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La
chose la plus compliquée pour un critique c'est de dire du mal d'un film bien
intentionné. Et ça devient encore plus grave quand c'est un film réalisé par un
cinéaste qu'on a longtemps aimé. Contre Trump, Spike
Lee a complètement foiré son film Blackkksman.
Revenons à ceux qui continuent à nous enchanter. Jean-Luc Godard, une fois de plus, n'a pas souhaité venir à Cannes. C'est sans lui que nous avons découvert son dernier chef-d'oeuvre Le Livre d'Image en compétition officielle. Et pour la traditionnelle conférence de presse, le maître suisse a préféré répondre aux questions des journalistes par l'application Face-time. Ce qui prouve qu'à 87 ans JLG a toujours une longueur d'avance. Le petit écran portatif qui fait son entrée fracassante dans le dernier palais des derniers défenseurs du grand écran résume à quel point la guerre que livre Cannes à des opérateurs comme Netflix est perdue d'avance. Si Jafar Pahani n'est pas venu à Cannes défendre son beau film Trois visages, c'est pour d'autres raisons à rapprocher avec celles qui ont empêché son homologue russe Kirill Serebrennikov, lui aussi en compétition officielle avec Leto. Interdiction de quitter le territoire local pour le Russe et l'Iranien. C'est alors qu'une évidence apparaît au bout de la nuit. Les meilleurs films vus à Cannes cette année sont venus sans leurs auteurs. Les absents auront-ils toujours raison ? Un signe ? Oui, mais qui va analyser ce signe sinon vous chers lecteurs ? Un critique n'est pas là pour décrypter les signes mais pour faire " une lecture " des films. Prenons le dernier Panahi, après Ceci n'est pas un film et Taxi Téhéran, des films archi-primés et réalisés alors qu'il n'en avait plus le droit. Panahi persiste avec Trois visages, qui commence par une longue scène tournée au téléphone portable. Un signe plus un signe? Vidéo où une jeune fille filme son suicide et explique au préalable que c'est à cause de sa famille qui l'a empêchée de devenir comédienne. Lancée comme un SOS à une actrice célèbre, cette vidéo va entraîner Jafar Panahi et son actrice célèbre fétiche (tous les deux dans leurs propres rôles) à traverser le pays à la recherche de la jeune fille en espérant qu'elle ne s'est pas réellement suicidée, que c'est un canular. Avec une grande modestie et très peu de moyens, Jafar Panahi réalise un très grand film qui emprunte les codes de son maître, le regretté Abbas Kiarostami. Mélange de la fiction et de la réalité imbriquées dans une belle série de mises en abyme. La voiture qui traverse l'Iran de Téhéran jusqu'à la frontière turque va devenir un studio ambulant comme dans tant de beaux films d'Abbas K. Voilà, il ne reste plus qu'à l'écrire la critique. |
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