Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'ONM se démarque du panel

par Kharroubi Habib

Dimanche, l'instance nationale de dialogue et de médiation présidée par l'ancien président de l'APN Karim Younes a rendu public, à l'issue d'une réunion qu'elle a tenue ce jour, un communiqué par lequel elle a annoncé la création d'une commission de travail ainsi que d'un comité des sages composé de personnalités nationales et experts ayant répondu à l'appel qu'elle a lancé. Le surprenant est qu'elle n'a pas dévoilé les identités de ces personnalités et experts qui l'auraient rejointe. Ce qui fait se montrer dubitatifs les observateurs ayant pris connaissance de son communiqué et qui plutôt que cette avancée qu'il est censé officialiser s'attendaient qu'avec la multiplication des avanies infligées à cette commission, Karim Younes et ses collègues étaient plus près de jeter l'éponge que de convaincre d'autres acteurs politiques et sociétaux à les rejoindre. Ils sont d'autant confortés à ne voir qu'un effet d'annonce de la part de la dite commission que les seules réactions à son communiqué ont été pour mettre en doute ce qu'il a rendu public ou comme l'ont fait l'Association des oulémas algériens et l'Organisation des moudjahidine (ONM) pour infirmer par avance qu'elles auraient répondu favorablement à son appel. S'agissant de cette dernière, son secrétaire général par intérim Mohand Ouamar Benhadj ne s'est pas contenté d'être critique à l'égard de la commission de dialogue et de médiation coordonnée par Karim Younes, il lui a en outre prédit l'échec en faisant valoir qu'elle est plombée par le « péché » d'avoir été désignée par une seule partie : le pouvoir.

De toutes les organisations qui ont été des piliers du système et du régime dont le mouvement populaire réclame le départ chaque vendredi, l'ONM a été la première à accorder à celui-ci son soutien franc et à appeler le pouvoir à faire droit à ses revendications sur la question du dialogue qualifié par son secrétaire général de « moyen vertueux de dépasser la crise ». L'ONM a encore une fois pris le parti du mouvement populaire qui rejette la forme que le pouvoir veut donner à ce dialogue et dans laquelle s'inscrit à l'évidence la commission Karim Younes.

Plus que toute autre, la prise de position de l'ONM a dû faire éructer l'homme fort du pouvoir, le justement moudjahid Gaïd Salah, car elle le prive de l'arme « fatale » de la trahison de la révolution armée et de l'intérêt suprême de la patrie qu'il dégaine contre les adversaires et opposants de la feuille de route unilatérale qu'il veut leur imposer au nom de l'institution militaire. Dans sa fuite en avant, le chef d'état-major ira-t-il jusqu'à qualifier de trahison les positions de l'ONM ? Ce qui est sûr est que celle-ci a mis une pression à haute charge symbolique sur le pouvoir de fait qu'il incarne.