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Le BP 2025, projets à livrer et à lancer, le vieux bâti...: L'APW inaugure son nouveau siège par une session pleine d'annonces

par Houari Saaïdia

La 3ème session ordinaire 2024 fera date dans l'histoire de l'APW d'Oran. Dans la forme et dans le fond. D'abord, parce qu'elle a eu pour cadre un nouveau chez-soi, un siège neuf en propriété exclusive. Ensuite, parce qu'elle a réuni tous les présidents qui se sont succédé à la tête de cette Assemblée élue, dans ce qui semblait être un double message de reconnaissance et de continuité.

Deux en un : une inauguration dans une session. Et inversement. En optant pour un acte inaugural réduit à sa plus simple expression en termes de solennités, et ce par une entrée en matière directe et sans préliminaires festifs et cérémoniaux, l'Assemblée délibérante élue présidée par Mohamed Chalabi aura fait montre d'un sens de formalisme et d'esprit pratique. Pas de levée de cache-plaque d'inauguration, pas de coupée du ruban avec du folklorique tout autour, quand bien même l'acquis est de taille… Le substantiel et l'essentiel auront été les maîtres-mots de cette session-inauguration ayant eu pour cadre et objet à la fois le nouveau siège de l'APW, boulevard Millenium 2. Dans son allocution de bienvenue, le président de l'Assemblée a tenu à « rendre à César ce qui appartient à César », en soulignant « le rôle prépondérant qu'a eu le wali Saïd Sayoud dans la relance de ce projet qui était en grosse souffrance depuis plus de dix ans ».

« Cet équipement que nous inaugurons aujourd'hui, a-t-il dit, n'est qu'un échantillon d'un immense lot de vieux projets qui étaient à l'agonie mais qui ont été réanimés, revivifiés et menés à bout par l'actuel wali assis à mes côtés ». Dans le grand hall, une pancarte résume l'historique et les caractéristiques techniques de l'ouvrage.

UN JOYAU ARCHITECTURAL R+5

D'une surface totale de terrain de 8.480 m² avec une emprise au sol de 2.892 m², cet édifice en R+5 à moitié vitré est d'un design architectural pour le moins captivant, qui ajoute à ce boulevard administratif flambant neuf une plus-value paysagère certaine. Spacieuse, avec une capacité de 800 places assises, sous forme d'un hémicycle qui rappelle jovialement le fameux hémicycle de la wilaya où se tenaient jusque-là les sessions APW, la grande salle de délibération en configuration d'amphithéâtre peut aussi faire office d'espace pour conférences, colloques et séminaires, avec un balcon en arc réservé à la presse, aux représentants de la société civile et autres invités, et une grande scène équipée d'une régie son et lumière et de matériel de télévision et vidéo-projection. Au 1er étage, un grand restaurant et un espace club. Au 2ème, des bureaux pour les commissions permanentes de l'APW et une salle de prière. Au 3ème et au 4ème, des cabinets également pour les autres services et commissions internes. Le niveau le plus supérieur, quant à lui, abrite les bureaux du président et des vice-présidents de l'APW. Un vrai plan de relance a été mis en œuvre dès 2022, à coups de rallonges financières et de multiplication d'entreprises et sous-traitants, pour booster le chantier qui a été parachevé en un temps record, pour une enveloppe globale finale de 1,54 milliard de DA.

L'INTERVENTION COURTE MAIS RICHE EN INFOS DU WALI

Après la lecture de l'ordre du jour par le P/APW, parole au wali comme le veulent les règles d'usage. D'entrée, Saïd Sayoud a voulu descendre du piédestal -au sens figuré s'entend- sur lequel l'avait mis peu auparavant le président de l'Assemblée pour se mettre sur un même pied d'égalité que « tout un chacun ayant apporté sa pierre à l'édifice » quant au mérite lié à cette réalisation. Le wali a tenu dans son avant-propos à situer à grand trait le contexte politique national dans lequel se tient cette première session APW post-élection présidentielle, qui a donné lieu à la reconduction « logique et toute méritée » de Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême du pays. Non sans positionner cette dernière session de l'année qui s'achève par rapport au référentiel de la scène d'actualité locale, avec comme dernier fait majeur en date : « le dégel de bon nombre de projets qui étaient à l'arrêt pour manque de finances ou pour des raisons techniques et, bien mieux, leur réception et entrée en service déjà effective ». « Il ne nous reste que deux projets à parachever : l'Institut de recherche en cancer qui sera livré début 2025 et le nouvel hôpital anti-cancer.

INSTITUT DU CANCER ET EXTENSION DU TRAM

Pour l'institut en question, comme il s'agit d'une institution de dimension nationale (avec deux annexes à Alger et Constantine) dédiée exclusivement à la recherche en cancer, un grand effort est consenti pour la mise en place d'un panel d'experts chercheurs. Après quoi, Oran disposera d'un Pôle médical d'excellence », s'est réjouit le wali. Il a fait savoir, par ailleurs, que l'année 2025 connaîtra le lancement du projet d'extension du tramway sur les deux lignes USTO-Belgaïd (Pôle universitaire) sur un tronçon de 16 km et Université d'Es-Sénia-Aéroport international Ahmed Ben Bella sur 4 km. La réalisation d'une extension de la ligne de tramway à partir de Haï Es-Sabah vers la zone urbaine de Belgaïd où se trouvent le village olympique, l'Université et le Complexe sportif, permettra indéniablement de désenclaver toute cette zone Est d'Oran et d'améliorer les déplacements et la mobilité. La deuxième extension portant sur la réalisation d'un nouveau tronçon de ligne à partir de l'Université d'Es-Sénia vers l'aérogare internationale Ahmed Ben Bella d'Es-Sénia aura à coup sûr un impact considérable au bénéfice des voyageurs et des visiteurs de la ville.

