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Le
président de la République française a tenu à mettre son intervention, à
l'issue des débats, devant les journalistes sous le signe de l'humilité.
L'effort est à saluer.
Mais si le Président a réussi à donner le change, il n'a pas réussi à changer la donne dans l'esprit de ceux qui attendaient son adresse depuis quelques temps déjà. Il était plus à l'aise dans la seconde phase de questions-réponses mais cette aisance n'a pas suffi à combler le handicap qu'il a lui-même creusé allongeant à près d'une heure les propos liminaires d'une prestation gaullienne à laquelle il n'était pas préparé. En flattant l'art d'être français, il a surtout cultivé l'art français de gouverner en répondant aux urgentes inquiétudes des citoyens par l'institution de commissions et conseils chargés d'y réfléchir. A la revendication d'un référendum d'initiative citoyenne, il propose de dépoussiérer le référendum d'initiative partagée qui occupe dans l'anonymat un coin de la Constitution depuis onze ans et de simplifier sa mise en œuvre. Le gouvernement est appelé à entamer une réflexion sur le sujet. Au sentiment de marginalisation, il propose d'instituer un comité de participation citoyenne et demande au gouvernement de réfléchir sur les voies et moyens de donner corps à cette proposition. Aux inquiétudes écologiques, de plus en plus pressantes, il propose de mettre sur pied un comité de défense de l'écologie et confie encore une fois au gouvernement de mener une réflexion sur la faisabilité d'une telle idée. Il répond favorablement au «ras le bol» fiscal en promettant une baisse globale de cinq milliards d'euros en chargeant le gouvernement de réfléchir à la répartition de cet allégement et à l'identification des bénéficiaires. A la détresse des familles monoparentales, il engage le gouvernement dans la recherche d'une solution juridique qui consiste à transférer un droit régalien de l'État à la caisse d'allocations familiales pour se substituer aux bénéficiaires de la pension alimentaire en procédant à son prélèvement sur les revenus du redevable, s'il en a. A la désorientation des citoyens devant la complexité des démarches administratives, il voit la solution dans la maison des services au niveau de chaque canton et dont les moyens et les objectifs doivent être déterminés par le gouvernement. Aux retraités qui se sont sentis agressés par ses premières mesures pour illustrer son choix stratégique en faveur du travail, il promet le rétablissement de l'indexation sur l'inflation en 2020 pour les retraites de moins de 2000 euros et la fin de toute «sous-indexation» pour toutes les retraites dès 2021, oubliant de préciser que les mesures auxquelles il prétend renoncer ont été retoquées en 2019 par le Conseil constitutionnel qui les considéra hors-jeu dans l'espace temporel de 2019 et qu'elles n'ont donc jamais été actées. Pour les services éducatifs et sanitaires, il s'engage à ne pas aggraver la souffrance des territoires abandonnés en s'abstenant de toute fermeture d'ici la fin de son mandat. Pour le reste, il réitère ses engagements de campagne d'introduire une dose de proportionnelle dans les élections et de réduire le nombre de parlementaires. Le tout est présenté sous la volonté de remettre l'Humain au cœur d'un projet de gouvernance qui fluctue entre l'Olympe et l'Agora. |
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