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La «hikma» citoyenne

par Kharroubi Habib

Hier mercredi, le calme est revenu dans les villes et localités des wilayate de Béjaïa, Bouira et Boumerdès qui ont vécu de chauds moments marqués par de violentes émeutes ayant donné lieu à de condamnables scènes de vandalisme, saccage et pillage ayant eu indistinctement pour cibles des édifices publics et des biens privés.

Les commerçants dont la grève de protestation contre les hausses de taxes prévues par la loi de finances 2017 est à l'origine du mouvement de colère populaire ayant dérapé en de violentes émeutes, ont en majorité repris leurs activités et contribué ainsi au retour progressif de la vie normale en ces villes et localités. Le questionnement demeure cependant sur le pourquoi une grève de protestation voulue pacifique par ses initiateurs a tourné à l'émeute et à la destruction.

Il est un fait établi, celui que les débordements qui se sont produits dans le sillage de la grève des commerçants n'ont rien eu de spontané. Ceci a été attesté par différentes sources ayant vécu les évènements qui se sont produits. Toutes affirment leur absolue certitude qu'il y a eu manipulation en l'occurrence mais divergent sur qui en a été le maître de l'œuvre. Le ministre de l'Intérieur qui partage leur certitude l'a imputé à des parties internes qu'il s'est toutefois gardé d'identifier clairement. Des acteurs politiques et de la société civile ont eux pointé du doigt le pouvoir qu'ils soupçonnent d'avoir voulu créer une situation à même de désamorcer le mouvement de contestation qui enfle contre le tour de vis social opéré par les dispositions de la loi de finances 2017.

Quels que soient ceux qui ont été derrière la tentative de soulèvement populaire au prétexte du ras-le-bol des citoyens las d'être pressurés, ils ont échoué et cela grâce à la « hikma » dont ont fait montre ces citoyens. Là où la protesta sociale a viré à l'émeute, aux affrontements violents et au saccage et pillage, elle a suscité l'indignation de la population et sa mobilisation pour que cela cesse. Cette réaction populaire fait chaud au cœur car révélatrice du haut degré de conscience politique des Algériens qui leur permet de déceler les mauvais desseins de ceux qui cherchent à les impliquer dans d'aventureuses voies.

Il a été établi que les commerçants récalcitrants à suivre le mot d'ordre de grève lancé par des acteurs masqués ont fait l'objet de menaces par des groupes de personnes agissant à l'évidence de façon coordonnée et orchestrée. Ce qui est la preuve de la mise en œuvre d'une opération n'ayant pas fait place à la spontanéité. Toute la lumière doit être faite sur les tenants et aboutissants des évènements qui ont secoué les villes et localités de plusieurs wilayate du pays. Que ceux qui savent qui sont derrière parlent mais sans détour, y compris les autorités qui prétendent les connaître. Faute de quoi la situation que ces wilayate ont vécue risque de pousser ceux qui l'ont provoquée à récidiver ailleurs car confortés par le mur du silence protégeant leur anonymat.