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En attente

par Ali Brahimi

Quelques peuples arabes, avec leurs élites politiques, semblent avoir du plaisir d'attendre un miracle au lieu de s'activer en vue de changer leurs conditions d'existence comme cela s'effectue chez d'autres nations sachant juger, les actes des gouvernants, afin de remédier, par le biais des urnes, aux médiocrités et abus de leurs élus Malheureusement, ce sont ces positions en attente conjuguées aux atermoiements qui prévalent du fait que des clans politico financiers, internes et externes, suscitent ces expectatives entassées depuis des décennies et, qu'à force de manigances, ont donc provoqué les violentes révolutions en cours, au Maghreb et le Moyen-orient, de plus en plus menacées par toutes sortes de déviations dangereuses du fait qu'elles n'ont pas pressé le pas, depuis le printemps de l'année écoulée, afin d'atteindre les objectifs principaux.

En politique, notamment dans le vif de l'actualité des transformations qui n'interviennent que rarement dans la vie d'un peuple, il serait utile de se rappeler l'ébahissement voire les inquiétudes exprimées en déclarations de la part des puissances mondiales prises au dépourvues par la vélocité des faits faisant tomber à la renverse leurs stratèges en géopolitique s'accrochant au moindre mal : Une relève islamiste modérée aux multiples équations inconnues.

En effet, la rapide succession des événements, ainsi que la panique de l'entourage de l'ex président tunisien, a fait que ces puissances furent effectivement prises à contre-pieds. L'exil, en Arabie Saoudite, hâtivement arrangé de l'ex président tunisien, en plein vol, dénote la déroute d'un régime. Néanmoins, il a laissé derrière lui un ensemble de comportements en train de prendre du regain au sein des principaux partis politiques relayés par des survivances de l'ancien système destourien

Ensuite, le cas du président Egyptien est davantage à méditer. En effet, le président déchu représentait un atout de premier plan dans l'échiquier politique de l'ensemble du Moyen-orient voire international. A ce sujet, a quelques jours de sa chute précipitée et tout juste après, les USA ont fait des pieds et des mains pour assurer la continuité de sa stratégie.

Ils ont tout de suite pris contact avec Israël, l'Arabie Saoudite, la Turquie, les pays occidentaux?, afin d'assurer la relève par le biais d'un sosie consensuel. Ils voulaient vivement installer, à la place du Rais déchu, le chef des services du renseignement. L'état-major de l'institution militaire a pris les devants de la scène. Cette semaine, elle se retrouve face à elle-même du fait des nouveaux défis. Ainsi vont les révolutions ! A propos de mémoire, il serait instructif de se souvenir du conseil donné par Israël, quelques mois avant la révolution, à l'ex président Egyptien qui voulait léguer la présidence a son fils aîné. Ils ont émis ce conseil par le biais d'un article de presse l'avertissant de ne plus penser à cette succession. Dérouté et désenchanté, par la suite des événements, c'est son éphémère vice-président, promis à lui succéder, qui avait annonce sa démission arrangée.

Ensuite, il s'affiche pitoyablement avec ses fils devant le tribunal pour affaires de malversations. Il a été même invité, par le gouvernement israélien, qu'il s'exile en? Israël. Il a préféré rester en Egypte. Un comportement méritoire. Néanmoins il voulait attirer la sympathie de ses ennemis et l'apitoiement de ses amis toujours actifs dans les rouages de l'Etat.

En d'autres termes, la conduite normale d'un dictateur, dépité par l'échec de la contre-révolution, s'exprimant comme suit : « alors puisque c'est la débandade il souhaite tous les malheurs et que les pires humiliations tombent sur lui, ses ennemis et, à l'occasion, ses amis qui l'ont abandonné ». En fait, c'est de l'auto flagellation combinée au désespoir. Ainsi, nul ne peut faire durer indéfiniment dans l'autoritarisme sans rendre des comptes un jour. Le cas dramatique du défunt guide libyen dont tout le monde connaît le triste sort, après plus de 40 ans de règne, ou celui du président yéménite démissionné malgré lui et la puissance de son clan, devraient en principe servir d'exemple à d'autres dictateurs encore aveuglés par la folie de durer plus qu'il en faut.

En ce qui concerne le cas de la Syrie, en pleine ébullition, elle se retrouve sous l'emprise de deux phénomènes : l'un interne accouché par le régime en place affairé à semer les germes de la division identitaire combinée a une répression féroce. Cela n'a pas abattu pour autant la détermination d'une importante partie de la population décidée d'en finir avec les incuries d'un régime irresponsable semant les zizanies entre minorité et majorité du peuple ainsi qu'entre partis d'opposition dont quelques-uns sont manifestement a sa solde.

Celui externe devient de plus en plus aléatoire. Il s'agit de ceux qui l'ont soutenu jusqu'à ce jour et qui, a la lumière des premiers signes de lassitude observée cette semaine malgré les fausses ardeurs triomphalistes du régime syrien, deviennent de moins en moins empressés à le soutenir d'autant plus qu'ils savent que ledit régime ne les mènerait nulle part, malgré que les deux puissances mondiales (Chine et Russie) tentent de monnayer une issue salutaire au jeune président syrien, du fait que lui-même ne sait pas ou il va puisque, ces derniers temps, il est en train de tourner en rond. Est-il sincère ? Et surtout que ses protecteurs, dont principalement le régime iranien qui a l'air d'accomplir une promesse donnée a son prédécesseur, soient convaincus de la rupture consommée entre le régime et le peuple. Au fait, qui pourrait décider à la place du peuple syrien ? Personne !

Ceux qui ont vraiment l'intention de l'aider d'emprunter une voie salutaire, au plan interne, devraient d'abord cesser de le mener en bateau et lui dire les quatre vérités du terrain en face et, surtout, le sensibiliser à quitter la table avant qu'il ne soit trop tard. A l'image d'un gentleman. En effet, comment peut-on gouverner une frange importante du peuple, en dehors de sa volonté, d'autant plus qu'elle exige avec force son départ ?

Chez nous, grâce à Dieu, il y a une ambiance sereine, à tous les niveaux, mis à part quelques déceptions. Les candidatures aux élections législatives foisonnent et s'entassent, pêle-mêle, dans les salles d'attente d'une myriade de partis, avec toutefois des grincements de dents de la part des relégués, en bas de listes, pourtant appartenant aux nouvelles générations. Manifestement, une grande partie des partis, semble intéressée par la notoriété populiste voire folklorique des candidats (ates) au lieu de celle de la compétence affirmée et éprouvée. L'ancien mot d'ordre, notre mulet vaut mieux que votre cheval, serait-il de retour ?

Malgré tout, une lueur d'espoir nous vient de l'engouement de la jeunesse féminine qui investit les bureaux, de l'ensemble des partis, afin de se porter candidates. Un bon signe. En effet, se mettre an diapason avec l'évolution du monde, a l'exemple du voisinage, c'est mettre un terme a l'absurde conflit des générations menant tôt ou tard aux impasses.

Cependant, une question demeure posée : la nouvelle génération, des deux sexes, est-elle disposée à reprendre sereinement, et sans trop attendre qu'on le lui donne, le flambeau du 1er novembre 1954 ? Une date symbolisant la lutte d'une génération d'Hommes, que des généraux de l'armée française figurer aux lions des djebels, et de Femmes comparées a des épervières de la Liberté. La génération actuelle serait-elle capable de poursuivre le combat de la génération novembriste ? L'avenir nous le dira !!