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Oui monsieur, je ne suis pas nationaliste !

par El Yazid Dib

Sur une chaîne privée qui n'a que le fiel à jeter sur tout brin d'ouverture vers l'autre, le Monsieur, Hacène Aribi, sanglé dans une apparence de sobriété est venu dire ses évidences. Benghabrit doit partir. Rien que ça. Une audace qui n'est censée ne s'inscrire que dans un extrémisme aiguisé, l'avait poussé à déclarer que «tous les Algériens nationalistes sont pour son départ» et que «tous les autres, ceux qui la soutiennent ne sont pas des nationalistes» nous en voilà dans l'inquisition et l'ingérence morale. Ainsi, le nationalisme s'explique par l'existence de camp bipolaire. De surcroît avec ou contre non pas une patrie, un idéal mais un simple individu mortel et révocable à tout moment, fût-il ministre de l'Education.

Je me sentais destinataire sans être pour la dame un quelconque soutien. Je me sentais destinataire, car l'école et ses bouillonnements idéologiques j'en connais un bout pour l'avoir étalé en tant que scribouillard et su et appris en tant que parent et arrière-parent d'élève. Vous avez Monsieur votre vision des blouses, des rangs, des classes, des tableaux, des recréations, des grévistes ; les autres ont aussi les leurs. Un avis ne s'impose pas, il s'expose et se munit de quête vers l'adhésion et la conviction.

Vous êtes le député, je suis l'électeur. Vous êtes d'un parti, je suis d'un autre, l'Algérie nous rassemble, l'école nous divise. Votre livre d'inspiration est le mien. Votre livre d'enrôlement n'a jamais été le mien. Le sacré ne vous est pas une exclusivité, pourtant nous présumons pratiquer le même rite, les mêmes génuflexions, les mêmes ablutions à la différence que vous, vous en faites des mentions de cartes de visite et des badges électoraux, j'en fais une intimité et une affaire strictement personnelle. Ma pauvre tête qui vous tendait l'oreille, doutait comprendre que le Droit était pour vous la règle d'or dans la liberté d'expression. Vous en usez à satiété. Quel est donc ce droit parlementaire, institutionnel qui vous octroie cette faculté de ton et d'action pour exiger du président la mise en fin de fonction d'un ministre de la république ? Ne vous êtes pas ainsi situé en pleine entorse de la Constitution qui confère au président seul le droit de nommer et dégommer les membres du gouvernement ? Pourquoi, comme un juge se croyant divin rassuré et serein, vous résolvez que le nationaliste est uniquement celui qui se range derrière votre opinion ? Eh ben, je ne le suis pas. Par contre je suis Algérien, j'ai ma carte biométrique, je vote, je vénère les martyrs, je fais le carême, j'aime tamazight. Votre ministre est votre fantasme, je n'ai rien pour m ?en mêler.

Votre rôle tel celui d'un savant n'est pas de commenter le monde mais d'agir sur ses éléments juridiquement fondateurs. Vous êtes la loi, sinon vous la faites. Faites-nous en celles qui requièrent bonheur social et rendez-nous tous heureux, avec nos divergences et nos pluralités.

Je croyais en refusant de comprendre que chez vous le péché, le délit, l'hostilité, est à pêcher dans tout verbe débité a contrario de vos multiples vérités. C'est vous dire que l'école n'est pas un ministre mais une nation, pas un livre mais une pépinière. Qu'une ministre comme un député va et vient et que le nationalisme est là debout, eternel, passionnant et buriné dans chacune des parois de tout Algérien. Amitiés nationalistes.