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La directrice des PTIC saisit le wali: Recrudescence des agressions contre les distributeurs automatiques de billets

par Houari Saaïdia

A Oran, le processus de modernisation des systèmes de paiement par l'utilisation des TIC et de digitalisation des transactions financières et monétiques se heurte à un ennemi impénitent, qui s'appelle «vandalisme». Celui-ci tire toute sa force de l'alliance entre «incivisme» des uns et «je-m'en-foutisme» des autres.

Le déploiement du système électronique, utilisant les automates DAB et GAB (distributeur automatique de billets et guichet automatique de banque) est un exemple édifiant à cet égard. A l'instar des câbles téléphoniques et des fibres optiques, pour ne citer que ces objets supports, les DAB et les GAB sont en paroi à la déprédation sous toutes ses formes. Sabotage, saccage, destruction délibérée? Bien sûr, on a tendance à pointer tout de suite un doigt accusateur vers le coupable tout désigné : l'incivisme. C'est-à-dire, pour s'en tenir au sens strict du terme, vers ce défaut de respect de la chose publique. Ce qui est, parfaitement, vrai. Mais cet auteur non personnifié a un complice passif, non personnifié lui aussi, qui porte le nom « indifférence ». C'est trop facile, certes, de faire grief à Algérie Poste, puisque étant la propriétaire de ces appareils, de n'avoir pas installé, à temps un œil électronique, une caméra de surveillance, à chaque bureau de poste pour garder, entre autres, ces précieuses machines dans son champ de vision. Mais, en attendant que l'ex « P & T », qui a, du reste d'autres chats à fouetter, se rattrape et se ressaisisse, n'est-il pas du devoir des institutions étatiques ayant pour mission régalienne, entre autres, de veiller sur les biens publics d'inclure ces instruments et tous les édifices postaux où ils sont hébergés pour la plupart d'entre eux, dans leur réseau à protéger ou, tout au moins, dans leur domaine à mettre en exergue par le biais d'actes et de signes ostentatoires véhiculant et consacrant le principe du respect dû à la chose publique ? A moins que l'on ne considère pas ces fameuses machines comme étant des outils de service public ou, peut-être, qu'il ne s'agit que de consommables que les postiers n'ont qu'à changer à chaque fois que besoin en est.

Sécurisation des sites DAB : pas l'affaire d'Algerie Poste seule

Car le fait est là : pas moins d'une vingtaine de ces coûteuses machines, entre DAB et GAB, ont fait l'objet d'actes de vandalisme, ces toutes dernières années, selon la directrice de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (PTIC) de la wilaya, Mme Kahloula Seddiki Meriem. Le plus souvent, il s'agit, selon toute vraisemblance, de malfaiteurs qui s'en prennent à ces automates en les défonçant à coups de poing et de pied et en utilisant toutes sortes d'outils et de passe-partout pour tenter d'accéder à leur « tiroir-caisse » ou, à défaut, les obliger à cracher des billets. Evidement, toutes ces tentatives ont échoué pour la simple raison que, à l'insu de ces brigands forcenés, ces automates ne disposent d'aucun sou dans leurs intestins, l'argent se trouvant dans un coffre-fort bien sécurisé de l'autre bout du mur bétonné et blindé. Mais le mal est fait, l'appareil étant complètement endommagé après coup, tombe en panne prolongée et mis hors service, au grand malheur des usagers titulaires de cartes de paiement électronique. Les plaintes contre X déposées par Algerie Poste, il y en des dizaines.

Plaintes contre X... affaires sans suite

Aucune affaire n'a été élucidée. Autant dire qu'il y a autant de dossiers classés que d'actes criminels enregistrés. L'exemple du DAB dévasté d'Aïn El-Turck, collé à l'Agence postale située en plein cœur du centre-ville, n'en est qu'un cas parmi tant d'autres. A la rupture du service public et la pénalisation des utilisateurs s'ajoute, bien sûr, le préjudice financier. Dans la majorité des cas, l'automate étant complètement détérioré, il n'est pas réparable ni récupérable. Le seul moyen pour le rendre fonctionnel, c'est de le remplacer par une pièce neuve. Plus facile à dire qu'à faire. Cela coûte, pour Algérie Poste, les yeux de la tête. De plus, au niveau national, il n'y a qu'un seul opérateur agréé qui assure l'installation et la maintenance de ces automates. Les démarches d'acquisition et d'intervention devant passer par la Centrale à Alger, il faut donc prendre son mal en patience pour voir le matériel défectueux renouvelé. «Le phénomène de dégradation volontaire des DAB et des GAB nous a posé un préjudice incommensurable. Moral et matériel. Au lieu d'avancer, nous faisons du surplace. S'il n'y avait pas eu lieu cette série d'agressions, le parc d'automates déployés à travers la wilaya serait de l'ordre de 90 unités, soit presque le double de ce qui existe actuellement. Malheureusement, au lieu de déployer sur de nouveaux points et d'étendre ainsi le réseau, nous sommes contraints de désinstaller les automates abîmées et d'installer au lieu et à la place du nouveau matériel. C'est un coup dur, financièrement et économiquement, et presque un frein au plan de développement du secteur, notamment concernant la généralisation des prestations électroniques qui s'inscrit dans la stratégie de modernisation des services afin d'assurer un service public de qualité et de se rapprocher, davantage, du client, la modernisation des systèmes de paiement par l'utilisation des TIC, ainsi que la dynamisation et l'intégration des services à distance », déplore la directrice des PTIC.

Télésurveillance et carte «Edahabia» en cours de route

Pour cette responsable, «ce fléau n'est pas une fatalité, mais un fait ponctuel et conjoncturel dont l'éradication nécessite l'implication de tout le monde, y compris les collectivités locales qui doivent accorder beaucoup plus de soin et d'attention à l'égard de ces moyens de service public moderne, et ce, d'autant qu'Oran s'apprête les JM-202, où on n'a pas droit à la moindre faille, dans ce domaine en particulier». La même responsable fait savoir dans le même contexte, qu'une opération d'installation de caméras de surveillance, avec système de supervision centralisé, à hauteur de tous les établissements postaux de la wilaya, est en cours de réalisation par Algérie Poste. Douze points, entre agences et bureaux, ont été pris en charge jusqu'ici.

Une autre opération est sur le point de démarrer, selon la même source, celle relative à la généralisation de la mise à niveau technique de l'ensemble des DAB et des GAB de la wilaya, permettant de basculer sur le nouveau système, en vue de l'utilisation de la nouvelle carte de paiement électronique «Edahabia». Algérie Poste envisage, en effet, la généralisation de l'usage de la nouvelle carte sur l'ensemble des automates pour permettre aux usagers d'effectuer, tous types de transactions financières, sur Internet (paiement en ligne), le retrait sur les TPE, au niveau des bureaux de poste, le règlement des achats, au niveau des magasins (commerces) disposant de TPE (terminaux de paiement électronique), l'accès à la plate-forme ?Baridi.net', où divers services et produits sont proposés à la vente sur un site marchand (e-boutique) conçu selon les normes universelles connues en la matière.