alliance avec Washington comme une véritable assurance-vie. Mais face au surarmement chinois et à la légitimité historique, ni Taïwan ni les États-Unis ne peuvent inverser les rapports de force. Et dire que des plans sont préparés et censés permettre à l'armée taïwanaise de tenir jusqu'à une éventuelle intervention américaine restent réellement une chimère. Lorsque la Chine décidera d'envahir Taïwan, rien ne l'arrêtera. Et cela ne semble pas très lointain au regard des forces en présence. D'autant plus que l'escalade des tensions aujourd'hui et l'extension de la guerre commerciale à un niveau de confrontation encore plus grand s'étend déjà aux autres pôles occidentaux et leurs alliés. La Corée du Sud, Taïwan et d'autres pays ont commencé à délocaliser des entreprises vers l'Inde, le Vietnam... L'Europe révise sa politique commerciale avec la Chine. Aussi, après Hong Kong, Taïwan qui est visé depuis 1949 reviendra inévitablement à la Chine. Tout dépendra de la crise avec l'Occident et ses alliés. En cas de décision de réunifier la Chine, il y a de forte chance qu'il n'y aura pas de guerre, dans le sens de grandes destructions et de morts. L'armée taïwanaise ne pèse pas lourd avec la troisième puissance militaire du monde. Par les progrès, surarmée, elle n'est pas très loin du niveau des deux grandes puissances militaires du monde, les États-Unis et la Russie. L'armée taïwanaise n'a pas de réels objectifs dans la guerre pour se défendre, sachant de toute façon qu'elle sera écrasée. De plus, par son identité, elle est rattachée à la Chine qui est la nation-mère. Alors se pose la question : « Y a-t-il un sens dans le désir de se battre ? » Il n'y en a pas. Partant de cet état d'esprit, Taïwan le sait, la Chine et les États-Unis aussi. Taïwan, un problème strictement chinois, la Chine, une puissance nucléaire mondiale, aucune ingérence ne sera acceptée lorsque Taïwan ne sera plus qu'une province chinoise. Après Hong Kong, Taïwan, la Chine unifiée, ce sera un triomphe sur toute la ligne pour Pékin. Ce processus de réunification a de grande chance pour qu'il se réalise dans la décennie 2020-2030. Après la réunification de la Chine, les bâtiments de guerre américains ne pourront plus traverser le détroit de Taïwan, sauf sur autorisation de la Chine. Et, à partir de cet événement, c'est toute la situation géostratégique du monde qui va changer. Ainsi que les plans des grandes puissances. L'enjeu étant la nouvelle configuration du monde. Les États-Unis reviendront inévitablement à leur politique d'endiguement comme ils l'ont appliquée à l'ex-Union soviétique. Si la Chine devient plus puissante, le risque est grand pour les États-Unis de se voir déclasser, ils ne seront plus la première puissance mondiale. Et dans ce déclassement, ils perdront aussi le « pouvoir exorbitant du dollar ». Ce sera le yuan chinois qui le remplacera. Dès lors se posera le financement des flottes de guerre américaines. Sans financement, les porte-avions américains qui sillonnaient mers et océans ne pourraient pas quitter les quais ou les baies des grands ports américains, ou du moins très peu. Le rôle de gendarme du monde sera perdu. De même, le financement des 800 bases militaires dans le monde qui va se poser. Ils seront obligés d'en fermer une grande partie, et évacuer leurs forces vers les États-Unis. Sans compter, l'économie américaine qui doit baisser sa voilure, et donc ses importations, la consommation, les investissements. En clair, les États-Unis vont s'appauvrir, et le paradoxe la Chine qui en profite et s'enrichit. Aussi dans cet affrontement sino-américain, les slogans tels América first (l'Amérique d'abord) ou Make America Great Again (Rendre de nouveau la grandeur de l'Amérique) de Donald Trump n'auront plus de sens vu qu'une guerre âpre va commencer entre les États-Unis et la Chine. Chacun de son côté, réunissant le plus d'alliés, ce sera une guerre sans limite (sauf le nucléaire) pour le leadership mondial. Des réorganisations majeures vont voir le jour partout dans le monde tant du côté américain que du côté chinois et leurs alliés respectifs. Repenser l'OTAN, réintégration du Traité de libre-échange transpacifique (TPP). Le retrait des États-Unis en 2017 n'aura plus de sens, ça a même été une erreur de Washington. Au contraire, les États-Unis, réintégrant le TPP vont le fédérer, l'unifier, compte tenu de la menace qui pèse sur eux et leurs alliés asiatiques. De huit pays qui sont l'Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, le Partenariat transpacifique va probablement, après les États-Unis, s'élargir à la Corée du Sud, la Thaïlande et les Philippines. A douze, il restera ouvert aux autres pays qui voudront s'intégrer sous la bannière des États-Unis. La Chine, de son