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Souvent
dit-on qu'il faut faire quelque chose pour les jeunes parce qu'ils constituent
les hommes et les femmes de demain, les responsables et les décideurs de
demain. Cela n'est pas tellement faux, mais je crois pouvoir dire autrement, il
faut s'occuper des jeunes parce qu'ils sont le dynamisme d'aujourd'hui, l'enthousiasme
et la créativité d'aujourd'hui, et tout ce qui en découle c'est le fruit
d'aujourd'hui et le bienfait de demain.
Dans le monde, une bibliothèque énorme s'est constituée autour du développement des zones rurales et des populations qui y vivent. Dans ces zones, dit-on souvent, que la lutte quotidienne des pauvres pour leur survie, particulièrement dans les régions les plus défavorisées et peu industrialisées, peut être une menace insidieuse, ici où la pauvreté épuise non seulement les hommes, mais également les ressources naturelles. Très fertiles en volonté, mais démunies souvent de moyens, les populations rurales se trouvent pour la plupart du temps, accablées à des conditions du milieu défavorables, des populations parmi lesquelles, les jeunes en paient souvent un lourd tribut. Imbriquée dans «un circuit de misère», cette jeunesse dont les espoirs butent aux marasmes, ne peut ni se développer, ni créer des richesses. Circonscrits dans de tels problèmes, les jeunes ruraux se mettent à chercher d'autres issues. Parmi eux, ceux qui ne succombent pas à l'apathie et au désespoir, se mettent à conquérir les villes, mais en réalité ces jeunes ne font que courir de la pauvreté à la misère, car la vie dans les villes engendre de nouveaux frais et de nouvelles charges qu'ils ne peuvent y satisfaire. Les jeunes s'aperçoivent alors que la grande part de leurs revenus -lorsqu'ils obtiennent un poste de travail aussi dérisoire soit-il- est absorbée par les frais de l'alimentation, du logement, du transport et autres qu'ils ne peuvent y couvrir. Ces émigrants ruraux pris entre l'aspiration de vivre dans la ville et le retour au village seront livrés enfin au désespoir, il en découle-dans la ville-des dérapages et des maux sociaux. Héritiers des effets néfastes de l'accroissement démographique et d'une activité agricole qui constitue la base économique et sociale des zones rurales et particulièrement vulnérables au manque de services médicaux, sociaux et culturels adéquats, de plus privés, pour la plupart, d'une éducation qui favorise l'épanouissement de leur intelligence, les jeunes ruraux seront en danger. Mais cependant, ces jeunes s'attendent à des perspectives pour accéder aux possibilités d'emploi et de création de richesses. Le concept de la jeunesse Disons tout d'abord qu'il n'existe pas une unanimité sur le concept de la jeunesse. Cette étape est comprise entre l'enfance et l'âge adulte. Le terme «jeunesse» ne désigne pas seulement un stade chronologique de la vie, mais chaque société à ses propres indicateurs, ses repères et ses propres critères de définition. Pour certaines sociétés, des garçons et des filles de dix (10) ans et peut-être moins ne sont plus considérés comme des enfants. Pour d'autres, le stade d'enfance dure plus longtemps. Dans cet ordre d'idées, et en fonction des sociétés, la période entre l'enfance et l'âge adulte peut être très brève, comme elle peut être très lente, et s'étalant sur plusieurs années. Dans certaines cultures, les droits, les devoirs et les responsabilités des jeunes sont clairement établis, alors que pour d'autres, ils sont souvent vagues ou pratiquement inexistants. En dépit de cette énorme diversité, il existe des caractéristiques communes à la jeunesse. Il s'agit «d'une période de transition, de développement de l'indépendance sur les plans physique et moral, de préparation scolaire ou non, aux exigences, aux devoirs et aux responsabilités de membres à part entière de la communauté. C'est un moment d'incertitude et de découvertes. C'est une période où les dons, les compétences et les intérêts, la valeur en tant qu'individu et membre d'un groupe, et les aspirations sont mises à l'épreuve. C'est une période où l'avenir- passionnant ou lugubre-apparaît dans toute sa dimension» (FAO - Journée mondiale de l'alimentation 1988). Aussi et à des fins statistiques, les Nations unies utilisent le terme «jeunes» pour désigner des catégories d'âges de 15 à 24 ans. On estime aujourd'hui qu'il existe au moins un (1) milliard de jeunes répondants à ce critère d'âge dans le monde dont