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I have a dream !

par Farouk Zahi

Décidément, le Pasteur Martin Luther King aura inspiré, par son immortel «songe», plus d'un. Si Obama, à quelques heures de son investiture, en fait une référence symbolique, un signal fort en direction de ses congénères, les autres rêveurs sont inconvenants par leur perception du conflit israélo-palestinien.

Les Arabes en sont lamentablement dessaisis, Charm El Cheikh faisant tout, pour faire oublier la glorieuse El Kahira (Le Caire de Nasser). Faut-il rappeler encore que les Palestiniens sont les seuls à présent, à être confrontés à la machine de guerre sioniste ? Le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique promet de se consacrer, dès sa prise de fonctions, au conflit qui se déroule au Proche-Orient. Il promet de faire pression sur Israël et les Palestiniens. Si pour les premiers nommés, cette déclaration devient une profession de foi; pour les seconds, elle est nulle et non avenue, s'agissant d'un problème de spoliation donc de colonisation qui dure depuis soixante ans. Et de quel genre serait cette pression sur une population rendue exsangue sous l'indifférence internationale, notamment européenne. Que peut-on demander de plus à un peuple qui a cédé plus des ¾ de sa terre natale, sous la plus abjecte violence qui puisse s'exercer sur l'être humain, de la Haganah de Bégin aux chasseurs bombardiers de Barak. Et qu'on ne vienne pas nous dire que le dernier sommet de la troïka européenne, sous la houlette de Sarkozy et de Moubarak, avait pour but de ramener la paix dans une région où le déni des droits palestiniens est consommé et de manière sanglante. Cette initiative n'avait pour seul but que de ranimer une UPM moribonde à sa naissance. Et là aussi, il est permis de dire : I have dream, Ban ki Moon, qui devait être aux premières loges, est « abrité » à côté de Mahmoud Abbas à la parodie égyptienne qui n'a rien obtenu d'Olmert. Ce sont Ivni et Rice qui ont convenu de la trêve, Seydi Errais ! Le reste c'est du pipeau !

Votre « pax méditerranéa » ne sera pas durable Mr Sarkozy ! Bien avant vous, un des vos aînés avait proposé « La paix des Braves », à un certain peuple colonisé. La suite est connue de tous et surtout par ceux, encore vivants, à qui elle a été proposée. Vous vouliez éviter à ceux qui seraient vos coreligionnaires, un verdict de l'Histoire qui a condamné à jamais, les auteurs des Ouradour sur Glane (Ici : le temps est resté figé pour que tu t'en souviennes) et autres charniers. Par votre déplacement à Jérusalem, vous conforter, ipso facto, Israël sur ses prétentions sur la ville éternelle. Quant au torpilleur du Sommet de Doha, il a choisi son camp (David). L'obole financière qu'il perçoit, lui permet encore de museler le valeureux peuple égyptien... mais ce n'est que momentané. Daniel Shek, ambassadeur d'Israël, interpellé par des journalistes sur le projet de forces d'interposition internationales sur « le couloir de Philadelphie » profusément bombardé, semblait peu concerné par la problématique. Il rappelle, sans vergogne, que cette ligne frontalière sépare Ghaza de l'Egypte, et non pas de son «pays». Dans ce cas, pourquoi les F16 du Tashal mènent-ils des raids sur cette partie du territoire ghazaoui ? Le Hamas serait, selon « l'illustre » diplomate, une bande de gamins à qui, il faudrait enlever la possibilités d'avoir des jouets (armes) entre les mains. Il considère que les ultimes tirs de roquettes sur les colonies relèvent beaucoup plus de l'enfantillage que d'autre chose ! Vos « jeux » d'adultes, Mr Shek, ont fait tout de même près de 1.300 morts et 7.000 blessés, dont une partie ne survivra pas aux amputations de membres qui, après suture, se rouvriront, rendant tout acte médical réparateur inopérant.

La maxime : « Jésus et Karl Marx étaient juifs, mais les Juifs se sont payés le luxe de ne suivre ni l'un ni l'autre » de Peter Ustinov, est à ce propos plus que jamais d'actualité. Il faut cependant nuancer, une immense partie de la diaspora juive a dénoncé en son temps, la création d'un Etat théocratique sous la conduite de David Ben Gourion et Golda Meyer qui, comble de la félonie, étaient tous deux athés notoires. C'est ainsi qu'en 1948 déjà, Albert Einstein et un groupe d'intellectuels juifs saisissaient le « New York Time », sur les risques que ferait encourir à l'humanité, le nouvel Etat d'inspiration nazie, s'il venait à être créé.