côté, fera de même. Aspirant à devenir la première puissance économique du monde, du reste légitime, naturelle, eu égard à sa démographie, à son PIB, à sa puissance économique et son commerce extérieur. Et peu importe son régime politique communiste puisque c'est lui qui l'a hissé au rang de 2ème puissance économique mondiale. Comme a prédit le secrétaire général de l'ONU, le monde est en train de se fracturer en deux. D'un côté les États-Unis avec leurs alliés, de l'autre, la Chine et ses alliés. L'endiguement qui se fait sur tous les plans politique, économique, militaire nécessite un soutien fort que les États-Unis doivent apporter à eux-mêmes et à leurs alliés, Donc à l'Europe, l'Asie, et surtout au Japon et à la Corée du Sud. Si la Chine compte sur sa puissance économique exportatrice, première du monde, sa stratégie des Nouvelles Routes de la Soie en marche depuis 2013, les États-Unis eux sont confrontés à leurs déficits commerciaux qui sont structurels. En perte de compétitivité dans le commerce mondial, ils ont cependant une puissance de frappe, le « pouvoir exorbitant du dollar ». A ce propos, Mohamed A. El-Erian, ancien président du Conseil pour le développement global du président des États-Unis Barack Obama écrit : « On s'inquiète en effet qu'une dépréciation du dollar ne dégrade davantage sa position sur la scène internationale, déjà affaiblie par les politiques économiques américaines au cours des trois dernières années - qu'il s'agisse du protectionnisme commercial ou du recours à l'arme des sanctions afin de court-circuiter, de plus en plus, les normes mondiales et les règles de droit. Plus la crédibilité du dollar est malmenée, plus les États-Unis risquent de perdre l'« exorbitant privilège » qui accompagne l'émission de la principale monnaie de réserve mondiale. Un pays dans cette situation peut échanger des bouts de papiers imprimés ou des écritures informatiques (création de monnaie) contre les biens et les services que produisent les autres pays. Il jouit d'une influence disproportionnée dans les décisions multilatérales et les nominations les plus importantes. Et il profite de la propension des autres à sous-traiter à ses propres institutions la gestion de leur patrimoine financier » (Journal Le Quotidien d'Oran, du 13 septembre 2020). La nouvelle stratégie américaine d'endiguement aura besoin d'un soutien financier considérable, il dépassera probablement tout ce que les États-Unis ont dépensé dans leurs guerres passées jusque-là. Ce sera une situation unique dans leur histoire. L'affrontement avec la Chine s'étalera non sur des années mais sur des décennies dont l'issue est incertaine. Qu'en sera-t-il de l'impact des dépenses élevées et toujours récurrentes sur le taux de change du dollar sur les marchés internationaux ? Les dépenses continues vont inévitablement entraîner une dépréciation du dollar telle qu'il ne fera que plonger sur les marchés, et provoquer des fuites des capitaux. Ce qui sera extrêmement nocif pour les États-Unis qui risquent, comme l'écrit l'économiste Mohamed Et-Erian, de perdre l'exorbitant privilège du dollar. Et donc de ne plus être une valeur-refuge. Aucune autre monnaie n'a ce statut privilégié. C'est sur le dollar que repose au final la valeur des autres monnaies. Une perte de ce statut sera catastrophique pour les États-Unis. Comment alors les États-Unis pourront-ils pallier au danger de la dépréciation de leur monnaie ? Comme dans les crises et guerres précédentes, la guerre menée en Irak en 2003, les prix du pétrole et de l'or ont fortement augmenté, ou encore au sommet de la crise financière, en 2008, la Fed américaine a injecté des masses de liquidités ex nihilo qui ont vu le prix du pétrole exploser jusqu'à atteindre 147 dollars, et malgré tout le dollar a dévissé jusqu'à 1,60 dollar pour un euro. Ou encore avec les QE 1,2,3, des émissions monétaires toujours ex nihilo (sans contreparties productives) qui ont vu le prix du baril de pétrole évoluer entre 100 dollars et 130 dollars, entre 2009 et juillet 2014, soit depuis le QE1 sept années. Aussi peut-on dire, que le prix du baril de pétrole suivra les mêmes hausses et probablement plus fortes que les conjonctures passées, on peut donc pronostiquer qu'il atteindra les 150 dollars et plus. Même avec le prix de 150 dollars le baril, la dépréciation de la monnaie américaine peut prendre des valeurs telles qu'elle peut provoquer des fuites de capitaux. Par conséquent, pour ne pas mettre en péril le dollar, la hausse du prix de l'or va jouer un rôle d'appoint dans les contreparties productives nécessaires pour les excès de liquidités en dollars émises sur les marchés. Le prix de l'once d'or va probablement fortement augmenter, ce qui évitera de provoquer un cours très