les 3/4 vivent dans les pays en développement et près de 500 millions parmi cette population dans les zones rurales. Les problèmes des jeunes Chaque catégorie de jeunes a ses aspirations et ses préoccupations. En somme, les jeunes ne sont pas à l'abri des problèmes, ils souffrent comme les autre enfants et adultes de la sous-alimentation, de la dégradation de l'environnement, du manque de logements adéquats, de services médicaux et sociaux. En outre, ils sont souvent acculés à des problèmes particuliers, le plus important est peut-être l'impossibilité d'acquérir un enseignement satisfaisant, de telle sorte que non seulement les écoles sont rares et manquent de personnels et d'équipements, mais souvent les programmes dispensés ne sont pas adaptés aux intérêts et aux besoins des élèves du milieu rural. Aussi, lorsque la scolarisation est possible, ce sont les parents qui, parfois, ne veulent pas ou ne peuvent pas pour des raisons économiques ou autres envoyer leurs aînés à l'école, particulièrement les filles. Il en découle souvent et c'est clair, un analphabétisme crucial, ce qui constitue pour eux un handicap pour toute la vie, un phénomène qui s'aggrave et qui devient une tare à supporter par le pays concerné. Ainsi un grand nombre de jeunes restent donc mal préparés, du point de vue intellectuel et professionnel à participer à la vie économique, sociale, culturelle et politique de la communauté et ils ne peuvent de ce fait, avoir le bagage nécessaire pour contribuer d'une façon efficace au processus de développement local ou national. Dans bien de pays, la jeunesse rurale pose aux pouvoirs publics un certain nombre de problèmes qu'ils doivent d'abord comprendre et percevoir en quoi peuvent-ils compromettre les chances de progrès de cette jeunesse. L'expérience acquise en la matière dans diverses parties du monde a permis de constater qu'il se pose presque partout les mêmes problèmes inhérents notamment : ? à la motivation : réalisant que les zones rurales omises dans les programmes de développement, les jeunes perdent confiance et s'inquiètent de leur avenir. Dès lors, ils épousent l'idée de partir ailleurs notamment dans les villes, là aussi, avons-nous soutenu, ils n'ont pas d'avenir, au contraire ils aggravent les problèmes sociaux et infrastructurels des grands centres urbains. ? à la formation : bien que de nombreux jeunes aient fréquenté les écoles, ils se voient souvent démunis du savoir-faire valable pour gagner leur vie dans les zones rurales, de la sorte, la jeunesse reste mal préparée et peu équipée pour répondre aux exigences du développement rural. ? à la participation : cet aspect est peut-être le plus important. Les jeunes se sentent souvent isolés et ne parviennent pas à s'insérer dans le contexte local de développement rural. Ils ne sont pratiquement pas représentés et n'ont aucun moyen de se faire entendre. Livrés à eux-mêmes et à défaut d'une orientation valable, les jeunes perdent tout espoir, ils aggravent de la sorte les conditions de vie dans les zones rurales. ? aux opportunités et possibilités : que l'on soit objectif et réaliste, il existe peu de programmes qui visent la promotion des jeunes ruraux ou des projets tendant à les associer aux activités de développement rural, dans plusieurs contrées du monde. L'espace rural constitue une plateforme de développement auquel la jeunesse rurale pourrait apporter toute sa contribution, les implications seront d'autant avantageuses, pourvu que l'on soutienne ses efforts et ses initiatives personnelles et collectivités. Les besoins et attentes des jeunes Dans la pratique de tous les jours, chaque problème a nécessairement une solution, mais chaque solution engendre en elle-même un problème. Pour les jeunes ruraux, il s'agit surtout de leur expliquer comment intensifier leur participation à la production, à la promotion de l'agriculture familiale et au développement et comment les aider à donner un sens à la vie et à se préparer à jouer dans le pays un rôle constructif. En voilà une problématique aussi épineuse à résoudre, mais la réponse pourrait être axée autour du concept de reconnaissance, de l'éducation qu'on leur dispense et des possibilités de leur promotion. Les efforts visant à améliorer la vie et la productivité des jeunes notamment les jeunes ruraux passent nécessairement par la reconnaissance de certaines réalités: Tout d'abord, les jeunes constituent une ressource inestimable et ont un rôle primordial