Leila Shahid, déléguée de l'Autorité palestienne auprès de l'Union européenne, égale à elle-même, laïque par conviction, ne s'empêche pas de descendre G.W.Bush en flamme. Monsieur « va-t-en guerre » (dixit : Shahid) est l'artisan de tous les foyers de tension dans le monde. Son discours sur le clash des civilisations est l'une des causes majeures de cette opposition entre Juifs et Musulmans, Chrétiens et Musulmans. Elle n'a pas tort en ce qui concerne le président américain sortant. Il vient d'ailleurs de recevoir le plus grand camouflet de la très catholique Amérique Latine : Hugo Chavez et son confrère bolivien de souche amérindienne ont vite compris que la guerre que mène Israël est une guerre d'extinction ethnique, tout comme celle menée depuis le 16è siècle par les Conquistadors d'hier et d'aujourd'hui. Mme Shahid ne s'arrêtera pas en si bon chemin dans son réquisitoire contre « la tête à chaussures » : la mandature de Bush a été plus sanglante que celles de ses prédécesseurs. Son concept de guerre préventive a généré plus de conflits armés que de coexistence pacifique. Le pseudo choc des religions a pris le pas sur la raison et vous Européens, s'adressant aux journalistes, vous en payez actuellement le prix. Les communautés qui vivaient jusque-là en bonne intelligence, s'entredéchirent en s'attaquant aux synagogues pour les uns et aux mosquées pour les autres. Comment veut-on que les musulmans du monde ne réagissent pas, quand Israël bombarde un lieu de culte, sous le fallacieux argument que cette mosquée est un repaire de combattants du Hamas ou du Djihad islamique ? Rappelez-vous que lors des législatives qui ont porté ce parti au pouvoir et quand le Fatah refusait de reconnaître les résultats du scrutin, c'est vous Européens qui nous avez rappelés à l'ordre et enjoint de respecter le jeu démocratique. Monsieur l'ambassadeur d'Israël affirme sans ciller, que ce n'est pas son « pays » qui a qualifié le Hamas d'organisation terroriste, mais bien la communauté internationale ! Pourquoi nous reproche-t-on, et à nous seuls, de faire des victimes parmi les civils, alors qu'en Irak et en Afghanistan, il en tombe plus qu'à Ghaza ? Plus cynique tu meures ! Le reproche à l'Union européenne semble être le seul point d'accord entre le Likoud et le Fatah. Mme Shahid enfonce le clou en affirmant que nous (le Fatah) n'avons rien offert aux Palestiniens depuis Oslo. Les atermoiements d'Israël, depuis le début du processus en 1993, ont « jeté » les Palestiniens, même ceux qui croyaient aux vertus du dialogue, dans les bras du Hamas. Non seulement nous n'avons pas obtenu le démantèlement des colonies, au contraire leur nombre a augmenté en Cisjordanie, les check-points sont toujours là, un mur de 8 mètres de haut et un blocus strangulant en sus ! En ce qui concerne un Etat palestinien pour 1999, chimère s'il en était, vous constaterez qu'il n'en est rien après dix ans de louvoiements. Reconnaîtrez-vous, Monsieur l'ambassadeur, le Hamas après la tragédie que vient de subir la population de Ghaza ? Dans le cadre d'un gouvernement d'union nationale, rien n'empêche les dirigeants israéliens de reprendre langue avec les Palestiniens. Voyez par vous-même à Jenine, les choses ont énormément changé, il y a un effort de développement qu'on ne voit nulle part ailleurs. Façon de dire laissez-nous les massacrer, ensuite ils auront le droit à du travail pour la survie. Il faut que le Hamas évolue tout comme le Fatah, et là les garanties d'une paix durable seront réunies. Rendez-vous compte que les colonies ont subi pendant 8 ans les tirs des roquettes, sans que la communauté internationale ne bronche ! Mais là, les forces en présence sont disproportionnées, fait remarquer un journaliste. Mais que veut dire proportion ? Réplique «son excellence», lui qui ne se gêne pas d'utiliser les armes les plus sophistiquées contre des civils sous prétexte que les combattants du Hamas s'incrustent à l'intérieur de la population. L'on se demande d'où viendraient ces combattants, si ce n'est pas de cette même population mise sous pression constante ? Mme Shahid, connue pour sa « répulsion pour les combattants islamistes », qualifie l'attaque de Ghaza, de « déroute » militaire israélienne. Cette agression surarmée, en dépit de son déluge de feu, n'a pu éliminer que deux dirigeants du Hamas, ce qui peut être qualifié de piètre résultat pour la quatrième puissance militaire au monde. Après le carnage pratiqué depuis plus de trois semaines sous l'expectative de la communauté internationale, voilà que celle-ci se bouscule au portillon de Rafah pour l'aide humanitaire. Même l'agresseur s'y met avec une clinique de campagne aux portes de Ghaza, pour y soigner les blessés. Au moment où le peuple américain se remémorait « le célèbre rêve », Ghaza, elle, vivait le cauchemar.