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Les redoublants ne sont plus en classe

par Saadeddine Kouidri

A la lecture de la presse nationale, on s'aperçoit que les déclarations des «politiques» ne se distinguent pas de celles du parti unique. Ils pointent de leurs verbes les méchants pour nous dire qu'ils sont les bons. Pour justifier leur présence et leurs interventions, ils changent le nom du méchant. Ce n'est jamais en opposition à un programme politique, à une idéologie, ne serait qu'à une seule idée. Ils n'ont pas cette idée, comment dans ce cas pouvoir en avoir deux. La deuxième à laquelle ils s'opposent.

Dans ce cas on peut voir des hommes différents se rencontrer, se congratuler, se fâcher, se réconcilier, s'opposant toujours au pouvoir pour pouvoir se rencontrer une prochaine fois.

Depuis des lustres, l'intellectuel algérien tend à éviter la couleur des partis. Qu'est-ce que le FLN ? Il est féodal ou bourgeois ? Le FFS est-il toujours socialiste ?

L'absence claire à la question de l'identité d'un parti politique découle de la faiblesse de la classe des travailleurs, de la honte des bourgeois de se déclarer et de la ruse des féodaux dont la devise est que la guerre n'est que ruse.

Oui, c'est la guerre tant que l'Homme n'est pas libre. Oui l'Humanité est en guerre perpétuelle contre l'injustice. Pour pouvoir mener cette guerre, le prolétaire, le salarié, tous ceux et celles qui vivent de leur travail doivent s'organiser pour pouvoir affronter l'injustice. La démocratie est à ce jour le moyen moderne d'organisation aux mains de tous, gratuitement.

Comment l'utiliser ?

Au préalable il faut définir l'ennemi. Nous savons tous aujourd'hui que si l'argent n'a pas d'odeur, l'ami comme l'ennemi peuvent avoir plus d'une nationalité. L'ennemi n'est donc pas automatiquement l'étranger, et l'expérience la plus récente nous l'a encore une fois démontré. Les terroristes islamistes s'en sont pris, entre autres, à leurs voisins et à leurs propres parents. Sansal dit bien «La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité».

Leurs leaders étaient lovés dans l'antre du pouvoir depuis le congrès de la Soummam. Comment voulez-vous qu'ils s'en réclament ? Ils osent même prétendre qu'ils en étaient les ennemis. Ne pas déclarer son appartenance est la ruse de l'esclavagiste, du féodal, du bourgeois et de tous les vampires. Il ne faut pas s'attendre que l'ennemi nous informe de la guerre qu'il nous livre ni même de l'habit qu'il porte, ni de la forme immonde qu'il emprunte.

Ces absences relèvent de la stratégie de sa classe et ne nous dit pas que telle personne est un démocrate, de la dictature prolétarienne ou de la démocratie bourgeoise. La grande tromperie était dans cette réconciliation qui ne précisait pas le vis-à-vis. Ils empruntent au pouvoir ses ruses pour dire qu'ils s'opposent sans préciser exactement à quelles idées ils s'opposent, à la laïcité, à l'islamisme?

En Algérie aujourd'hui, le clivage est beaucoup plus clair : Le système politique nous veut musulman dans sa signification moyenâgeuse qui tend à signifier, peuple soumis, plus près de Dieu que de l'Homme avec sa dernière Constitution qui fait de notre pays une «Terre d'islam». Cette affirmation nie non seulement tout le passé du pays, mais aussi toutes ses cultures. Elle a cet impact immédiat qui réduit instamment la richesse plusieurs fois millénaire de notre individualité. On oublie souvent que l'Algérie est en Afrique et que l'Afrique est le berceau de l'Humanité. Pourquoi cette réduction sinon cette intention de nous rapprocher le plus d'Allah, pour mieux nous ensevelir. Ce large programme peut-il être épelé ? Que non, la réduction fait partie de la panoplie de l'emprisonnement, une préparation à l'asservissement. Ils disent bien que la femme est libre dans sa maison et nouvellement ils disent qu'elle relève de la charia qui, la charia, remonte aux siècles d'antan.

Je retiens deux déclarations rapportées dans la presse aujourd'hui comme exemples qui sèment l'illusion :

«?une réunion organique comme le congrès est justement faite pour trancher d'éventuelles divergences» affirme un membre actuel du MDS. Personnellement je n'ai jamais entendu parler d'un congrès qui se tient alors que ses membres ont des divergences. L'administration le sait et elle l'invoque alors qu'elle n'est, tout simplement pas tenue de l'invoquer. Elle l'invoque comme une vérité de la Palice. Tout le problème des partis est dans ce nœud gordien.

Comment le surmonter un jour si on n'en parle pas en toute franchise ?

L'autre exemple est dans l'affirmation de Soufiane Djilali président de Jil Jadid qui affirme que «même innocent, pourquoi ce monsieur spécialement devrait-il revenir aux affaires ?» Ce monsieur semble tout simplement ignorer l'appartenance de M.Khellil comme celui qui veut nous faire croire au cinéma italien, à la justice italienne, alors qu'il s'agit d'un pouvoir à l'agonie assis sur la malversation depuis des décennies. Eddahrou kachaf, dit le proverbe de chez nous qu'on peut traduire par «qui vivra verra». De nos jours on n'attend pas longtemps pour voir.

N.B. Si Kamal Daoud écrit en ce moment, certain qu'il risque avec sa future publication d'obtenir le prix Nobel et nous le suicide de Boudjedra. Que faut-il souhaiter : un deuxième prix Nobel pour l'Algérie après celui de Camus ou le suicide de l'écrivain-jaloux ? Pour une fois on ne peut pas vouloir les deux. Alors qu'est-ce qu'on veut ?