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«Vaut mieux Nanni
Moretti que Mami Club des Pins» (Tipaza Matarès - El Watan)
Tous les jours, un point de vue critique sur les critiques de cinéma accrédités à Cannes. Résumé des épisodes précédents. L'annonce de la retraite anticipée de l'envoyé spécial du Quotidien d'Oran à Cannes a fait l'effet d'une bombe dans le milieu de la presse algérien-ne dite «indépendante» - laquelle continue à chercher les mots qu'il faut pour rendre compte de cette information incroyable. Rappelons simplement que l'auteur de cette magnifique chronique a annoncé hier, dans un communiqué d'une sobriété qui l'honore, qu'à l'issue de cette 68ème édition du Festival de Cannes il cédera sa place à une jeune consœur. Si le nom de la successeure (oui, ça se dit) n'est pas connu pour le moment, les pronostics vont bon train. Mais les nombreux fans de celui qui mine de rien aura enchaîné 25 festivals de Cannes d'affilée n'arrêtent pas de se poser des questions. Quelles sont les raisons réelles qui poussent l'idole des vieux à ne plus revenir faire le zouave à Cannes ? Non, chers amis de longue et de moins longue date, ce retrait n'est pas un coup tordu des services, mais bel et bien une volonté délibérément personnelle - même s'il nous plaît de constater qu'elle est impopulaire. Et ce n'est pas seulement une question d'âge, car on continue de croiser à Cannes des confrères qui sont (au moins) de la génération des parents du sympathique envoyé spécial du Quotidien d'Oran à Cannes (toujours accrédités les octo-nonagénaires, Mabrouki & Ould Khlifa ne devraient pas se sentir concernés, ou alors pas trop). D'un autre côté quand on apprend que, par exemple et ce n'est qu'un exemple, Hind O (au pif, 14 ans au maximum) en est déjà à son 4ème ou 5ème Cannes, il y a de quoi relativiser. Les vraies raisons du retrait annoncé ? Les voici: 1- C'est quand on se surprend à appeler par leurs prénoms les garçons de café de Cannes et qu'ils vous répondent sans écorcher le vôtre qu'on prend conscience qu'un cycle se referme. 2- C'est les lieux de rencontres qui changent avec le temps. Les amis des bains de minuit des années 90, et ceux des nuits sans dormir des années 00, on ne les rencontre désormais que dans les pharmacies de la rue d'Antibes à Cannes. «Comment ça va. Hahaha... Tu viens acheter du Viagra?» Ce genre de situation qui donne envie d'aller rejoindre au fin fond du désert Rachid Nekkaz, avec ou sans Viagra, plutôt que revenir flâner avec les zombies de la Croisette. 3- Passer de la génération «N'selfik» (Fadéla & Sahraoui) à «N'selfie». «Rafik, wine rak?/ Rani n'selfie fi Cannes». Ces nouveaux verbes qu'on a du mal à comprendre, mal à conjuguer. Spoiler un film sur le net, dealer des soirées avec des attaché(e)s de presse qui se prennent pour des duchesses, dire sans rire «Agence Artistique pour le Rayonnement Culturel en Algérie», apprendre que le streaming n'a rien à voir avec le repassage des stings, que la VOD ne veut pas dire Version Originale en Derja, et que l'attraction number one de cette année à Cannes ce sont les patrons de Netflix qui déboulent en force, alors que nous en Algérie n'importe quel crétin qui vend des cigarettes peut faire des net fleexy à 10 DA sans faire sa star. 4- Se sentir de plus en plus nu sur les plages de Cannes, malgré le maillot de bain «Maxi short Akhina des années 80» qui pendouille aux chevilles, se sentir à poil quand même parce qu'on est les derniers, non, le dernier, à ne pas être tatoué de la tête aux pieds. Même les noirs sont tatoués. Ma grand-mère qui l'était aurait pu trouver cela amusant, mais c'est Chawki Amari qui vient à Cannes cette année - on ne l'a sans doute pas assez dit. 5- Etre de plus en plus tenté de sécher toutes les projections de la compétition officielle qui commencent à des heures inhumaines (8H30 du mat') pour leur préférer celles de la sélection Cannes Classics, qui propose cette année des Orson Welles et des Med Hondo, Rocco et ses frères de Visconti avec des scènes supplémentaires, et «Les sans-espoir de Miklos Jancso qui est un chef-d'œuvre qui défie le temps. Autant de raisons et de signes qui ne trompent pas. Cannes est une bulle magnifique et diablement fitzgéraldienne, mais il faut savoir en sortir pour laisser la place aux jeunes. Oui, mais qui ? Le feuilleton continue demain. |
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