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De la presse d'investigation...,

par Houssine Mourad Salim*

Il n'est aucunement dans mon intention de pénaliser une presse tant indépendante que gouvernementale qui a déjà payé le prix -à la place des partis politiques- de la facture du début du processus démocratique en Algérie en perdant près d'une centaine de journalistes et travailleurs de la communication... Cette saignée des gens de la presse additionnée à celle de certains repères de l'élite culturelle nationale ne peut trépasser une seconde fois aux oubliettes d'une « réconciliation nationale » sans être objectivée en tant que phénomène psycho socio politique pour ne pas dire anthropologique_et étudié en tant que tel pour servir d'enseignement aux générations qui remplissent l'Agora aux heures de sortie scolaire. Si la presse continue à se confiner dans une narration officielle ou para-officielle des faits et événements de façon symptomatique et presque morphologique, donc apparente et sémiologique, elle devient une presse-excusez l'expression- clinique qui informe certes le lectorat sur le où, quand, avec une synchronie qui conditionne à coup sûr l'opinion publique nationale dont le leitmotiv actuel de Sebdou à Tébessa se résume ainsi: «...Tous ces évènements qui se succèdent..., et on n'a rien compris!»» Cette prise de conscience d'une majorité de la population algérienne,lettrée ou non,d'un déficit certain au niveau de l'information sécuritaire et socio politique,reste un indicateur d'une carence grave au niveau de la conscience politique d'une nation qui aurait dû rester fière de ses passé et Histoire. Occulter le comment et pourquoi des évènements par certaines structures de l'Etat,plus par phobie d'espionnite qu'alibi d'efficacité,reste une mauvaise gestion de la crise nationale qui perdure et risque d'hypothéquer le destin de l'Etat/Nation qu'est l'Algérie indépendante d'aujourd'hui issue des Accords d'Evian du 19 mars 1962.

Faire endosser cet état de fait à une incapacité de la presse de couvrir tous les événements reste malhonnête du moins pour ceux qui monopolisent l'accès aux sources d'information.Se confiner de la part de certains organes d'information dans la suffisance d'un quotidien se vendant bien ,ou mieux que les autres avec tirage chiffré à l'appui,reste peu crédible à long terme tant au niveau de l'opinion publique locale qu'internationale avec l'intégration qualitative dans les marchés de la mondialisation culturelle qui a déjà commencé.

Analyser le pourquoi et comment des faits et événements en présentant des hypothèses et probabilités au lectorat sur la base d'enquêtes et investigations,n'a jamais été commentaire ou opinions qui doivent rester l'apanage des lecteurs voulant intervenir dans le cadre d'un droit de réponse ou présentation d'une étude scientifique.

S'autocensurer en prétextant la déviation journalistique du commentaire pour annihiler toute tentative d'analyse de la causalité-fût-elle probabilité- des événements et leurs auteurs-fussent-ils présumés !- ne va aucunement dans le sens de l'information facilitant la prise de conscience d'une opinion publique de la réalité des faits et phénomènes ainsi que de l'identité de leurs commanditaires.

La presse d'analyse et d'investigation peut aider et précipiter le processus démocratique en Algérie.



*Psychologue