RENOUVELLEMENT-DÉMOLITION DU VIEUX BÂTI : UN DILEMME ET UN DÉFI

Mais pour Saïd Sayoud, « le vrai défi reste toutefois le grand chantier de la réhabilitation de l'ancien centre-ville et de la restructuration du périmètre Planteurs-Ras El Aïn, avec tout ce que cela suppose en termes de RHP et partant en termes de relogement-reconstruction ». Un challenge, à mi-parcours entre le projet et la gageure doit-on dire, qui revient tel un leitmotiv dans les déclarations du wali, au gré des circonstances et des tribunes. Avec en toile de fond ces questionnements légitimes : toute nouvelle substitution du bâti est ainsi corrélée à cette interrogation : peut-on modifier, recomposer tous les anciens quartiers de la ville d'Oran ou certaines de ses parties sans « oser » la démolition ? Celle-ci est-elle inévitable ? Dans quels cas peut-elle être admise ? Quelles parties de la ville peuvent être vouées à la démolition, quelles autres devront être conservées ? L'acte radical qu'est la démolition est ainsi précédé de ce dilemme entre, d'une part, les tenants d'une sauvegarde, parfois jugée passéiste et à laquelle certains préféreront une conservation empreinte d'authenticité et, d'autre part, des arguments en faveur d'une destruction souvent décriée et perçue comme un gâchis, voire, de façon plus passionnée, un acte de vandalisme et qui interrogent l'homme dans son rapport au patrimoine et à l'acte d'édifier. Ces interrogations sont d'autant plus pertinentes et légitimes dans une ville algérienne en mutation comme Oran, exposée, d'une part, à une rareté du foncier libre, rendant caduque l'implantation de nouveaux programmes, et souffrant, d'autre part, des conséquences de choix politiques sans cesse remis en cause et où l'espace a été maintes fois retourné.

UN BP 2025 de 500 MILLIARDS DONT 70% POUR LE FONCTIONNEMENT

Tout de suite après l'allocution du chef de l'Exécutif, c'est le dossier principal de l'ordre du jour : le budget préliminaire (BP) 2025. Avec en présentateur, le Directeur de l'administration locale (DAL) de la wilaya. Et comme il fallait s'y attendre, ce projet est passé comme une lettre à la poste. C'est-à-dire sans le moindre petit débat, ne serait-ce que de forme. D'une consistance de près de 5 milliards de DA, le BP de l'année qui pointe son nez est à hauteur de 70% pour la gestion-fonctionnement contre 30% (seulement) pour l'investissement-équipement, soit un déséquilibre assez fort qui est cependant « justifiable » au regard de nombreuses données liées au modèle gestionnaire et économique de nos collectivités locales, de manière générale. Il faut noter que le taux de prélèvement est de l'ordre de 32%, les coupes budgétaires s'élevant à 2,4 milliards de DA. Le gros du budget provient des recettes fiscales, 3,5 MDA. Les revenus générés par les biens de la wilaya représentent 14 millions de DA et ceux engrangés au titre des ressources diverses sont d'un demi-million de DA. Le FCCL concourt à ce BP 2025 par la couverture d'une partie de la masse salariale par 80% de la subvention financière de l'année 2024 et la compensation de la moins-value fiscale par 50% de la subvention de 2024.

VENTE AUX ENCHÈRES DE VÉHICULES ET DE MATÉRIEL RÉFORMÉS

La section équipement-investissement est dotée d'un montant budgétaire de 2.2 MDA, répartis sur 8 chapitres. A savoir : équipements administratifs (124 millions de DA), chemins de wilaya (333 millions de DA), voies et réseaux divers (211 millions de DA), équipements scolaires, culturels et sportifs (183 millions de DA), logements et équipements (74 millions de DA), programmes pour tierces parties, notamment les communes (369 millions de DA), opérations hors-programme (954 millions de DA). Un point additif a été inclus à l'ordre du jour, l'approbation d'une proposition relative à la vente aux enchères publiques de véhicules et de matériels réformés pour l'assainissement des parcs roulants et des dépôts de la wilaya afin de soulager la trésorerie locale des charges, devenues lourdes et superflues au fil des années, liées à la réparation, la maintenance et l'entreposage. Le premier lot concerne des véhicules de service, détériorés et hors d'usage, quant au deuxième lot, il consiste en un matériel de bureautique et autres équipements bric-à-brac.

DES HOMMAGES ET DES RECONNAISSANCES

Par ailleurs, il a été procédé, comme le stipule le code de la wilaya, au remplacement par délibération du défunt élu Aït Merrar Nedjadi par l'élu Baghdad Belhadj Abdelmadjid. L'audience a été marquée au lever du rideau par un vibrant hommage rendu au défunt élu, où une minute de silence a été observée à la mémoire de cet homme. Une cérémonie a été également tenue en l'honneur des anciens présidents -tous invités à l'Assemblée générale de la session- qui se sont relayés à la tête de l'Assemblée populaire élue d'Oran, et ce en signe de reconnaissance pour leur dévouement et leurs loyaux services rendus à la ville d'Oran et aux citoyens oranais au travers de cette instance représentative élue.