Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'accessibilité des handicapés : un facteur essentiel d'intégration sociale

par Salima Benderdouche*

«Un environnement adapté fait des handicapés une personne normale et un environnement mal adapté fait d'une personne normale un handicapé»

L'intégration sociale de tout handicapé est un défi permanent à relever par chaque pays signataire de la convention des Nations unies du 13 Décembre 2006, relative aux droits des personnes handicapées. Cette intégration ne pourra se faire que par une autonomie de déplacement et d'utilisation des équipements publics et des moyens de communication. Notre souci étant d'attirer l'attention sur l'utilité de prendre en charge de manière imminente cette catégorie très importante de la société.

 Plusieurs définitions ont été données pour décrire l'état de la personne handicapée, reprenons celle de la convention sus-citée qui stipule que «Par personnes handicapées, on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l'interaction avec diverses barrières peut faire obstacle leur pleine et effective participation à la société sur la base de l'égalité avec les autres» **

 Une personne handicapée a droit au respect de sa dignité intrinsèque, la liberté de faire ses propres choix et de l'indépendance ;cette dernière se traduit par un déplacement autonome menant à une intégration sociale qui ne peut se faire que par son autonomie .Les handicapés étant des citoyens à part entière,n'ont-il pas le droit d'une intégration sociale permanente et adéquate, leur mal étant continu et leur souffrance grandissante à chaque moment, à chaque obstacle, une souffrance quotidienne morale et physique ; il est plus qu'urgent que des conditions d'une authentique participation des handicapés se concrétisent par un environnement leur offrant une accessibilité qui elle-même intègre plusieurs composantes:

- l'accès (transport, parking, trottoirs, seuil, ...) ;

- la circulation à l'intérieur du bâtiment (déplacement horizontal et vertical, aires de rotation, d'approches et de circulation, repères sonores, tactiles et visuels, signalisation) ;

- l'usage de tous les équipements (sanitaires, cantine, ?)

Les déplacements au sein même d'une structure administrative ne font pas toujours l'objet d'une attention particulière de la part de ses occupants, excepté de la part des personnes éprouvant des difficultés à se déplacer. En effet, un sol inégal ou glissant, un éclairage insuffisant ou le moindre carton laissé négligemment dans un couloir compliquent leurs déplacements. Et pourtant, il serait si simple d'éviter ces inconvénients.

 Nulle personne ne peut s'affirmer, étudier, faire ses achats, régler ses papiers administratifs, si elle ne trouve pas un espace adéquat lui permettant de se déplacer facilement ; plusieurs personnes handicapées restent cloitrées chez elles à cause de la quasi inexistence d'espace adéquat leur permettant de se déplacer aisément d'une place à une autre.

 Citons à titre d'exemple que pour qu'un handicapé sur chaise roulante puisse circuler aisément dans la rue, un trottoir devrait avoir au minimum 1m 20 de largeur ; certains ayant des rebords élevés, rendent difficile D'accès et la traversée,ce qui est une entrave non seulement pour un handicapé sur chaise roulante, mais pour tout citoyen trouvant des difficultés de marche commençant par les enfants très vulnérables physiologiquement, et même lorsque des trottoirs larger existent, ils sont souvent occupés par des étalages de marchandises, des vendeurs à la sauvette ou par des voitures en stationnement abusif...

 Les moyens de transport public sont quasiment unitilisables par une personne utilisant chaise roulante .Trouvant des difficultés à utiliser les taxis, prévoir des bus aménagés pour cette catégorie devient plus que nécessaire.

 Notons qu'un décret fixant les modalités d'accessibilité des personnes handicapées à l'environnement physique, social, économique et culturel a été publié en 2006, dont nous reprenons quelques articles concernant les trottoirs et transport public ***

Art 7 : Les voies réservées aux piétons doivent être adaptées à la circulation et à la mobilité des personnes handicapées. Les trottoirs et les rampes doivent être conçus de manière à faciliter le déplacement des personnes handicapées avec leur équipement spécifique.

Art 9: Les infrastructures, moyens et services de transport doivent être aménagés de façon à faciliter l'accessibilité aux personnes handicapées qui les empruntent.

Art. 10: Afin de les rendre accessibles aux besoins des personnes handicapées, des programmes d'aménagement des infrastructures, moyens et services de transport, notamment le transport collectif seront établis, après consultation des opérateurs concernés, par les services compétents chargés des transports.

 Depuis sa sortie, l'application de ce décret commence à voir le jour dans certaines constructions administratives notamment, mais la généralisation de l'application de tous ses articles nécessite l'implication de chacun.

 Il est important de signaler que cette tranche de la société représente 1.7 millions de personnes en Algérie, soit quasiment 5% de la population, leur nombre étant sujet à une augmentation accrue, à cause de différentes maladies et surtout comme conséquence dramatique des accidents de la route dont la cause principal relève du facteur humain.

Notes :

* Membre de l'association nationale Tarik Essalama (Présidente de l'association locale de prévention routière « Salamat Al Atfal» à Mostaganem )

** www.un.org/french/disabilities/default.asp

*** décret n°06-455 du 11 Décembre 2006 ; Journal Officiel n°80 DU 11 Décembre 2006 ; http://www.joradp.dz/JO2000/2006/080/F_Pag.htm