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Présidentielle 2014, l'absence de scénario ?!

par Slemnia Bendaoud

Dans tout système politique démocratique, le poids des institutions est donc primordial, essentiel, puisque leur rôle demeure fondamental. Tout le monde y adhère ou s'y investit, dans la perspective d'y contribuer, afin de l'enrichir et de le peaufiner en relation étroite avec les impératifs de l'heure.

C'est donc la règle. Nul ne peut s'y soustraire, encore s'y opposer pour s'imposer de front, de force ou de droit (historique, tribal ou autre?) à tout son monde. La méthode utilisée est donc toujours la même et surtout bien connue de tous, et le verdict des urnes est implacable.

Dans ce cas de figure, à chaque nouvelle consultation, l'électeur reprend de droit son droit de citoyen. Il cautionne ou sanctionne. Il entérine ou élimine. Il élit ou réélit. Il choisit ou démet le locataire du palais ou celui du temple du pouvoir.

Il maintient et retient à son poste celui qu'il jugera en rapport ou en adéquation avec l'équation de son programme qui l'agrée, et vire celui qui aura été incapable de satisfaire à ses nombreux besoins et autres légitimes aspirations.

Par contre, dans ces états autocratiques, despotiques et non démocratiques, c'est surtout ce cabinet noir qui s'occupe de cette toute indiquée besogne à la place du citoyen et au nez et à la barbe de l'électeur, sans même chercher après cette légale procuration.

C'est donc ce noyau dur ou cabinet de l'ombre qui décide à la place de tout son monde, plaçant et replaçant ses pions, ses fous, ses hommes à lui, ses dames également, et ses épouvantails de valetailles, n'accordant plus aucun intérêt au verdict des urnes, à chaque fois crié et longtemps décrié.

Entre ceci et cela, oscille la politique de l'Algérie. C'est d'ailleurs l'image qui s'en dégage de la pratique politique du pays, miroitant à dessein l'apparat lorsque celui-ci est favorable à l'image de marque du pays à l'étranger, et dissimulant astucieusement les leviers politiques réels qui travaillent sérieusement à la pérennité du système.

Ainsi, l'Algérie, aux yeux de l'étranger dispose de ces textes de lois qui sont des fois en parfaite osmose avec la pratique démocratique dont ses décideurs du moment trouvent cette impunité à les transgresser en fonction de la carte politique qui sied le plus à ses gouvernants encore en place depuis l'indépendance du pays, même si la mouvance clanique arrive parfois à jeter en pâture tout un pan pour en extirper d'autres des méandres même de l'histoire et les leurs en substituer pour l'occasion.

Ils excellent dans ce jeu de permutation des rôles et des personnages qui travaille à la pérennité du système sans pour autant apporter à la société algérienne la moindre des solutions à ce changement tant attendu. Ça se passait toujours ainsi, puisqu'on continue encore à décider tout le temps de la sorte.

Le choix du président algérien aura donc toujours été l'affaire exclusive de certains cercles restreints au sein du cabinet noir du pouvoir. A l'époque, on invitait le peuple à juste pour la forme élire l'unique candidat du parti unique, avec ces scores-fleuves à la Brejnev que tout le monde connait leur architecture et crédibilité.

Ensuite, c'est devenu l'apanage de gens bien influents qui insufflaient sur la flamme dans le sens où la fumée allait tout droit dans le camp opposé au leur, bernant avec tout leur monde et le submergeant de ces colonnes noirâtres qui lui occultait la vue alentour.

Ils tenaient dans leurs mains et entre les jambes ce braséro dont ils attisaient le feu en fonction des différents évènements et circonstances, en toute constance et sans la moindre retenue, se mettant en tenue de travail dès qu'ils éprouvent ou suspectent une quelconque secousse.

Durant plus d'un demi-siècle, ils s'entrainaient à répéter autant que de besoin les mêmes scénarii, à quelques variantes près, invoquant au passage le danger de l'étranger, la continuité de la révolution, l'homme de la situation, celui du consensus, celui le moins mauvais, le Messie, le plus haut gradé à la plus haute marche de la pyramide des grades et galons ayant défendu le pays contre le colon d'autrefois, le responsable n'ayant pas encore terminé ses nombreux chantiers, le commis de l'état admis en l'état?