élevé du prix du pétrole. Aujourd'hui, le prix de l'once d'or oscille autour de 1950 dollars. En tant que valeur refuge traditionnelle, il pourrait atteindre les 3000 dollars et même plus, au cours de la décennie 2020-2030. Et même avec la forte hausse du prix du baril de pétrole et de l'once d'or, le dollar US se dépréciera inévitablement, compte tenu des besoins financiers dans leur politique d'endiguement. Et ce sera alors aux injections massives de liquidités des autres Banques centrales (BCE, BoE, BoJ, BPC) de neutraliser la dépréciation non souhaitée du dollar, pour éviter des mouvements erratiques des cours de change. D'autant plus que cela sera nécessaire au vu de la forte appréciation de leurs monnaies face au dollar, qui aura un impact négatif sur le commerce extérieur et leur croissance. La Chine, par exemple, dont le commerce extérieur est dépendant du taux de change du yuan, risque d'être pénalisée. Une appréciation du yuan affectera ses exportations. Elle sera obligée de le dévaluer, ce qui aura pour corollaire une fuite de capitaux. Comme la crise en 2016, pour rendre la confiance aux investisseurs, elle se trouvera forcée de racheter des yuans sur les marchés, ce qui se traduira par une diminution de réserves de change. Une situation complexe qui résulte de cet affrontement entre les États-Unis et la Chine ? Cependant, à voir l'irruption du la pandémie Covid-19, si la situation déflationniste aujourd'hui avait continué, et que les quantitative easing menés par l'Occident ont continué, ils ont été en fait une stratégie d'austérité par l'étouffement financier du reste du monde, il y aurait eu des conséquences très négatives pour l'économie mondiale. On le voit avec la chute drastique, année après année, des réserves de change des pays en voie de développement, en particulier les pays exportateurs de pétrole. Non seulement ces pays retourneraient à l'endettement des années 1980 mais beaucoup de pays en Afrique, Asie et Amérique du sud en souffriraient. De nouveau ce sont les pays pauvres et en développement qui paieront dans cette guerre froide entre les États-Unis et la Chine. Précisément le Covid-19 a bouleversé la stratégie occidentale visant à appauvrir une grande partie du monde. Et la pandémie, aujourd'hui, a mis à nu les stratégies des grandes puissances. La Chine, avec la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, a abattu ses cartes. Elle ne veut plus qu'on lui marche sur les pieds. Devant l'affrontement et l'escalade de la guerre commerciale, il est à parier que dans les années à venir qu'elle va opter pour une réunification de son territoire, seul moyen d'apparaître comme une nation décidée à gagner sa place dans l'échiquier de puissance mondial. Et ce en rapport avec sa puissance démographique, économique, financière, militaire et culturelle. Par conséquent, l'enjeu qu'est l'île de Taïwan va certainement se résoudre dans les années à venir, et cette situation de guerre commerciale qui est en fait une guerre pour le leadership mondial va accélérer les choses. Aussi peut-on dire qu'après l'élection présidentielle américaine de novembre 2020 qui verra le nouveau président élu, sortant ou le candidat démocrate, que la pandémie commencera à se tasser, que commenceront les grandes manœuvres avant même la reprise de Taïwan par la Chine. Progressivement le cours du baril de pétrole va remonter et probablement dès 2021, si la pandémie décélère et que se termine la 2ème vague de la pandémie à l'hiver 2021. De 42 dollars le baril de pétrole aujourd'hui, si la maladie commence à se tasser, et à perdre de sa nocivité, le cours du pétrole va remonter rapidement. A 60 dollars et plus. Si l'escalade entre les États-Unis et la Chine continue en 2021, et probablement les tensions ne vont pas baisser, les cours pétroliers poursuivront leur hausse, surtout que l'économie américaine s'est fortement contractée durant la pandémie. Une des économies les plus touchées au monde. Il y a de grande chance que les prix du pétrole vont dépasser les 100 dollars le baril, en 2021-2022, à condition que la pandémie ait disparu ou moins nocive. Le monde s'étant adapté à cette maladie, et ne se pose plus le problème de confinement des populations. Et qu'il y ait reprise économique dans le monde, une forte demande pour s'ajuster à une forte offre. Ce qui permettra de compenser la contraction de l'économie mondiale qui a touché, en 2020, pratiquement tous les pays du monde, en premier l'Occident. Après le retour des États-Unis au Traité de libre-échange transpacifique (TPP), les cours du pétrole vont encore augmenter en 2022, 2023. Rien n'exclut que les prix remonteront à un cours qui rompra avec les précédents. Si l'escalade empire, et que la Chine décide de réintégrer Taïwan au continent, la situation se détériore encore plus avec les États-Unis, l'Europe et leurs alliés. Et commence le choc tant redouté entre les grandes puissances. Il sera comparable à la période des années 1930 qui a vu l'irruption de la 2ème Guerre mondiale, ou les années 1910-1914 qui ont vu l'irruption de la 1ère Guerre mondiale. Ce sera le choc du XXe siècle, une guerre essentiellement économique qui verra le prix du pétrole et de l'or exploser. 