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Annaba : Que se passe-t-il au complexe d'El Hadjar ?

par Abdelkrim Zerzouri

Que se passe-t-il, encore, à ArcelorMittal Annaba ? Si l'on se fie, d'un côté, aux assertions du syndicat d'entreprise, l'atmosphère socioprofessionnelle, au sein du complexe, semble au beau fixe. «Administration, syndicat et travailleurs déploient d'énormes efforts afin de sauvegarder l'outil de travail, dont le haut fourneau, et garantir une bonne production.

Notre challenge commun demeure la concrétisation du programme d'investissement et la hausse de la production », peut-on lire sur le communiqué, rendu public, hier, par le secrétaire général du syndicat d'entreprise ArcelorMittal Annaba, M. Daoud Kechichi. Pourtant, l'autre revers de la médaille fait montre d'un profond malaise, palpable dans le ton amer du communiqué et autant dans les mots utilisés par le secrétaire général du syndicat d'entreprise. «Des lobbies mafieux usent, de tous les moyens, menaces, intimidations et insultes contre des cadres supérieurs de l'entreprise, intègres et compétents, qu'on veut écarter et laisser place nette à leurs sponsors », persiste et signe M. Daoud Kechichi.

Contacté, hier, par téléphone, ce dernier a confirmé l'existence de ce malaise que font planer, sur le complexe, «certains groupes d'intérêts étroits qui gravitent, tout autour, pour saigner l'entreprise et assurer une couverture légale à leurs fonds financiers mal acquis ». S'agit-il d'une filière de blanchiment d'argent ? Oui, affirme notre interlocuteur, ces gens ont détourné d'importantes quantités de fer et de bronze, générant des sommes faramineuses à leur profit, et aujourd'hui, un peu plus qu'hier, le plan d'investissement ambitieux, faisant saliver beaucoup de monde, les suceurs de sang veulent se tenir près de la source pour tirer profit des lourds investissements dont le plan, engagé officiellement, vise à injecter, dans le circuit, près d'un milliard de dollars et atteindre, à moyen et long termes une production dépassant les 2,2 millions de tonnes de fer, par an. «La situation s'est dégradée d'une façon alarmante après l'élection présidentielle, où des voix disant s'exprimer au nom du président de la République et de l'ex. ministre du secteur, M. Amara Benyounes, en l'occurrence, font entendre qu'elles vont dégommer plusieurs cadres de leurs postes de responsabilités et les remplacer par d'autres, bien sûr, selon leurs convenances », dénonce M. Daoud Kechichi. Même ce dernier est placé sur la ligne de mire, car ces personnes qui disent agir, sous des ordres venant de haut lieu, ne sont pas en termes de sainteté avec le secrétaire général du syndicat d'entreprise et annoncent, ouvertement, leur intention de lui trouver un remplaçant. Scandaleux. On apprendra dans ce sillage que le directeur des Ressources humaines, l'un des cadres ciblés par cette campagne jugée «vile et odieuse », menée de l'extérieur du complexe, dans l'esprit d'une mainmise sur la gestion interne de l'entreprise, a déposé, ces derniers jours, une plainte auprès de la Gendarmerie nationale, à Sidi Amar, pour menaces et insultes contre des personnes identifiées. D'ailleurs, sur ce plan de l'identification des parties derrière cette campagne de «chasse à la sorcière », M. Daoud Kechichi met le doigt «sur le mal», en soutenant que l'Union locale UGTA de Sidi Amar, qui couvre une vaste zone industrielle, se trouve à l'origine de tous les maux dont souffre l'entreprise. Non sans lancer un appel au patron de la Centrale syndicale, M. Sidi Saïd, l'exhortant d'aller vers la tenue d'un congrès de l'Union locale de Sidi Amar, pour procéder au renouvellement de ses membres, dont le mandat a expiré depuis le mois d'avril 2013.

«C'est une promesse du secrétaire général de l'UGTA, lui-même, qui avait suggéré, au mois de janvier dernier, de tenir ce congrès, incessamment», rappelle M. Daoud Kechichi. Ce dernier conclura son intervention sur un air plein d'assurance et de conviction, «le syndicat et les travailleurs ne permettront à aucune partie, nourrissant des ambitions malveillantes, de franchir le pas du portail de l'entreprise ou de menacer la stabilité du complexe, d'une manière ou d'une autre et sous n'importe quelle couverture».