En haut lieu, on lui aura toujours trouvé ce qualificatif ou justificatif qu'il faut. Mettant de l'ordre à la maison bien avant de souffler sur ce semblant d'orage, provoqué pour l'occasion afin d'ameuter le monde faute de l'intéresser, une fois le ballon de sonde revenu à son auteur.

Le monde, à présent, connait la formule à force d'avoir longtemps été entrainé pour. Ceux qui lui administraient depuis des lustres déjà ladite pilule doutent en ce moment de son acceptation de cette toute vieille formule. Ils craignent tous de continuer à jouer à ce bien vilain jeu. Parce que les temps ont bel et bien changé. Tout comme la géopolitique met en danger de contamination le pays.

A ce jeu ancien et bien vilain, personne ne s'y aventurera comme jadis ou autrefois. D'ailleurs même le faiseur de rois n'est plus là. Il est donc parti se reposer à l'intérieur de son palais éternel, n'ayant à présent plus aucun relais avec son valetaille de ce bas-monde dont il lui tenait court la bride.

Et comme il ne pouvait faire confiance en son monde, il ne voulait nommer son remplaçant, laissant cette succession bien ouverte pour cette mission à très haut risque, dont il était pratiquement le seul à pouvoir bien s'en acquitter.

Le faiseur de rois est donc parti pour de bon. Le laboratoire d'analyses et de prospectives aura également hermétiquement fermé ses portes. A double tour et sans le moindre retour en ces lieux ou dans leur pourtour.

Aujourd'hui, ce cercle restreint du pouvoir ne prévoit plus rien du tout. Plus rien de tout ceci ou de tout cela. Il est en manque d'inspiration. A court d'idées ! Il ne fait plus de la «politique des Rais». Il la subit de front maintenant. La donne n'est plus uniquement à «caractère intérieur». Et tout le monde a bien peur de la réaction de l'extérieur.

La marge de manœuvre s'est donc rétrécie telle une peau de chagrin. Parce que le climat environnemental n'est plus favorable. Il n'est donc plus question d'innover ces scénarii à l'Algérienne et bien y croire après à leur déroulement sans faille. Dans leur réalisation ou finalité !

Un temps de réflexion s'impose donc. Le temps qui lui a été consacré est jugé déjà trop long par les spécialistes de la question posée. La haute sphère politique d'autrefois prêche-t-elle par la faute de ces scénarios possibles ? Tout concourt à cette seule déduction.

En plus de cette difficulté à agencer le calendrier dans ses délais les plus précis, le climat politique n'est plus le même. La donne politique aura beaucoup changé depuis que des dictateurs africains, éternels tuteurs de leur peuple politiquement mineur, ont quitté la scène politique à cause de la grogne continue de la rue.

En Algérie, on ne sait, à présent, quelle échéance adopter : aller d'abord aux présidentielles pour ensuite triturer au besoin cette putain de constitution, sinon faire carrément l'inverse du trajet proposé !

Le temps nous presse énormément. Bien violement ! Ce chaud vent du sud nous caresse également les fesses. Il nous prend en otage dans son continu tourbillon. On craint franchement cette tempête de sable du mois d'avril et ce printemps berbère qui risque de refaire surface à la faveur de celui arabe en balade dans le continent.

Avril 2014 n'est plus qu'à quelques petits mois seulement. Avril n'est-il pas le plus capricieux des mois de la saison du printemps ? On lui reprochera tout le temps son rire malicieux et continu. Et surtout ses pluies diluviennes qui nous font parfois bien revenir à ces sombres journées hivernales, en plus de ses vents continentaux très violents.

Sa dynamique est bien souvent très variable. Il peut parfois être très sec et bien dangereux. Bien plus sec que ne le sont, en fait, les plus chaudes journées estivales. Sa dynamique est changeante. Son climat est en dents de scie, impossible à prévoir.

Encore plus difficile à pouvoir le contenir, lorsque le rire dépasse l'entendement ou que le niveau des crues de ses oueds rivalise avec ces grandes tempêtes nées des orages d'automne précoces.

Avril est donc connu comme étant le mois de toutes les incertitudes. De toutes les plaisanteries de mauvais goût pour le reste des populations de la planète. A commencer déjà par les caprices de son premier jour. Les paysans, eux surtout, le connaissent très bien d'ailleurs. Raison pour laquelle, ils continuent toujours à plutôt bien compter sur ces dernières pluies du mois de Mai, jugé donc plus mature et plus régulier dans son climat et plus modéré dans sa température.

