
Le Ramadan tire à sa fin et l'Aïd El-Fitr est depuis bien longtemps dans l'esprit de la
majorité des familles.
A quelques jours seulement de cet important
événement religieux, les magasins et les places populaires grouillent de monde.
Le coup est dur à encaisser pour toutes ces familles ayant vécu au-dessus de
leurs moyens pendant tout ce mois sacré. Aplati par des dépenses démesurées en
nourriture et convoitises, le porte-monnaie familial en a pris un sacré coup en
ce mois de Ramadan. Affligés, tous les chefs de famille craignent cette autre
épreuve, celle de l'achat des habits neufs aux enfants. Car habiller un enfant
revient souvent assez cher, surtout lorsqu'on se permet le luxe d'offrir à son
enfant des habits de bonne qualité. Une dépense supplémentaire à laquelle il
faudrait ajouter les produits nécessaires à la confection des confiseries et
autres gourmandises pour célébrer cette fête. Et tous ces hommes et femmes
semblent tous plongés dans cette angoisse, l'angoisse de dépenser encore. Et
quand le budget est déjà laminé, il y a de quoi réfléchir par deux fois avant
d'acheter. Les parents dont la bourse a tant bien que mal tenu bon iront sans
doute faire leurs achats dans les boutiques bien achalandées de la ville. Les
autres, dont le pouvoir d'achat est amoindri, les affaires sont surtout dans
les souks populaires. Ces lieux qui, à l'approche de l'événement, fourmillent
chaque jour plus, et où beaucoup de gens trouvent le mieux leurs comptes. Chez
les commerçants, la concurrence est terrible et chez les acheteurs, trouver
moins cher est le plus recherché. Certes, la contrefaçon est d'enjeu, mais le
plus important c'est d'apporter la joie aux enfants. Durant la journée, les
boutiques sont moins animées. La plupart des hommes passent, à la fin du
travail, au souk avant, chaleur oblige, l'inévitable sieste. Les femmes, quant
à elles, sont à la maison, retenues par leurs obligations ménagères. Alors
c'est forcément en soirée, fraîcheur nocturne oblige, que les familles sortent
pour effectuer les achats des habits. Mais c'est surtout après la prière des taraouih que les magasins rouvrent leurs portes. Les
artères principales du centre-ville sont dès lors envahies par une innombrable
foule. Certaines familles sont là pour effectuer leurs premiers achats, d'autres
pour acheter encore ou peut-être si l'on n'a pas oublié quelque chose. Et dans
la marée humaine qui se déverse sans cesse dans les boutiques, c'est la gent
féminine qui prédomine, les enfants aussi, histoire de faire les essais sur
place. Les femmes sont sans doute plus douées que les hommes pour gérer les
situations de crise. Témoin, cette grand-mère qui assume sans complexe: «J'achète
pour mes petits-enfants, car mon fils a horreur de ça». Les uns sont à la recherche
d'une taille ou d'une pointure unique ou rare, les autres n'ont pas encore
trouvé ce qui leur convient. Mais il y a surtout ceux qui n'ont pas encore
acheté, ceux-là hésitent ou attendent les tout derniers instants pour espérer
un quelconque rabais des prix. Et c'est l'occasion de faire le plein, avant la
longue traversée du désert, pour tous ces commerçants qui affichent souvent une
fermeté des prix. Ces derniers savent suivre le filon de la tendance qui s'est
ancrée chez les familles qui consiste à acquérir les habits durant la dernière
décade du mois sacré. On y trouve de tout, vêtements pour enfants, pour bébés, pour
femmes, souliers, bâdiyâte, liquettes, jupes, robes
uniques ou classiques, layette... Et à voir toutes ces étiquettes «made in», on
a l'impression que toutes les marques du monde s'y trouvent. Mais c'est souvent
la chinoise qui l'emporte en raison des bas prix affichés. A titre indicatif, un
habit pour fillette «made in Turkey» est
difficilement cédé à moins de 3.000 DA alors qu'à côté, le même vêtement mais
«made in China», est à moitié prix. Mais, en toute honnêteté, entre les deux
qualités, il y a tout un monde. Cependant, une chose est certaine, les parents
ont déjà en tête qu'ils doivent faire «d'une pierre deux coups». Les vêtements
de l'Aïd seront forcément portés pour la rentrée des classes qui s'ouvre à
peine 10 jours plus tard, a laissé entendre un chef de famille rencontré devant
une boutique.