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Après l’accord de l’Opep

par Akram Belkaïd, Paris

Que faut-il penser de l’accord « historique » conclu entre les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d’autres producteurs non membres du Cartel et réunis autour de la Russie ? Pour mémoire, cet « ajustement », pour reprendre le terme employé par Mohammed Barkindo, le secrétaire général de l’Opep, prévoit une diminution de la production de près de 10 millions de barils par jour (mbj) à partir du 1er mai prochain. C’est effectivement la plus grande baisse consentie par les exportateurs d’or noir. Signalons aussi que le président américain Donald Trump prétend que la diminution serait encore plus importante et qu’elle atteindrait les 20 mbj. Il est difficile de savoir si cette affirmation est fondée ou si elle relève de l’habituelle communication égotique du locataire de la Maison-Blanche qui, d’ailleurs, s’attribue les mérites de cet accord.

Capacités de stockage

Mais revenons à la portée de la baisse des 10 mbj. Dans un premier temps, le marché a favorablement réagi puisque le baril de Brent est au-dessus des 32 dollars tandis que le WTI s’éloigne de la barre symbolique des 20 dollars. Mais, rapidement, des questions ont fait surface. La première, comme d’habitude, concerne la viabilité d’un accord qui ne semble pas faire l’unanimité. En effet, il semble que le Mexique soit peu enclin à accepter une baisse d’une telle importance à l’heure où l’économie du pays donne de sérieux signes de faiblesse en raison de la fermeture progressive du marché étasunien.

Autre point, les analystes estiment qu’une réduction de 10 mbj (9,7 mbj pour être exact) est certes imposante mais qu’elle demeure insuffisante. Ces experts rappellent que le marché est gorgé de pétrole, que les capacités de stockage sont à leur niveau maximum d’utilisation, y compris aux Etats-Unis, pays qui dispose d’importants moyens de stockage. La presse spécialisée se fait d’ailleurs l’écho de nombreux tankers qui n’arrivent pas à livrer leur cargaison d’or noir faute de moyens de la réceptionner au sol. Autre élément « baissier » avancé par les analystes : l’économie mondiale est menacée de récession, ce qui va automatiquement affecter la demande. Du coup, nombre de publications jugent que la réduction aurait dû atteindre au moins 15 mbj, voire 20 mbj. Cela explique peut-être les déclarations de Donald Trump toujours prompt à rassurer les marchés et à rendre service à l’industrie du pétrole de schiste qui a besoin d’un prix du baril élevé pour compenser ses coûts élevés de production.

Le cas algérien

Et l’Algérie dans tout ça ? Membre de l’Opep, le pays devra se conformer aux décisions du Cartel dans un contexte où l’on commence à se poser la question qui fâche : combien de temps encore l’Algérie demeurera un exportateur net de pétrole ? Si la question ne se pose pas pour le gaz, elle mérite d’être abordée pour ce qui est de l’or noir, les principaux champs donnant de sérieux signes de « fatigue » dans un contexte de hausse continue de la consommation domestique.