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Le prix UNESCO-Sharjah co-récompense aujourd'hui l'Algérien Mustapha Cherif et l'Arab British Centre

par Lola Gazounaud, A Londres

Le prix international qui promeut les valeurs de la diversité, récompense chaque année deux personnalités ou deux institutions. L'occasion d'une petite visite culturelle dans le « Londres arabe »

Cette année, le prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe est algéro-britannique. Encore une fois car ce n'est pas une première pour l'Algérie, déjà honorée en 2005 par l'institution onusienne. C'était alors le journaliste et romancier Tahar Ouettar (1936-2010), fervent défenseur de la langue arabe, qui recevait cet hommage.

En 2013, c'est au tour de Mustapha Chérif. Le grand penseur algérien et membre fondateur du Groupe d'Amitié Islamo-Chrétienne vient en effet d'être récompensé pour son travail en faveur de la promotion de la culture arabo-musulmane et du dialogue inter-religieux notamment.

En revanche, c'est une première pour le Royaume-Uni qui abrite dans la City de Londres l'Arab British Centre, co-vainqueur du prix Sharjah et première organisation à être primée. Une cour élégante à l'écart de la frénésie de Fleet street, artère bouillonnante réputée pour avoir hébergé pendant longtemps le fleuron de la presse britannique, une façade d'immeuble aux briques rouges comme il en existe tant à Londres, une sonnette d'entrée... Et nous y sommes. La culture arabe au cœur de la capitale britannique a son écrin. Lieu modeste et chaleureux, l'Arab British Centre, créé en 1977 par d'anciens diplomates britanniques dans le but de promouvoir une meilleure compréhension du monde arabe, est animé par une équipe aussi réduite que dynamique.

C'est incontestablement une porte ouverte sur le monde arabe, avec une réelle volonté d'être accessible à une majorité de visiteurs. Un des grands succès de l'année 2012 : le festival Safar, un voyage à travers le cinéma populaire arabe, réalisé en partenariat avec Dubaï International Film Festival. Voyage au cours duquel, l'on pouvait découvrir la merveilleuse Soad Hosni dans Khalli balak min Zouzou ou encore l'hilarant Adel Imam dans Al irhab w-al Kebab. Tous en version originale, certains de ces films cultes dans le monde arabe étaient diffusés pour la première fois sur un grand écran britannique.  

Imogen Ware est chef des programmes au sein du Centre. Jeune diplômée britannique en langue arabe à l'université d'Oxford, elle explique le succès de ce festival : «depuis quatre ou cinq ans, nous avons remarqué un intérêt croissant à l'égard du monde arabe, les gens sont curieux, intrigués et veulent comprendre cette culture». Et de préciser: «l'art et la culture sont des moyens plus humains et plus beaux pour faire découvrir cet autre univers; d'autant que le public est fatigué des discours politiques et religieux concernant le monde arabe, discours négatifs répétés à outrance».

Il semblerait en effet que la capitale britannique soit friande de culture arabe depuis quelques années et notamment de son art contemporain. A l'image du festival Shubbak, lancé par le maire de la ville Boris Johnson en juillet 2011, et qui expose les créations d'une centaine d'artistes arabes aux quatre coins de la ville, accompagnés de salons littéraires, conférences, représentations de théâtre et de danse et de projections. Tout un programme qui, avec le concours de l'Arab British Centre, devrait ré-enchanter les rues londoniennes cet été.

Et, non-contente de ce succès estival, Londres accueille également à la venue de l'automne le festival Nour of Arts, dont l'Arab British Centre est un partenaire majeur. Un événement qui a lieu dans divers établissements culturels londoniens. Une occasion de découvrir des créations pluriculturelles du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, dans les domaines littéraire, cinématographique, musical ou encore du design. Que nous réserve le festival en septembre prochain? Il nous faut nous armer de patience pour en savoir davantage.

En attendant, la 11ème cérémonie de remise du prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe aura lieu aujourd'hui en soirée, au siège de l'UNESCO à Paris, en présence de Mme Irina Bokova Directrice générale de l'institution. A cette occasion, une réflexion autour de la «place de la culture arabe dans le monde de demain» sera proposée et animée par diverses personnalités dont Sheikha Bodour bint Sultan Al Qassimi, fille de l'émir de Sharjah. Une réflexion à laquelle le Royaume-Uni semble déjà bien préparée.

En effet, cet engouement britannique pour la culture arabe devrait se poursuivre en grande pompe, sous le signe du projet Qatar-Uk 2013, coréalisé par le British Council et le Qatar Museum Authority. Sont au programme, une série d'évènements afin de favoriser une compréhension mutuelle des deux populations et de leurs traditions et promouvoir un partenariat toujours plus riche entre les deux pays. Arts, science, sport, éducation sont autant de thématiques parmi d'autres qui seront au rendez-vous, à la croisée des cultures. Belle perspective pour l'année 2013. A suivre.  

Le Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe

Créé en 2001 sous l'impulsion du gouvernement de l'Emirat de Sharjah et de Son Altesse le Sheikh Sultan bin Mohammad Al-Qassimi, le prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe commémore la désignation de la ville de Sharjah en tant que Capitale culturelle de la région arabe en 1998.

En accord avec les principes de l'UNESCO en faveur de la promotion de la diversité culturelle, ce prix récompense tous les ans deux personnalités (ou institutions), l'une originaire du Moyen-Orient ou de l'Afrique du Nord; l'autre d'une autre région du monde, qui, par leur travail, ont contribué à faire rayonner l'art et la culture arabes et ont favorisé un dialogue interculturel créatif.



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