150 dollars le baril et l'or à 3000 dollars l'once sont potentiellement et historiquement plus que possibles, voire « nécessaires ». Les États-Unis n'ont pas d'autres armes que ceux-ci, ce qui explique les longues guerres menées au Moyen-Orient. Le pétrole est vital pour la pérennité de leur domination sur le monde. L'inflation va certainement suivre mais modérément. Mais les États-Unis peuvent l'utiliser aussi comme arme pour diluer les avoirs en réserve de change de la Chine. Sauf que la Chine peut contrer cette arme en confortant son yuan en monnaie mondiale - déjà membre dans le panier de monnaies du DTS utilisé par le FMI -, et donc se rapproche du statut privilégié qu'a le dollar US dans le monde. Demandant ou forçant ses partenaires commerciaux asiatiques, africains et sud-américains à commercer leurs exportations de matières premières et du pétrole en yuans, surtout que ces pays sont étroitement liés par leurs commerces intérieurs et extérieurs à la Chine. De même pour les pays sous embargo ou faisant l'objet de sanctions américaines. Déjà la Chine et la Russie utilisent le yuan et le rouble dans leurs échanges commerciaux, dont le pétrole. Arrivé au terme de cette analyse, force est de dire que le monde s'achemine vers une crise majeure, aussi grave sur le plan économique que ce qui a résulté sur les périodes qui ont précédé les deux conflits mondiaux. Un prix du baril de pétrole à 150 dollars et un cours de l'once d'or à 3000 dollars sont des donnes très vraisemblables, et les États-Unis, sans ces deux donnes n'ont aucun moyen pour contenir la Chine à devenir la première puissance économique du monde. Et son yuan remplacerait définitivement le dollar US. Et surtout ces hausses du prix du pétrole et de l'or à des cours très élevés sont nécessaires pour le soutien financier des États-Unis, et ont été, à maintes fois, corroborées par les crises et les guerres menées par le passé. Donc des présages qui sont réels et vérifiés par l'histoire. Évidemment, les pays en voie de développement profiteront de cette situation de hausse du pétrole et de l'or qui s'étendra aux matières premières. Ce qui, paradoxalement, dopera la croissance économique mondiale. Et le monde a besoin de sortir de ce processus déflationniste programmé par les Banques centrales occidentales qui, visant la Chine, étouffe financièrement les pays du reste du monde et inévitablement, par ricochet, la chute de la demande mondiale, et donc l'Occident lui-même. Reste la question majeure de cet affrontement entre les deux grands pôles de puissance du monde, parce qu'elle engage l'avenir de l'humanité entière. Dans le sens qu'est-ce qui en ressortira ? La question est alors : « Qui des deux l'emportera ? Les États-Unis ou la Chine ? » Il y a évidemment la puissance économique chinoise qui est incontestable, dont l'expansionnisme dans le monde est très avancé. Mais, la Chine a un handicap majeur, son régime politique est autoritaire, et donc une absence de liberté en Chine. Or, aujourd'hui, avec la décolonisation, et surtout depuis la décolonisation, les peuples du monde entier ont soif de liberté, soif d'exister, et la croissance économique seule, y compris en Chine, ne peut apporter aux peuples cette satisfaction de vivre. Des peuples peuvent être pauvres, souffrir de la misère mais chercheront toujours à vivre libres, dans la dignité et sans contrainte. On a beau le surveiller, le menacer, lui créer des emplois, un peuple reste un peuple toujours épris de liberté, de démocratie et de justice sociale. C'est l'essence même de l'existence humaine. Aussi cet affrontement entre les deux pôles de puissance, s'il joue sur le plan économique joue aussi sur le progrès humain. En clair, c'est un nouveau stade qui se profile pour une nouvelle émancipation des peuples au XXIe siècle qui vient renforcer les indépendances acquises au XXe siècle. C'est ainsi que ce sera toujours la marche de l'humanité dans l'histoire. Les empires naissent, dominent, puis progressivement déclinent et disparaissent. Ne restent que les peuples qui sont la matière et le sens même de la marche du monde, la marche de l'histoire. Sans les peuples, il n'y a pas d'histoire. *Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective |
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