Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Trafic de drogue: De 12 à 15 ans de prison contre les membres d'un réseau de Petit-Lac

par M. Nadir

  Le tribunal criminel près la cour d'Oran a condamné les dénommés M. Sid Ahmed, B. Brahim, C. Mohamed et R. Benchohra à des peines de 12 et 15 ans pour des faits de trafic de drogue remontant au 10 mars 2010.

Selon le dossier de l'accusation, une quantité de 43,5 kg de résine de cannabis a été retrouvée dans le garage appartenant à M. Sid Ahmed, 54 ans, maçon de profession, habitant dans le quartier de Haï Dhaya (ex-Petit Lac). Plus tard dans la même journée, les policiers interpelleront trois autres personnes, B. Brahim, R. Benchohra et C. Mohamed qui se trouvaient à bord du véhicule de ce dernier, stationné à proximité du domicile de Sid Ahmed. Ils sont vite suspectés de complicité de trafic de drogue et arrêtés pour être interrogés. Devant la police et, plus tard, le juge d'instruction, Sid Ahmed fait des aveux complets et détaillés. Il reconnaît avoir loué son garage pour le stockage de la drogue contre 10.000 DA le kilogramme et donne le nom d'un certain S. Kamel, habitant à Maghnia, comme étant le fournisseur et propriétaire de la drogue. Les trois autres accusés nieront les faits qui leur sont reprochés. Deux connaissent bien Sid Ahmed -B. Brahim étant son beau-frère et R. Benchohra étant son voisin- mais C. Mohamed dit être juste un chauffeur de taxi clandestin qui a l'habitude de transporter Brahim et les membres de sa famille. Malgré tout, le juge d'instruction estime qu'il se trouve en présence d'éléments composant un réseau de trafic de drogue -d'autant que l'enquête a relevé des échanges téléphoniques avec des ressortissants marocains- et les inculpe sous les chefs d'accusation d'importation, transport, stockage et mise en vente de produits stupéfiants en bande organisée, suivant les articles 2, 19 et 17 (alinéas 1 et 3) de la loi 04-18 portant lutte contre les produits stupéfiants. A la barre, le principal accusé, M. Sid Ahmed, revient sur ses déclarations qu'il affirme avoir faites sous la menace de Brahim et accuse celui-ci d'être le récipiendaire et gardien de la drogue: «Je lui avais loué mon garage mais je ne savais pas qu'il y stockait des stupéfiants», affirme-t-il en niant connaître S. Kamel avec lequel, dit-il encore, Brahim échangeait les appels téléphoniques. De son côté, Brahim, plâtrier de 45 ans, rejette les allégations de son beau-frère et nie avoir loué le garage : «C'est Sid Ahmed qui a loué le garage à S. Kamel que je ne connais d'ailleurs pas et j'ignorais qu'il était question de trafic de drogue», soutiendra-t-il en admettant toutefois être un gros consommateur de kif. Comme il admettra être en contact avec des Marocains : «Mais nous exerçons le même métier. Ce sont des plâtriers comme moi», expliquera-t-il. C. Mohamed, 40 ans, originaire de Khenchela et établi à Oran depuis 2012, affirmera ne pas connaître ses coaccusés, exception faite de Brahim qui, dit-il, fait régulièrement appel à ses services de chauffeur clandestin. Il nie son implication dans cette affaire. Quant à R. Benchohra, 55 ans et employé aux abattoirs, il admet connaître Sid Ahmed qui est son voisin mais rejette toutes les accusations qui pèsent sur lui.

S'appuyant sur les aveux faits lors de l'enquête préliminaire, les appels téléphoniques échangés avec des Marocains et la saisie de 43,5 kg de kif effectuée dans le domicile de Sid Ahmed à Petit Lac, le représentant du ministère public affirmera qu'il est bien ici question d'un réseau de trafic de drogue et requiert à l'encontre des accusés 20 ans de réclusion criminelle. Unanimes à rejeter l'accusation d'importation de drogue en bande organisée, chef d'inculpation qui, disent-ils, n'est pas pertinent dans cette affaire, les avocats de la défense plaideront l'acquittement de tous les accusés. Y compris M. Sid Ahmed dont le défenseur a tenté de plaider l'ignorance de la commission du crime : «Il avait loué son garage à Brahim mais il ignorait l'usage que celui-ci lui réservait», dira-t-il. D'ailleurs, sa culpabilité dans le transport et la mise en vente de stupéfiants n'a pas été établie par des preuves matérielles, ajoutera-t-il. L'absence de preuves matérielles accablantes constituera l'essentiel de l'argumentation des autres avocats qui estiment que le dossier d'accusation est vide : «Pas de drogue sur les suspects lors de l'interpellation, ni dans le véhicule et encore moins dans leurs domiciles», diront-ils en affirmant que l'innocence de leurs mandants ne fait aucun doute.

A l'issue des délibérations, le tribunal criminel écartera le chef d'accusation d'importation de drogue mais retiendra ceux de stockage, détention et mise en vente en bande organisée contre les quatre accusés. Il estimera, toutefois, que la responsabilité de M. Sid Ahmed et B. Brahim est plus engagée dans ce trafic et les condamnera à 15 ans de réclusion. C. Mohamed et R. Benchohra écoperont, eux, de 12 ans.