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Tesla et bitcoin, main dans la main

par Akram Belkaïd, Paris

Ce qui est bon pour le bitcoin est bon pour Tesla... L’adage ne s’est pas encore imposé dans le discours économique mais cela semble en bonne voie. En témoigne les annonces faites par le constructeur de véhicules électriques lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre (bénéfice net de 438 millions de dollars, excusez du peu). La firme d’Elon Musk a ainsi indiqué avoir cédé sur le marché près de 10% de ses avoirs en bitcoins (BTC) soit un gain net de 272 millions de dollars.

1 milliard de dollars de plus-value

Besoin d’argent ? Besoin de financer de nouveaux investissements ? Que nenni. Pour le fantasque milliardaire, il s’agissait surtout de démontrer aux marchés, aux investisseurs et au grand public que le bitcoin est un actif liquide. On sait que cette monnaie virtuelle (19 millions d’unités en existent aujourd’hui dans le monde pour un maximum prévu à 21 millions) est très critiquée. De nombreuses autorités de régulation ont mis en garde contre les risques de spéculations et d’éclatement de ce qu’elles considèrent comme une bulle (1 bitcoin vaut 55 000 dollars). En cédant 10% de ses avoirs dans cette monnaie, Musk prouve donc qu’il n’est rien de plus aisé que de s’en séparer. Ce « besoin de liquidité » est, on le sait, l’un des principes fondamentaux des marchés et de la valeur des actifs.

Mais Musk se rend aussi service. En effet, Tesla possède encore 42 000 bitcoins dans sa trésorerie et cela pourrait augmenter puisque le constructeur accepte désormais cette monnaie comme règlement dans l’acquisition de ses voitures. Avec 42 000 bitcoins dans la caisse, c’est l’équivalent d’un matelas de 2,31 milliards de dollars dont dispose Tesla. Quand on sait qu’ils ont été acquis pour près de 1,3 milliards de dollars, on réalise que la plus-value potentielle est aujourd’hui de 1 milliard de dollars. Autrement dit, en ce moment, il n’est pas meilleur placement en ces temps de taux d’intérêt bas.

Régulateurs dépassés

En vendant du bitcoin, Musk incite donc d’autres entrants à en acquérir et à les utiliser. Ce qui, au passage, valorise son propre portefeuille de BTC. Dans un marché régulé, ce genre de manœuvres aurait déjà été sanctionné car cela s’apparente ni plus ni moins qu’à une manipulation des cours. Mais les monnaies virtuelles sont encore un Far-West où les régulateurs boursiers et financiers ne savent que faire. C’est une réalité bien connue : les acteurs ont toujours un temps d’avance sur les autorités de régulation mais dans le cas présent, on se demande jusqu’où la bulle bitcoin va aller. Assiste-t-on à la naissance de la monnaie de demain, ce qui signifie qu’il serait temps d’en acheter, y compris pour les États et leurs banques centrales ? Ou est-ce alors une tendance spéculative qui finira tôt ou tard par s’étioler ? Pour le patron de Tesla, c’est la première réponse qui prime. Mais on n’est pas obligé de le croire.