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LE VOTE, LES ABSTENTIONS ET L'AUTRE GRAND DECOMPTE

par Abdou BENABBOU

Dans la forme, les bas résultats du référendum sur la Constitution, par leur taux d'abstention significatif, ont prouvé que la majorité des Algériens ont la tête ailleurs et que les textes à sacraliser sont très loin de leurs préoccupations immédiates. Dans le fond, l'erreur serait de déduire que la large masse populaire s'est dorénavant inscrite dans une farouche opposition contre la marche pénible du pays et qu'elle a totalement tourné le dos aux différentes dispositions que lui a offertes un pouvoir souvent décrié, mais dont elle a profité dans une large mesure. Dans une démarche déraisonnée et entraînante vers le tout gratuit, elle n'a jamais boudé le soutien des prix, ni les logements offerts même s'il lui est arrivé d'obstruer les routes et fermer ou saccager des mairies.

Il faut se l'avouer, ses colères n'étaient pas animées par le désir de voir instaurer une juste gouvernance telle qu'elle est réclamée par la légitime conscience rodée par l'exercice politique, mais se manifestaient surtout par une volonté de partage quel qu'en soit le prix à payer par les générations à venir. La rente a été une aubaine assez perverse pour fructifier une complicité subjective entre gouvernants et gouvernés vers des intérêts communs inscrits dans l'immédiateté.

Cependant, malgré la remarquable désertion des électeurs, l'important gain tiré de ce référendum est sans conteste l'absence des bourrages des urnes auxquels le peuple algérien s'était habitué et plié. Ainsi, l'issue de ce vote très particulier, avec ses lots de questionnements incandescents a la faveur de souligner qu'une voie nouvelle est à tracer. Qu'on le veuille ou non, une des importantes promesses de Tebboune vient d'être consommée.

Un autre décompte plus large et plus conséquent est imposé à tous en ce premier novembre. Dans la situation actuelle, sérieusement malmenée par une pandémie catastrophique et ruineuse en tous points de vue, et par une maladie présidentielle dont on ne connaît ni la nature ni la durée, il est devenu obligatoire d'enfin savoir accorder pour trouver la bonne voie à emprunter.