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Face aux rumeurs des médias égyptiens: Le Soudan rappelle à l'ordre l'Egypte

par Mahrez Ilias

Khartoum a été ferme, malgré les tentatives d'intimidation de la machine diplomatique égyptienne, pour réfuter tout acte malveillant qui aurait visé les supporters d'Egypte après le match d'appui de mercredi, remporté par l'Algérie. Manifestement de très mauvais perdants, les Egyptiens, à travers une certaine presse des bords du Nil, ont tenté de porter autant atteinte à la souveraineté du Soudan que de la capacité des autorités de ce pays d'organiser un match d'une telle importance, entre deux géants du football africain à la rivalité légendaire. Selon Le Caire, des supporters égyptiens auraient été agressés par des fans algériens après le match d'El Merreikh Stadium. Des images TV égyptiennes montrent ainsi de pseudo-supporters algériens manifester avec dans les mains des couteaux.

 Et, pour faire déborder le vase, avec un cinéma psychodramatique que les Egyptiens sont seuls à produire, il y a eu ainsi des blessés, pire au moins un mort.

 Pour les autorités soudanaises, qui ont déployé avant, pendant et après ce match des trésors de précaution et de sécurité pour qu'il se déroule dans de bonnes conditions, c'en est assez ! Accusé d'avoir laissé faire, le Soudan a réagi fermement. Excédées par cette campagne médiatique égyptienne virulente, les autorités soudanaises ont convoqué jeudi l'ambassadeur égyptien à Khartoum auquel elles lui ont exprimé leur mécontentement après cette campagne de presse égyptienne faisant état de fausses informations sur l'après-match qualificatif pour le Mondial 2010. «Le ministère des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Egypte pour l'informer du rejet par le Soudan des informations diffusées par des médias égyptiens concernant les événements d'après-match», annoncent les autorités soudanaises qui estiment que «plutôt que de souligner tout ce que le Soudan a fait pour ce match, l'accueil, l'hébergement de près de 25.000 personnes et la sécurité, les médias égyptiens ont diffusé de fausses informations», a expliqué le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, M. Mouawiya Osmane Khalid. De son côté, l'ambassadeur égyptien à Khartoum Afifi Abdel Wahab a confirmé s'être entretenu jeudi avec de hauts responsables de la diplomatie soudanaise concernant les événements suivant le duel Algérie-Egypte.

 Selon un communiqué de la présidence égyptienne, «les frères au Soudan ont déployé des efforts qui méritent les remerciements, pour faire face aux actes barbares contre les citoyens égyptiens à Khartoum après leur sortie du stade». Cette volte-face du Caire intervient en fait après que les autorités du Soudan eurent manifesté leur colère contre les fausses informations diffusées par les médias égyptiens faisant état de violences contre les supporters des Pharaons. Dans une conférence de presse, le chef de la police de la ville de Khartoum avait non seulement démenti toutes agressions de supporters algériens contre ceux égyptiens, mais surtout qu'il n'y a pas de blessés ni de morts comme rapporté par la presse égyptienne. Des médias égyptiens ont fait état d'au moins un mort dans des accrochages entre supporters des deux pays après le match. Mais ces informations ont été ensuite démenties par le ministère égyptien des Affaires étrangères. Un porte-parole de la police de Khartoum, Abdel Majid Al-Tayeb, a affirmé que quatre personnes avaient été légèrement blessées. Le ministre égyptien de la Santé, Hatem el-Gabali, a indiqué pour sa part que 21 Egyptiens avaient été blessés au Soudan, précisant qu'il s'agissait de «blessures légères». Apparemment, cette campagne de désinformation est la conséquence d'une animosité féroce des médias égyptiens contre tout ce qui est Algérien, et même les plus hautes autorités égyptiennes ne semblent pas s'en soucier, au contraire. Le plus discret des fils du président égyptien Hosni Moubarak, Alaa, a, sur les ondes d'une chaîne de télévision par satellite, jugé «impossible que nous, Egyptiens, supportions cela. Nous devons nous dresser et dire assez». «Si vous insultez ma dignité (...) je vous frapperai à la tête», a ajouté Alaa Moubarak, qui s'était rendu à Khartoum pour la rencontre. Le Conseil des ministres Soudanais, comme pour mettre un terme final à cette hystérie médiatique égyptienne à la suite de la cuisante défaite des Pharaons par les capés de Saâdane, a déclaré lors de sa réunion, jeudi, que «tout s'est bien passé» lors de cette rencontre. Sans commentaires.