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Qui fait que dans la Ghouta le couloir humanitaire est désert ?

par Kharoubi Habib

Le fait que le couloir humanitaire vers la Ghouta orientale tenue par les groupes armés anti-régime mis en place par les autorités syriennes et les Russes reste désespérément vide, ne suscite aucun questionnement par les médias occidentaux sur le pourquoi il ne se trouverait pas parmi les quatre cent mille malheureux civils en détresse absolue qui peuplent l'enclave quelques-uns à avoir résolu de l'emprunter pour fuir l'enfer qu'ils vivent. Pourtant cela a été le cas pour une poignée d'entre eux dont la tentative a été mortellement avortée par le déluge d'obus et de tirs de snipers qui les ont pris pour cibles.

De cette tentative avortée l'on ne peut qu'en déduire que les civils pris au piège dans la Ghouta orientale n'ont pas leur libre arbitre. Ce que l'OSDH et les autres sources «syriennes» auxquelles les médias occidentaux se réfèrent pour leurs relations de ce qui se passe dans la Ghouta cachent à ces derniers est cette réalité que les groupes armés font régner la terreur sur la population civile et exercent sur elle un contrôle qu'elle ne peut déjouer et qu'elle est de ce fait leur otage voué à leur servir de bouclier humain devant l'inexorable avancée de l'offensive terrestre des forces gouvernementales.

En se taisant sur cette prise d'otage de la population civile par ces groupes armés qu'ils savent être l'arme utilisée par eux et en ne mettant en avant que le « non-respect » par le régime de la trêve humanitaire décrétée par le Conseil de sécurité des Nations unies, les médias occidentaux sont plus que dans le parti pris. Ils contribuent à renforcer le crédit de la fiction d'une totale entente et solidarité entre la population de la Ghouta et ces groupes armés. En agissant de la sorte, ils démontrent qu'ils sont au service du scénario que les puissances étrangères anti-régime cherchent à vouloir la mise en scène dans la Ghouta orientale. Celui qui consisterait à force de pressions conjuguant la menace d'une intervention militaire et l'obligation impérieuse de répondre à une situation humanitaire devenue tragique à obtenir des autorités de Damas qu'elles arrêtent l'offensive de leurs forces armées et s'en tiennent au statu quo qui a régné dans l'enclave avant le déclenchement de celle-ci.

Un statu quo qui exclut par conséquent la proposition russe d'une évacuation négociée des combattants des groupes armés et la possibilité laissée à la population civile de rester dans la zone ou de la quitter pour où elle veut. Les autorités de Damas dont la capitale est sous le feu permanent et destructeur ne peuvent souscrire à un tel arrangement qui les priverait en fait de la possibilité désormais entrevue par elles de mettre un terme à la menace mortifère à laquelle Damas est exposée depuis que les groupes armés ont occupé la Ghouta orientale.

Les médias occidentaux sont constants dans le rôle qu'ils jouent depuis le début du conflit syrien : celui de diaboliser en toute circonstance et sous tous les angles Bachar El Assad et son régime et de taire ou d'encenser, selon le cas, les exploits de ceux que l'on a armés contre eux. Leur conscience n'est nullement mise à mal et pourquoi le serait-elle après qu'ils ont entendu un « grand » ministre déclamer que ces groupes armés font du bon « boulot » en Syrie même quand ils égorgent, pillent, détruisent et utilisent les civils comme bouclier humain.