Au moment
où Ouyahia jure par tous les saints que la planche à
billets va sauver l'Algérie de la faillite et s'enorgueillit sur la tribune de
l'APN du fait que le pays ne s'est pas agenouillé encore une fois devant le
F.M.I., des députés de l'opposition crient au scandale et s'interrogent où sont
les 1000 milliards de dollars dépensés dans les plans de relance économique.
Spectateur, le peuple ne comprend rien à ce cirque politique ! De la chanson de
la cigale à la sagesse de la fourmi, nos officiels ont, semble-t-il, perdu le
nord dans un océan de contradictions. Une planche à billets pour un pays qui ne
produit presque rien ? Une planche à billets pour des rentiers qui n'ont rien à
voir avec la notion de la gestion ? Une planche à billets pour une machine de
corruption hyperactive ? Une planche à billets pour une administration qui pue
des relents de bureaucratie ? On aimerait bien imaginer la suite. Il ne suffit
pas de répéter aux masses sur un ton faussement nationaliste et à coups de «hamdoullah» que, voilà, la nation restera toujours
souveraine et ne courbera jamais l'échine grâce à cette «panacée universelle»,
faite maison, pour convaincre du bien-fondé de sa démarche. Car la réalité est
beaucoup plus profonde que cela. Elle est surtout affaire de calculs et de
prospectives d'avenir. Nourrir un peuple de 40 millions d'habitants, lui donner
de l'espoir et ouvrir de nouvelles perspectives pour cette jeunesse avide de
changement n'est pas une question de quelques phrases de langue de bois
tricotées devant l'assemblée du peuple, comme Ouyahia
tend à nous le faire admettre, mais un plan économique et stratégique durable
qui s'étale sur des années, voire des décennies, dans la continuité des
politiques précédentes. Autrement dit, si un moteur d'une voiture s'arrête un
jour à cause d'une panne dans la boîte à vitesse ou dans la plaquette de freins
qu'on n'aurait pas tenté de réparer à temps, sans doute le problème va se
compliquer davantage et toucher d'autres pièces. Ainsi, les coûts de réparation
du véhicule augmenteront nécessairement. L'Algérie est ce moteur-là dont les
pièces sont défectueuses et que nos autocrates ont laissé longtemps
malheureusement en l'état, occupés qu'ils sont par le gaspillage de la rente
pétrolière. C'est pourquoi il est urgent de revoir de fond en comble toute
notre stratégie économique et ne pas se laisser séduire par des solutions de
facilité de ce genre qui nous coûteront après très cher. A moins qu'on soit
attirés par l'exemple du Venezuela (pays qui a eu recours à ce système) où l'hyperinflation
aurait obligé le peuple à sortir dans la rue à cause de la cherté de la vie, ou
du Zimbabwe où le citoyen a besoin d'une brouette de billets pour une baguette
de pain ! Bref, on a besoin de faire tourner un peu nos neurones pour éviter le
pire.