L'Union pour la Méditerranée, une Union si chère au président français
François Sarkozy, architecte de ce projet, bat de l'aile. Et son avenir est
compromis, avant même le début de fonctionnement de ses structures. D'abord du
fait de la situation actuelle préoccupante au Proche-Orient, ensuite d'une
distribution politique de rôles au sein de l'UPM pas tout à fait claire.
L'Algérie estime ainsi «extravagantes» les décisions prises lors de la réunion
en novembre dernier des chefs de la diplomatie des pays membres de l'UPM. Selon
le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, «nous sommes sortis avec
de nouvelles ambitions à Marseille qui nous ont paru extravagantes. Au lieu
d'un secrétariat léger et technique tel que décidé au Sommet de Paris, on s'est
retrouvé avec un secrétariat composé de sept secrétaires généraux adjoints».
Pour le ministre algérien, il est clair que des rôles ont été attribués à
certains pays de la région, investis soudain de missions particulières au sein
de l'union. Il a ainsi relevé que les rôles ont été «généreusement répartis», soulignant
qu'»au lieu d'un secrétariat technique et compte tenu du choix des pays, on
s'est retrouvé avec un secrétariat politique». «L'Algérie étant conséquente
avec elle-même, fait observer que la démarche de Marseille est en contradiction
avec la déclaration de Paris», a-t-il dit. Une déclaration qui en dit long sur
l'exaspération d'Alger vis-à-vis d'un projet supposé remplacer le processus de
Barcelone, qui n'a pas répondu aux attentes particulièrement politiques
légitimes des pays du sud de la Méditerranée. Avec l'UPM, la France, qui veut
recentrer la configuration politique et économique en Méditerranée, semble
avoir mal ficelé autant son projet que ses intentions de ramener autour d'elle
ses alliés (politiques) stratégiques. L'étonnement de l'Algérie devant le
scénario de pays trônant au niveau du secrétariat général d'une Union censée
rassembler les pays de la région au tour des mêmes objectifs de
co-développement et de bon voisinage est symptomatique de la dérive, dès le
départ du projet français qui, au demeurant, s'inscrit dans la logique de
l'affrontement traditionnel entre Paris et Berlin, qui avait dénoncé cette
«énième» union au sein des frontières de l'Union européenne. Mais, ce qui donne
aujourd'hui un sérieux coup d'épée à ce projet reste l'agression d'Israël
contre les Palestiniens à Ghaza. Il ne faut pas se voiler la face : ce qu'est
en train de commettre Israël dans la bande de Ghaza est un désaveu flagrant à
toutes les promesses de paix et de stabilité dans le bassin méditerranéen. Un
objectif primordial pour les initiateurs de l'UPM, qui se voit ainsi tiré un
obus grandeur nature sur sa faible envergure. L'agression d'Israël contre les
Palestiniens, son instinct guerrier et son arrogance militaire tirée du soutien
sans faille de Washington, ont irrémédiablement compromis un projet qui devait
rassembler tous les riverains de la Mare Nostrum autour d'un objectif commun de
paix, stabilité et prospérité. Le déplacement de Sarkozy dans la région à la
recherche d'un impossible arrêt des bombardements des populations
palestiniennes n'est que le geste de trop qui confirme la vacuité d'un projet
bien parti pour être abandonné en cours de route. On ne peut appartenir à une
UPM dont un des supposés pays membres est un Etat qui privilégie la guerre, un Etat
qui terrorise et tue des femmes et des enfants. L'UPM avait bien insisté dans
ses intentions d'encourager la démocratie dans la région.
Ce qu'est en train de démontrer Israël dans la bande de Ghaza est tout à
fait le contraire.