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Cérémonie d'installation de l'APC d'Oran: Boukhatem succède à lui-même à la tête de la mairie

par Houari Saaïdia

Ceux qui, au sortir de l'hémicycle, pariaient que la cérémonie prévue à une poignée d'heures d'intervalle au cabinet du maire, boulevard de la Soummam, allait être un remake de « l'acte I », vu le dénominateur commun de l'hégémonie du FLN sur l'Assemblée élue entre les deux cas, n'ont pas eu tort. Mais ils n'ont eu qu'à moitié raison.

Ici et là, à l'APW comme à l'APC, les dés étaient jetés. Le sort étant scellé depuis vendredi 24 novembre, avec l'annonce du verdict des urnes qui a tué tout suspense. Plus besoin d'isoloir et d'urne, plus besoin de lever la main. Avec un écrasant score de 46/55 à l'APW et 39/43 à l'APC pour l'ex-parti unique, on pouvait lors des solennités faire l'économie de la lecture des articles y afférents de la loi électorale et du code des collectivités territoriales. Et même se passer du simple petit rappel des références. D'ailleurs, à l'écrit comme à l'oral, de bouche à oreille comme par SMS, Facebook, Twitter et Instagram, on parlait sur la place d'Oran plus d'installation des deux B (Boubekeur et de Boukhatem) que d'installation de l'Assemblée populaire de wilaya et de l'Assemblée populaire communale d'Oran. En quelque sorte, on avait cette tendance assez spontanée, du moins dans le langage courant, à personnifier les nouvelles Assemblées élues, en les concentrant dans le nom-profil-charisme du président d'Assemblée et en apposant dessus la photo d'identité et le sigle du parti politique du leadership. Et cette focalisation d'attention sur la personne du président, voire cette transcendance du président sur l'Assemblée dont il est le digne représentant moral et légal et dont il incarne l'autorité, s'est exprimée dans toute sa dimension et sa signification lors des cérémonies d'installation de l'APW et de l'APC d'Oran, qui ont eu lieu avant-hier samedi, à six heures d'intervalle.

CEREMONIES APW ET APC D'ORAN : MEME SENARIO? OU PRESQUE

Pour preuve, à l'hémicycle, l'audience censée être un acte administratif, procédural et protocolaire postélectoral a pris des airs d'une scène de réjouissance collective, de joie expansive, de jubilation à l'égard du Pr. Boubekeur et ce, avant même que celui-ci n'ait été officiellement proclamé président de l'APW. L'administration locale, elle, ne pouvait espérer mieux en guise de faire-valoir pour mieux crédibiliser, conforter et légitimer les résultats du scrutin du 23 novembre et, par là même, jeter le discrédit sur les quelques détracteurs, non sans leur coller l'étiquette de mauvais perdants qui ont fait un bien mauvais pari en pronostiquant que la cérémonie APW aller faire un coup foiré.

L'acte II, qui a eu pour cadre l'édifice du cabinet du maire, au style baroque, marqué par la splendeur architecturale et la surcharge décorative, fera encore plus fort en termes d'ambiance festive, de proclamation expéditive du président de l'Assemblée, une simple reconduction du maire sortant qui a eu 90,70% des voix, mais aussi et surtout de camouflet grandeur nature pour ceux qui misaient sur un scénario coup de théâtre. Avec néanmoins cette différence près par rapport à la cérémonie de l'APW, une plus grande maîtrise de l'art oratoire du haut de la tribune, beaucoup plus de spontanéité dans le récit, de terre-à-terre, de prise avec la réalité compliquée et complexe liée à la gestion des affaires publiques et les problèmes de la ville, beaucoup moins de stéréotypes, de clichés, de généralités, de discours plat, incolore, inodore et insipide. En une allocution de vingt minutes, Noureddine Boukhatem a résumé trois mandats, non pas en termes de réalisations, se vantant devant l'oratoire et flattant son ego par-devant le wali et les responsables qui l'accompagnaient, mais en termes de problèmes mineurs comme majeurs de la ville qui cherche encore et toujours son statut désiré et ambitionné de métropole méditerranéenne, en termes de chantiers inachevés et de projets qui demeurent encre sur papier, en termes d'actions et d'opérations inscrites sur sa feuille de route qui ont besoin d'une volonté politique et de finances du coup, de perspectives pour Oran et les Oranais? En peu de mots, et même si la circonstance ne s'y prêtait pas vraiment, Boukhatem a su plaider son programme pour les cinq ans à venir, en présence de responsables exécutifs, d'élus, de représentants de la société civile, de simples citoyens, pour les en rendre coauteurs et donc cosignataires. Le tout avec une communication d'une certaine forme d'esprit, à la fois joyeuse et satirique, caractérisée par un aspect vivace et piquant, parfois.