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Transparence

par Mahdi Boukhalfa

La candidature du président à l'élection de 2019 commence à se dessiner et prendre forme. Après la sortie du SG du FLN, qui a officiellement demandé à M. Bouteflika de se porter candidat pour un 5ème mandat, le président a effectué dimanche une visite de travail très remarquée à Alger dans une ambiance de campagne électorale. Suffisant pour que certains y voient des signes d'une éventuelle candidature pour un 5ème mandat. Un des hommes du président, Abdelkader Messahel, n'a pas manqué de revenir sur le sujet dans un entretien avec Le Monde dans lequel il affirme que c'est bien «le président Bouteflika qui dirige le pays». Quand on lui pose la question qu'il «paraît affaibli», le chef de la diplomatie algérienne répond, sans se perturber, qu'il «n'a pas paru affaibli» et qu'il «a été à la rencontre de son peuple». Messahel ajoutera que «c'est lui qui décidera s'il souhaite être candidat et c'est le peuple qui tranchera».

C'est en somme tout le dispositif de préparation de la candidature du président pour un dernier mandat, selon la nouvelle Constitution, qui se met doucement en place. Trois éléments importants qui font accréditer la très probable candidature du président pour l'élection de 2019. D'autant qu'aucun signe ou des vents contraires ne sont venus infirmer cette éventualité que l'opposition redoute, peut-être plus du fait des conditions matérielles et humaines de l'organisation et la tenue des scrutins dans notre pays que de cette candidature en elle-même. Tous les scrutins qui se sont déroulés depuis trois décennies, avec l'arrivée du multipartisme, ont été entachés, selon les partis d'opposition, d'irrégularités. Aucune consultation populaire ne s'est déroulée sans que l'opposition ne crie «au scandale» et dénonce des «élections truquées». Vrai ou faux, le fait est que des pratiques électorales illégales ont été signalées par les organes chargés du contrôle des élections.

Le bourrage des urnes, cependant, n'est plus une fatalité que redouterait l'opposition, mais bien plus une candidature, la dernière, du président Bouteflika, car elle signifie qu'il n'y aura pas d'alternative politique au moins pour les cinq prochaines années. D'autant que le vote électronique, le seul moyen démocratique de transparence des élections, n'est pas prévu avant au moins 2021. Soit bien après l'échéance de 2019. C'est la limpide conclusion de la rencontre régionale organisée en fin de semaine par la Haute instance indépendante de surveillance des élections législatives (HIISE). La sentence de la HIISE est claire: pour aller vers une élection transparente, sans fraude ni dépassements, il faut impérativement aller vers un vote électronique. En attendant donc la mise en place de ce système adopté depuis quelques années dans les pays développés, il faudrait peut-être pour l'opposition prendre son mal en patience.

Y a-t-il lieu d'espérer une transparence pour la présidentielle de 2019 ? Une interrogation qui se construit dans les états-majors des partis d'opposition, actuellement sur la défensive après que le FLN a dévoilé son candidat. D'autant que techniquement le vote électronique n'est pas possible avant les trois années à venir. Un des cadres du ministère de l'Intérieur l'avait affirmé ces derniers jours : la carte de vote électronique ne sera pas prête pour 2019. «Il n'est pas possible de la délivrer pour 2019, ce sera pour 2021». Une sentence qui fait broyer du noir au sein de l'opposition qui a toujours plaidé pour la transparence des élections. Faut-il espérer cet état politique idéal et plus démocratique pour l'après 2019 ? Il y a des raisons solides de l'espérer. Car, entre-temps, au ministère de l'Intérieur on affirme qu'«on ne peut avoir la carte de vote biométrique pour 2019, car l'opération de délivrance des CIN biométriques (carte d'identité nationale) ne sera pas achevée avant 2021». Un argument massue du ministère de l'Intérieur. Convaincant ?