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La mort l'a
rattrapé, ce jeudi 14 avril 2022, à l'âge de 30 ans. Le bel âge, celui
promettant à l'adulte, déjà aguerri, les plus belles joies de la vie d'homme
accompli. Tout particulièrement lorsque ces trois décennies ont permis à
l'esprit et au corps de se forger une personnalité respectée et, malgré tous
les obstacles, les jalousies et les coups fourrés, parfois de l'intérieur même,
admirée.
Le personnage est né juste après la Révolution d'octobre 88 grâce à quelques professionnels avertis et expérimentés qui ont eu pour seul défaut (tort ?) de suivre les conseils d'un homme politique très engagé, et de prendre pour associé un déjà richissime homme d'affaires ne connaissant rien à la presse. Il est vrai qu'à l'époque, «homme d'affaires» et «politicien» bien introduits dans le système (dont sa composante politicienne) était chose courante et admise. Comme cul et chemise ! Il est vrai aussi que dans l'euphorie de l'«ouverture démocratique», on pouvait se permettre de rêver pour oublier et effacer les trois décennies de plomb, en matière de liberté d'expression et de liberté d'entreprise. La suite fut une succession de hauts et de bas. Pas mal de succès commerciaux, quelques bonnes fortunes amassées et investies ailleurs, des assassinats de journalistes et de travailleurs par le terrorisme islamiste, des emprisonnements, des «suspensions», des moments de découragement, des querelles internes, des rencontres fréquentes avec la Police et la Justice, des changements multiples de managers et parfois d'orientation, de la plus radicale à la plus «compréhensive» et pour couronner le tout, l'arrivée, durant les années 2000, au sommet de l'Etat d'une bande sans foi (?), mais avec ses lois, se mettant à «commercer» le pays (et des journalistes) à tout-va, et allant jusqu'à compromettre les respectabilités des uns et /ou à laminer les réussites supposées gênantes. Globalement, c'est là toute l'histoire de la liberté et de «Liberté». Les conséquences d'un tel interventionnisme, toujours facile en période d'inorganisation ou d'éparpillement des initiatives, facilitées par la nouvelle mode - dans la presse - de l'appât du gain (plus que de pouvoir bien que ce dernier ne fut pas ignoré, l'un facilitant l'autre) furent par la suite catastrophiques. Sur la pratique quotidienne des libertés d'expression et d'entreprise, chacun voyant « midi à sa porte ». Sur la presse (dont « Liberté »), les dures et implacables réalités de la vie politique et économique rattrapant, dépassant et étouffant tout ce qui pouvait sortir des règles et réglementations établies. Tout ceci étant toujours facilité par les égos, les égoïsmes et les ambitions individuelles. La preuve? Depuis l'annonce de la disparition du journal, presque tous les intervenants politiques et culturels n'ont fait qu'aborder le problème sous l'angle de la liberté d'expression malmenée. Un véritable «mur des lamentations» qui vient tard. Et, pour ce qui concerne les travailleurs, presque tous se contentent de «récupérer» leurs indemnités. Ce qui est une chance par rapport à d'autres «faillis», en ces temps de crise. Mais personne n'a évoqué l'alternative de reprise de l'entreprise par le collectif, aidé par les «amis» conseilleurs. Il est vrai que le propriétaire principal, actionnaire, très largement majoritaire, était bien décidé à opérer une «liquidation» complète pour ne pas se retrouver avec on ne sait quel (s) autre(s) boulet (s) toujours à l'affût d'une bonne affaire. |
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