à jouer dans le processus de développement national, ils doivent cependant surmonter de nombreux obstacles. Ils ont besoin à cet effet, d'encouragements, de soutien, d'orientation et d'accompagnement surtout. Les programmes de développement ne peuvent ignorer ces catégories de garçons et de filles qu'ils soient petits agriculteurs, petits éleveurs, pêcheurs, chômeurs ou autres qu'il convient de subvenir à leurs besoins et répondre à leurs préoccupations et de les mettre en état de participer activement aux efforts de développement à travers des initiatives locales résolument soutenues visant la promotion de ces jeunes, pour ne plus se permettre de prendre le risque de gâcher une ressource aussi précieuse.. Déjà en 1995, les Nations unies ont préconisé un programme d'actions mondial à l'horizon 2000 et au delà, il s'agit alors : ? D'améliorer la situation sociale et économique pour permettre à un nombre accru de jeunes de fréquenter l'école et les programmes de formation. ? De mettre l'accent sur les problèmes des groupes qui sont souvent laissés à l'écart des programmes d'éducation et de formation, notamment les filles et les jeunes femmes. ? De veiller à ce que l'éducation et la formation soient pertinentes pour l'emploi et utiles pour aider les jeunes à réaliser la transition vers l'âge adulte, une vie de citoyen actif et un emploi productif et rémunérateur. ? De fournir les capitaux de démarrage pour soutenir l'entreprise et offrir des programmes d'emploi aux jeunes. ? D'appuyer des programmes de coopération et des banques de développement pour les jeunes. ? D'affecter des ressources à des programmes en faveur des jeunes qui ont des difficultés particulières. ? D'associer les jeunes à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes de services bénévoles en faveur de la communauté juvénile. Dans les zones rurales, aussi bien les adultes que les jeunes sont à la fois moyens et fin, ils sont les artisans de toute promotion, leur participation aux activités de développement constitue un atout indéniable pour la promotion globale du pays. Les zones d'ombre, les jeunes et l'agriculture Disons sans précaution oratoire aucune, s'il y'est une approche louable et de pleine mesure, c'est celle liée au programme des zones d'ombre que le Gouvernement a lance en 2020, sur la base des orientations de monsieur le Président la République et qui vise, en somme, à réduire les disparités territoriales, à travers la formulation de projets intégrés à dimensions sociale, culturelle et économique en concertation avec les population de ces zones. Ces zones sont d'ailleurs et souvent caractérisées par la prédominance de l'emploi agricole ou para agricole, mais avec des contraintes inhérent parfois au manque d'infrastructures et de moyens matériels et aux conditions du milieu. Ce qui conduit à une exploitation non durable des ressources naturelles et la tendance à la faiblesse des revenus faibles des ménages faibles, induisant des poches de pauvreté où à l'exode rurale. En réponse, le gouvernement, soucieux de promouvoir ces zones d'ombre, a proposé une démarche cohérente ayant pour objectifs : i), l'élimination de l'isolement des populations vivants dans les zones éparses et enclavées ;ii), l'alimentation des populations en eau potable, électricité et gaz ;iii), l'amélioration des conditions de scolarités des élèves et fournir des services liés à la santé et à l'épanouissement des jeunes et iv), la diversification des capacités économiques des zones isolées pour offrir de l'emploi et des opportunités de travail. Ce sont là autant d'éléments de soubassement pour permettre aux populations de ces zones de vivre dans des conditions favorables leur offrant l'opportunité d'exprimer leur volonté et leur motivation de participer et de contribuer pleinement au développement national. L'approche de développement des zones d'ombre, aussi louable, en vaut la chandelle dans la mesure où elle instaure l'équité et l'égalité et réduit les disparités et permet, de ce fait, la promotion des zones rurales et des populations qui y vivent. Les jeunes constituent une catégorie essentielle de la population qui milite pour avoir une vie descente. L'agriculture branche vitale de l'économie, leur offre de pleines opportunité pour se développer et créer des richesses dans le cadre de la politique agricole mise en œuvre partant de l'idée qu'il est possible de créer une nouvelle génération d'agriculteurs, plus modernes