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Obésité infantile: Une bombe sanitaire à retardement

par M. Aziza

L'augmentation alarmante de l'obésité infantile en Algérie fait craindre une véritable bombe à retardement sanitaire.

Invité hier, sur les ondes de la radio nationale «Alger chaîne 3», le Professeur Samia Zekri, professeure en médecine interne, experte en diabétologie auprès du ministère de la Santé, est revenue sur les résultats de l'étude menée par l'Institut national de santé publique publiée en janvier 2025. Cette dernière a révélé que près de 13,4% des enfants âgés de 5 à 11 ans sont déjà en situation d'obésité. Un chiffre qui nous interpelle, selon la spécialiste, car ces enfants courent un risque élevé de conserver leur excès de poids à l'âge adulte.

Tout en mettant en garde contre cet état de fait, la Pr affirme que « si rien n'est fait dès maintenant particulièrement par la famille, pour corriger cette trajectoire, ces enfants deviendront les diabétiques de demain ».

En tirant la sonnette d'alarme sur le fait que la progression de l'obésité infantile pourrait, dans quelques années, provoquer une explosion des cas de diabète de type 2.

Sachant d'emblée, dit-elle, que pour l'Algérie, les chiffres sont déjà alarmants à l'instar d'autres pays dans le monde, révélant qu'« une étude menée entre 2016 et 2017 indiquait une prévalence du diabète de 14,4% chez les personnes âgées de 18 à 69 ans.

Mais la Fédération internationale du diabète a révélé en 2018 une progression inquiétante, portant cette prévalence à 17,5%, soit environ 4,7 millions d'Algériens touchés ».

Le Pr Zekri a précisé que le diabète le plus fréquent dans le pays est celui de type 2 et ce dernier est « intimement associé à l'obésité. En mettant le doigt sur l'obésité androïde, celle qui se concentre au niveau abdominal, qui est particulièrement dangereuse.

Le Pr rappelle qu'en Algérie, une société de lutte contre l'obésité a d'ailleurs été créée afin de dépister le surpoids et de prévenir le passage au pré-diabète.

L'invité de la radio nationale a appelé à un retour au bon sens alimentaire en privilégiant le régime riche en produits frais et locaux, et en s'éloignant des aliments ultra-transformés et de la restauration rapide. Affirmant que la responsabilité ne repose pas uniquement sur les familles, elle a appelé les responsables de l'industrie agro-alimentaire de prendre leurs responsabilités. Soulignant que malgré la réduction officielle du taux de sucre dans les produits, les boissons restent excessivement sucrées, parfois compensées par des édulcorants soupçonnés d'être cancérigènes. En indiquant que ces derniers « entretiennent une dépendance au goût sucré ».

Le Pr Zekri conclut que « la lutte contre le diabète en Algérie doit être globale et collective. Elle implique les médecins, les autorités, les industriels, les éducateurs, mais aussi chaque citoyen ».

Pour elle, ce duo (obésité et diabète) n'est pas une fatalité. « Avec une prise de conscience nationale et des gestes simples (alimentation équilibrée, activité physique régulière, réduction du sucre), l'Algérie peut inverser la donne ».