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Investissements: La bureaucratie reste un obstacle majeur

par Yazid Alilat

Le comité de veille mis en place lors de la dernière réunion de la tripartie à Annaba va donner un coup d'accélérateur aux projets d'investissements. C'est ce que pense le président de la fédération de l'agroalimentaire, Abdelwahab Ziani. Il a déclaré hier mercredi à la radio nationale que «c'est une première. On souffre pour investir», souligne t-il, déplorant qu'un investisseur et son projet soient bloqués par la bureaucratie. Aujourd'hui, avec ce comité, qui rassemble cinq ministères, dont l'Industrie et les Mines et l'Agriculture sous la tutelle du Premier ministre, la situation devrait s'améliorer, estime t-il. Avec ce comité de veille, «il y aura une évaluation mensuelle sur les investissements importants», a-t-il ajouté, relevant que ce sera «au Premier ministre de débureaucratiser là où ça bloque.» Car, selon M. Ziani, et en dépit de tout ce qui a été fait jusque-là, «les investissements restent otages de la bureaucratie.

La bureaucratie reste lourde, à chaque fois il faut appeler le Premier ministre. Et la lourdeur dure, il faut un an à trois ans pour avoir les documents pour les investisseurs», affirme t-il. Pour M. Ziani, l'administration, avec ses lourdeurs, «n'arrive pas à suivre la vitesse de l'entreprise». «Il faut que toutes les administrations suivent l'entreprise, car aujourd'hui, il y a un manque de tout.» Il a expliqué par ailleurs que des «dossiers d'investissements sont dans l'attente d'un agrément depuis des mois», avant de relever qu'«il faut donner l'occasion à l'entreprise de reconquérir son marché, et faire tomber le marché parallèle.»           Dans cette affaire, «il faut que tout le monde soit impliqué à travailler fortement.» Sur la liste négative de certaines filières industrielles, saturées, il a estimé que pour certaines industries, comme les minoteries ou les laiteries, il y en a suffisamment, et il faut qu'«on arrête de donner des avantages à la minoterie.

On a donné des avantages fiscaux à des laiteries qui n'ont aucune raison d'être», accuse t-il, avant de souligner qu'«il faut ordonner les choses.

Il y a des secteurs d'investissements saturés.» Le ministre de l'Industrie et des Mines Abdeslam Bouchouareb avait indiqué qu'il y aura une liste négative pour supprimer les avantages fiscaux notamment aux secteurs industriels saturés.

M. Ziani revient sur certains produits alimentaires importés, indiquant que «toutes les entreprises dans le domaine agro-industriel peuvent produire leurs matières premières en Algérie pour s'auto-suffire.» Et, pour gérer les importations «inutiles», «il faut impliquer les douanes pour faire des barrières non tarifaires. On doit revenir sur la norme, qui doit suivre tous les produits réalisés en Algérie», ajoute t-il, estimant que ce protectionnisme commercial «est de bonne guerre, car eux aussi ont un système d'agréage qui fait qu'aucun pays non européen ne peut accéder au marché européen. Ce sont des mécanismes qui ne vous permettent pas d'accéder à leur marché.» M. Ziani pense par ailleurs que l'économie nationale peut atteindre les 5% de croissance en 2020, et «si on arrive à atteindre un PIB de 5%, on ira vers l'extension des entreprises et de la création de l'emploi.» Qualifiant de «bonnes» les relations entre le gouvernement et les entreprises, il a indiqué que «depuis quelque temps, les autorités nous écoutent plus, le Premier ministre nous booste, il nous dit que « nous sommes derrière vous». «La relation est très importante aujourd'hui pour avoir un peu d'encouragement, car si on place l'entreprise au cœur de l'économie, on ira loin.» D'autre part, M. Ziani estime que les entreprises agroalimentaires doivent être protégées des importations massives de produits alimentaires que l'on fabrique déjà en Algérie, à l'instar des confitures et du concentré de tomate. «Il y a des secteurs à protéger, comme le secteur des industries de conservation, dont la tomate. Nous avons atteint un taux d'intégration de 78% aujourd'hui, et 100% à fin 2017.» Pour M. Ziani, pour être rentables dans le domaine de la construction mécanique, «on doit faire des taux d'intégration de 30% au moins.» Il y a quatre constructeurs de voitures qui vont commencer à travailler en Algérie. On doit faire des taux d'intégration avec des producteurs nationaux de pièces de rechanges, pour diminuer le prix de l'automobile.» Enfin, il a également souligné que l'industrie des smartphones en Algérie, leader régional, se porte bien et mérite d'être soutenue et encouragée.