L'épreuve peut paraitre bien difficile. Surtout que la donne a complètement changé dans sa composante ou fonctionnement. Les anciens repères ont tous disparu, et avec, bien entendu, les anciennes méthodes ou bien vieilles pratiques !

Voilà pourquoi, nous sommes en recul dans le temps et sur le calendrier tout indiqué. Par manque de lisibilité ou de visibilité dans la traçabilité de nos actions et autres imaginations, plus personne n'est donc habilité à échafauder le moindre scénario. Le système aura pris un coup de vieillesse. Ses deux leviers ou ses deux pieds et appareils de propagande auront, eux aussi, fait leur inévitable ou forcée mue, grâce justement à ce grand coup de balai qui fait fuir les grands charlatans et peine à leur trouver de bien conventionnels ou très convenables remplaçants.

Le folklore manque lui aussi de musiciens. Et l'on ne sait sur quelle note ou touche aborder la nouvelle chanson au milieu de ce décor qui parait tellement si étranger à ce que l'on a appris à tout le temps répéter en chœur et à satiété !

Ce gros et très compact nuage politique qui nous obstrue complètement la vue et le lointain horizon ne veut plus maintenant se dissiper. Ou nous quitter à jamais. Il ne nous propose au travers de ses menus moucharabiehs que ces vents violents du sud du pays et ces tempêtes de sable qui font vraiment frémir de peur tout ce beau monde du nord, le contraignant à se terrer chez lui et à tendre l'ouïe bien plus loin que la steppe des hauts-plateaux algériens.

Il le fait dans cette position stupéfaite et bien inquiète du nomade qui attend lui arriver ou parvenir de si loin cette longue caravane qui lui amènera sa nourriture quotidienne, parcourant pour cela monts et vaux, oasis et nombreuses dunes de sable.

La scène politique est donc, de fait, presque déserte. Une seule personnalité de poids et de grande envergure tente de tous ses efforts d'engager le pays dans cette dynamique politique qui peine à trouver ses marques, faute justement de véritables concurrents, par manque ces rusés procédés et bien appliqués stratagèmes d'autrefois qui réglaient à l'avance les contours et le résultat final de l'équation proposée, sans même nous convaincre de son utilité ou aller aux fins fonds de son caractère arithmétique si particulier.

Celui-ci part en campagne bien avant l'heure et prend tout son monde de vitesse ou à l'improviste, n'ayant à demander caution à quiconque sauf à ce lectorat à qui il rend visite sur visite, et sur site, sillonnant tout le territoire national afin d'aller à la rencontre de cette élite laquelle encore résiste et milite, pour surtout bien la convaincre du bien-fondé de son programme concocté depuis bientôt une bonne décennie.

L'homme n'a pas de parti politique. Il n'y croit même pas d'ailleurs, jugeant que tout est donc à refaire dans le pays. A commencer par cette élite à de nouveau la consulter dans la perspective d'explorer avec ce futur proche grâce à l'approche faite sur de nouvelles idées qui traceront l'avenir de cette Algérie de demain.

Depuis son retrait volontaire des affaires de l'état, ce grand commis de l'état préparait déjà son programme, s'investissant d'avantage dans le système associatif, et communiquant par presse interposée- dans les deux langues justement- avec son lectorat privilégié, le préparant à cette grande échéance de 2014.

La stratégie qu'il aura adoptée tient beaucoup de la rigueur mathématique dont il détient les éléments-clefs de sa maitrise convenable, et de l'impact marketing la volonté inébranlable de travailler d'arrache-pied à sa grande traduction et manifestation sur le terrain des opérations à l'heure convenue, ou le moment venu.

Dans l'absolue statistique, il a toutes les chances de bien cadrer sa cible, même s'il se garde à présent de dévoiler toutes ses cartes-maitresses. Et elles sont bien nombreuses !

Seulement si le nuage statistique a cette particularité d'être abordé et bien décodé dans le cadre du traitement approprié de ses nombreuses données et signes particuliers très variables, celui dit bien ou très politique peut parfois se moquer royalement de toute cette logique. La raison ? Il est très trouble! Insoluble! Il tient beaucoup à d'autres paramètres très anciens qui n'ont rien à voir avec cette logique mathématique.