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Tlemcen: «Nos familles crèvent de faim»

par Khaled Boumediene

Alors que le confinement a été levé dans les wilayas de Saïda, Tindouf, Illizi et Tamanrasset, qui ont strictement observé les règles et consignes sanitaires pour lutter contre la pandémie de coronavirus, il faudra encore attendre pour la wilaya de Tlemcen où une hausse des cas de contamination par le coronavirus dans plusieurs communes a été constatée ces dernières semaines. Cette crise sanitaire inédite qui se prolonge au fil des semaines constitue un coup dur pour les employés et propriétaires des cafés, restaurants, bains et douches, salons de coiffure, quincailleries, merceries, hôtels, salles des fêtes, salons de coiffure, boutiques de cosmétiques et parfumeries, magasins de vente d'électroménagers et d'ustensiles de cuisine ainsi que pour les chauffeurs de taxi et de bus, les magasins et commerces de pâtisserie, d'habillement et chaussures et entreprises du bâtiment et des travaux publics et de l'hydraulique.

Les dégâts collatéraux de la crise du Covid-19 sur ces employés, chefs d'établissements et entrepreneurs, contraints depuis plus de trois mois à l'inactivité, sont immenses. «Personne ne s'imaginait se retrouver sans activité aussi rapidement ! Nos familles crèvent de faim et nous redoutons que la situation se complique de plus en plus pour nos familles si vraiment ça continue comme ça !», nous ont dit hier plusieurs personnes de Tlemcen qui ne travaillent plus depuis le début de la crise du Covid-19. Un autre chauffeur de taxi de la ville de Tlemcen sans activité professionnelle depuis mi-mars dernier, nous a raconté sa souffrance et celle de ses collègues. «C'est une période compliquée, on n'a jamais été confrontés à ça, et c'est terrible pour les chauffeurs de taxi et pour leurs familles, ça commence à peser sur notre moral ! On remercie l'Etat pour son aide de 10 000 DA, mais est-ce suffisant pour nous ? On ne pensait pas un jour devoir solliciter de l'aide alimentaire le mois de Ramadhan pour nourrir nos enfants ! On ne peut pas rester sans travail, on ne s'en sortira pas ! J'ai comme une boule dans le ventre dès que j'ai appris que le confinement va être prolongé ! Que vais-je faire pour nourrir mes enfants ?». Et d'ajouter avec angoisse qui apparaît clairement sur son visage : «Tout ce que l'on souhaite est que cette épidémie disparaisse définitivement et que les gens reviennent IN CHA'ALLAH à leur travail !». Outre les nombreux employés des secteurs de tourisme, de voyage, d'événementiel et de transport urbain, périurbain et inter-wilayas qui sont aussi complètement à l'arrêt durant cette période exceptionnelle, qui n'ont pas échappé à cette situation inquiétante, les commerçants, les chefs d'entreprises et entrepreneurs dont les activités sont dramatiquement touchées par la pandémie du Covid-19, ne savent pas s'ils seront autorisés à ouvrir leurs magasins ou à redémarrer leurs chantiers le 13 juin prochain. «La vie économique de la wilaya vient de subir une tempête sans précédent à cause de la fermeture de certains commerces, chantiers et établissements de fabrication ! Tout est stoppé pour l'instant ! Moi par exemple, mon chantier de construction est depuis le mois de mars à l'arrêt, et je ne sais pas quand est-ce on va reprendre les travaux. Il y a aussi, les employés qui sont au chômage et qui éprouvent des difficultés pour nourrir leurs familles. Tout le monde se pose des questions pour savoir comment on peut faire. Il faut aujourd'hui sauver ces entreprises pour ne pas perdre des emplois, et pour cela, il nous faut des mécanismes de soutien pour permettre à nos entreprises de survivre à la pandémie qui nous a mis à genoux, car vraiment aucune entreprise ne peut tenir plus d'un mois sans activités. Nous avons subi une perte énorme d'activités depuis mars 2020 !», a indiqué un chef d'une entreprise privée du BTPH de Tlemcen. Cette angoisse est aussi ressentie par de nombreux propriétaires de restaurants, campings, hôtels, maisons et appartements de location et commerçants des localités littorales de Marsa Ben M'hidi, Bider, B'hira, Ouled Benayad, Oued Abdallah, Sidna Ouchâa, Honaïne et Agla où les plages sont restées fermées à cause du Covid-19 et ce, contrairement aux années précédentes où la saison estivale est ouverte chaque 1er juin de l'année.