et plus productifs en donnant à la jeunesse le goût de l'innovation et du risque calculé et qu'il existe dans toutes les zones rurales des personnes ayant des caractéristiques voulues pour promouvoir cette évolution. L'objectif visé est de faire disparaître certain des handicaps économiques et montrer à la jeunesse que l'agriculture quand elle est bien pratiquée est un moyen important pour gagner sa vie. Il s'agit également d'amener la population à adopter une attitude positive à l'égard du développement et de la conservation des ressources naturelles. En poursuivant ces objectifs, il est espéré de réduire les disparités et d'améliorer l'image de marque de l'agriculteur à faire preuve d'initiative et à résoudre ses problèmes, de favoriser l'apparition d'une agriculture plus méthodique et plus scientifique; d'aider la population à accroître ses connaissances pratiques et à mieux gérer ses affaires; enfin, sensibiliser le public aux problèmes écologiques à travers une approche de développement durable. En Algérie, on estime que plus de 70% de la population est constituée de jeunes dit-on, parmi lesquels existe une frange de jeunes ruraux. Les données du Recensement général de l'agriculture (RGA) effectué par le ministère de l'Agriculture voilà plus de deux décennies (2001) révèlent que 4,8% des exploitants agricoles ont moins de 30 ans, soit une population équivalent à 113.182 parmi une population d'exploitants recensés égale à 2 357 963. Alors que globalement les données statistiques de 2018 font valoir qu'il existe 30 facultés et instituts universitaires agronomiques d'où sortent annuellement quelque 13.000 diplômés, dont 5.000 titulaires d'un master, et 300 centres et instituts de formation professionnelle d'où sortent annuellement 30.000 diplômés dans les filières de la production agricole et du machinisme agricole et près de 45.000 jeunes sont diplômés annuellement de ces instituts. C'est dire que la branche agriculture est un véritable secteur où s'entrecroisent les volontés de nombreuses catégories de la population, dont les jeunes en font partie avec la pleine motivation. Les mesures draconiennes et louables de facilitation sont aujourd'hui enregistrées, traduites, soit par l'implication des réseaux de soutien financiers pour la création de petites entreprises ou des start-ups à travers les institutions multiples (ANADE, CNAC et autres) ou le dispositif de création de nouvelles exploitations agricoles, lancé par le ministère de l'Agriculture, ou encore les possibilités d'exploiter les forêts récréatives, ou les mini-projets agricoles, pour ne citer que ces mesures porteuses, dont les jeunes trouveront toutes leurs aspirations, corroborées par ailleurs par les programmes multiformes d'emploi en direction des jeunes lancés par les pouvoirs publics. Il reste cependant qu'un trésor d'imagination doit être développé pour répondre aux préoccupations, aux besoins et attentes des jeunes. Car les besoins de la jeunesse d'hier ne sont plus d'actualité aujourd'hui et ce sont les jeunes eux-mêmes qui devront formuler leurs propres besoins pour être au diapason avec leur imagination et leur aspiration, dans le cadre du développement, sachant toutefois que le secteur de l'agriculture offre, à lui seul, d'énormes garanties de prospérité. Par ailleurs, l'enjeu majeur dans la promotion et la motivation des jeunes réside dans leur orientation, à travers l'information et l'engagement d'un processus de communication approprié qui leur permet de prendre de conscience, en vue de comprendre les enjeux et les défis de l'heure, mais également de percevoir les opportunités qui leur sont offertes dans tout domaine d'activité. Cela veut dire qu'aucune stratégie de développement ne sera complète sans l'intégration d'une stratégie de communication dans le diagnostic des besoins et dans le choix des priorités visant à la réaliser. Enfin, il ne va pas sans dire que les jeunes représentent une source et une richesse inépuisable qu'aucun pays à travers la planète ne peut s'en passer. Dotés d'une énergie liée à leur âge et à leur volonté d'autopromotion et d'autodétermination par rapport à leur propre société, l'apport des jeune au développement de surcroît agricole, générateur de richesses, ne peut que leur être d'un intérêt capital pour surpasser des marasmes auxquels sont parfois livrés et concrétiser leurs ambitions. *Agronome post-universitaire. |
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